Punir un animal

Je vous disais, il n'y a pas si longtemps, qu'il fallait adapter la friandise et la récompense à l'animal, qu'on ne donne pas la même à un chat, à un chien... et plus encore à votre chien ou à celui de votre voisin.

Cette spécificité dans les récompenses ne fait aucun doute... et si on étendait cette notion aux punitions ?

Pour être efficace une punition doit être claire, ferme sans être brutale, traumatisante ou perçue comme injuste. J'ai bien écrit perçue comme injuste... Une tape sur le nez peut être injuste, un soufflement dans le museau, un frôlement des naseaux peuvent aussi paraître injuste aux yeux de l'animal. C'est une question de contexte et de passé.

La bonne punition, c'est donc un subtil mélange de fermeté, de douceur et de communication !

Un animal « brute » nécessitera une punition « brute », mais on veillera à toujours faire un peu moins brutal que ce que l'animal ferait, on reste ainsi juste. Mais attention, si un animal est brute 90 % de son temps et que pour une fois, il est doux comme un agneau, ne lui « en collez pas une » car il est souvent brute. Sachez juger l'instant (et non pas le passé) et faire en fonction de cet instant.

Votre punition ne doit pas arriver comme « un cheveu sur la soupe », elle doit être naturelle et vous correspondre à vous et à votre animal, à un instant donné. La punition décalée dans le temps ou dans la proportion entraîne le plus souvent une perte de confiance.

Petite anecdote avec commentaires en italiques :

« Une petite jument a la manie de « mordiller » tout ce qui arrive. On travaille un exercice secret qui l'oblige à être calme dans sa tête, à faire confiance, à canaliser son énergie débordante et à être concentrée. Bref, à être disciplinée dans la décontraction.

L'exercice est dur, cela lui demande beaucoup d'effort. Il arrive un moment où elle se déconcentre et elle fait une bêtise...

Je lui tourne le dos en croisant les bras, le regard vers le sol. A cet instant, je refuse la poursuite de la communication, du dressage et du jeu, c'est la punition !

La petite jument réclame mon attention, en me poussant gentiment, je « chouine ». Elle vient sur ma gauche, je tourne la tête, elle passe à droite, je me tourne, elle revient à gauche, je me tourne dans l'autre sens... Ici, je poursuis ma punition pour qu'elle ait le temps de la comprendre. Sans aucune violence, j'exprime ma déception. Le but est de lui laisser le temps d'assimiler pourquoi je suis fâchée.

Elle s'arrête derrière moi, immobile. Au bout d'un instant, je me retourne. La jument est là, tête basse, elle a l'air toute penaude.

Je lui présente à nouveau l'exercice, vite, elle redresse la tête et fait l'exercice plus concentrée que jamais. Elle a sa pomme. » Ici, j'ai utilisé une double récompense. J'ai repris la communication car elle avait compris qu'il y avait une erreur dans sa réponse précédente, puis j'ai récompensé la réponse correcte à l'exercice.

Un point très important est que certains animaux se révoltent contre une punition, pas forcément parce qu'elle est trop dure, mais parce qu'ils n'ont pas compris leur erreur. Il faut alors avoir des punitions qui laissent à l'animal le temps de réfléchir (c'est typiquement le type d'animaux qui détestent les baffes car c'est une punition trop brève pour leur laisser le temps d'analyser) et qui donc peut être maintenue sans violence. C'est aussi le cas des animaux qui ont l'habitude des « sautes d'humeurs » et qui considèrent les baffes ou petites tapes comme telles.

Avec une bonne punition, on peut gagner la confiance d'un animal et l'aider à progresser. La récompense seule est souvent insuffisante pour les exercices délicats, qui demandent de la précision.

C'est comme dans les principes biologiques complexes. Il y a toujours un activateur et un inhibiteur !

Et je vous laisse, sans vous révéler l'exercice secret... mais je suis sûre que vous avez une idée ! ;)

A bientôt

Anne