Alimentation du cheval par temps froid

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Omega

Nous dès qu’il fait froid, nous sortons le pot-au-feu, la tartiflette et l’Irish coffee, toutes nourritures qui font qu’après, lorsqu’on sort dehors, on ne sent même plus le froid tellement on se prend pour une chaudière à vapeur.

Mais notre cheval, lui, il reste avec sa nourriture habituelle… et en plus l’herbe est gelée…

Si la baisse des températures a été progressive et que le cheval a eu le temps de s’y habituer, il peut descendre sans problèmes jusqu’à –15 °C. Par contre, un coup de froid brusque alors que l’animal est toujours en poil d’été posera des problèmes à partir de + 5°C.

Essayons d’estimer maintenant l’alimentation nécessaire pour apporter à votre cheval de quoi « se chauffer ».

Lorsque votre cheval digère un aliment, puis l’utilise, il fait « tourner la machine » de son organisme. Et tout le monde sait qu’un moteur qui tourne, il chauffe. Cela s’appelle en termes zootechniques de l’extra-chaleur. C’est en fait la chaleur dégagée pour l’utilisation par l’animal de sa ration pour vivre, bouger, grandir, produire du muscle, du lait et même du « poulain » dans le cas d’une jument gestante.

Cette extra-chaleur se dégage et donc chauffe l’animal. Elle peut d’ailleurs poser des problèmes en conditions chaudes. Mais dans notre cas, elle est utile.

Évidemment, plus un cheval mange, plus il produit d’extra chaleur. Si un cheval est à 1,3 fois son niveau d’entretien, parce que c’est une jument gestante par exemple, il produira 39 % de plus d’extra chaleur… donc il aura moins facilement froid.

Mais ce qui compte aussi c’est la forme de l’apport énergétique. Si vous apportez de l’énergie par les céréales, donc sous forme d’amidon, la digestion va se faire dans l’intestin grêle et donner du glucose qui va être directement utilisable. C’est une voie très efficace… peu de pertes… donc peu de production de chaleur.

Mais si vous apportez de l’énergie par un foin. La source sera la cellulose qui sera dégradée beaucoup plus tard, dans le gros intestin via la flore. C’est une dégradation donnera non du glucose mais des acides gras volatils qui seront utilisés par la suite moins efficacement que le glucose… voie moins efficace… plus de pertes… donc plus de production d’extra-chaleur.

La différence n’est pas négligeable. La production de chaleur est de 10 à 20 % plus élevée avec une ration à base de fourrage qu’avec une ration mixte (fourrage + céréales).

Donc si le temps est froid, le foin à volonté est souvent une première mesure facile et efficace.

Et maintenant pour les fondus des chiffres (et oui, cela existe… ) un petit calcul de la dépense supplémentaire due au froid pour des chevaux en plein air intégral.

Cheval de compétition de 500 kg, moyennement habitué au froid travail modéré tondu.

Un cheval de compétition a tout son organisme orienté vers la production de travail et de ce fait, il est moins efficace pour la production de chaleur. Par rapport à un cheval normal, la différence est de 1 à 2 degrés.

Température basse critique : - 5 ° + 2 ° (pour le côté compétition) + 5 ° pour la tonte = + 2 °C

Dépense énergétique d’entretien : 4,1 UFC

+ Dépense énergétique pour le travail : 3,7 UFC

L’augmentation de la dépense liée au froid peut être estimée à 1,5 % de l’entretien pour les 5 premiers degrés et 2,5 % de l’entretien pour les degrés suivants :

Soit jusqu’à – 3° : 0,06 UFC par degré

Ensuite : 0,1 UFC par degré

Ce qui veut dire que pour une température moyenne de – 8°, il faudra à un tel cheval :

Dépense énergétique d’entretien : 4,1 UFC

+ Dépense énergétique pour le travail : 3,7 UFC

+ Jusqu’à – 3 ° : 0,06 x 5 = 0,3 UFC

- Jusqu’à – 8 ° : 0,1 x 2 = 0,5 UFC

Soit un total de 8,6 UFC au lieu des 7,8 UFC habituelles (soit 10 % de plus sur le besoin total).

Cela représente quand même pas loin de 2 kg de foin ou de 1 kg de concentré supplémentaires. Ce n’est pas négligeable.

Si votre cheval a déjà un apport conséquent en amidon, c’est là qu’un apport d’énergie sous forme de graisse peut s’avérer payant.

Catherine Kaeffer

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Cheval en hiver. Techniques d'élevage (R). Tous droits réservés

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