Céréales germées et des fourrages hydroponiques : Composition chimique

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Omega

Les céréales germées sont présentées comme la panacée de l’alimentation équine notamment à grand renfort d’envolées lyriques sur le réveil de la vie. Mais lorsqu’on sort des convictions personnelles et de la poésie, quels sont les avantages et les inconvénients de ce procédé ? Techniques d'élevage fait le point.

Méthode de germination

Le gain est d’abord mis à tremper pendant 24 heures, puis égoutté dans un bac perforé pendant 48 heures avant d’être étalé dans des plateaux de germination où l’orge germe pendant 2 à 6 jours avant d’être distribué. A 6 jours, le coléoptile mesure une dizaine de centimètres de long.

Valeur nutritive

1 kg d’orge donne 5,84 kg d’orge germée à 6 jours. Évidemment, le grain ayant absorbé l’eau pour germer, la teneur en eau de l’orge germée est beaucoup plus importante (11,5 % de matière sèche) que celle de l’orge en grain (89 % de matière sèche).

De ce fait la germination se traduit par une perte de l’ordre de 20-25 % de la matière sèche, c’est-à-dire des éléments nutritifs ce qui est normal puisque la plantule a utilisé les réserves du grain pour ses propres synthèses. Un grain, c’est fait pour ça…

Durant la germination, la composition chimique du produit évolue. L’amidon du grain est transformé en sucres solubles employés par la plantule pour sa respiration et pour la synthèse de ses tissus. La teneur en cellulose augmente donc de façon très importante. Les teneurs en cendres et en matières azotées augmentent mais il ne s’agit pas d’une augmentation de quantité mais simplement de l’effet relatif de la disparition des autres constituants.

Je vous mets les tableaux de données de l’article de Demarquilly (1987) parce qu’il est assez difficile à trouver.

 

Extrait aqueux

Glucides solubles

Amidon

N Total

N soluble

NS/NT

Orge

12,5

4,4

59,8

2,14

0,41

19,2

Après égouttage

14,9

5,6

58,6

2,13

0,43

20,2

Germination 1 jour

10,9

8,3

49,1

2,18

0,53

24,3

Germination 2 jours

30,5

12,9

48,2

2,22

0,67

30,2

Germination 3jours

38,8

15,6

39,8

2,29

0,88

38,4

Germination 4 jours

46,0

16,5

33,7

2,43

0,92

37,9

Germination 5 jours

37,0

12,9

24,0

2,68

1,23

45,9

Glucides solubles, amidon, azote total et soluble exprimés en % de la matière sèche.

L’augmentation de la proportion d’azote soluble traduit la protéolyse des protéines de l’endosperme avec libération d’acides aminés libres dont certains (notamment l’acide glutamique et la proline) servent de source azotée pour la synthèse des acides aminés de l’embryon.

Certains préconisent de distribuer le grain dès la fin de l’égouttage. Pourquoi pas mais à ce moment là, on ne peut plus vraiment parler de céréales germées mais plutôt d’un barbotage. Plus on attend et on laisse se développer la plantule plus on s’oriente vers un fourrage hydroponique.

En grammes pour 100 g de matière sèche initiale :

 

Orge

Orge germée

Bilan (%)

Matière sèche

100

75

75,0

Cendres

1,98

1,95

98,5

Matières azotées

13,32

12,71

95,4

Cellulose brute

4,23

8,06

190,6

Énergie brute (kcal)

4488

3592

80,0

Remarque :

Il est très difficile de comparer les chiffres céréale brute contre céréale germée car tout dépend de la base du raisonnement :

On peut dire : je prends un kg de céréales, je le fais germer et je compare ce que j’ai obtenu (donc dans cette étude, 5,8 kg de produit) avec ce que j’avais en termes de quantité de tel ou tel nutriment. C’est ce que Demarquilly fait dans le tableau ci-dessus. Cela met l’accent sur le processus germinatif en lui-même.

On peut aussi dire : je prends 1 kg de céréale brute et 1 kg de céréale germée et je compare les deux en termes d’apport à l’animal. 

On peut aussi dire : je prends 1 kg de matière sèche de céréale brute (teneur en matière sèche de l’ordre de 86 %) et je le compare à 1 kg de matière sèche de céréale germée (teneur en matière sèche de l’ordre de 15-20 %). Là, on ramène à la matière sèche… moins intuitif mais plus correct en terme de raisonnement car en fonction des quantités d’eau apportées plus ou moins importantes, la teneur en matière sèche fluctue largement d’une préparation à l’autre. C’est ce que fait Demarquilly dans le premier tableau. Là on se positionne en terme de nutrition animale.

Enfin, on peut faire comme cette éleveuse qui donnait un seau de céréale aplatie à ses agnelles et qui donne maintenant 1 seau de céréale germée… là on ajoute encore le facteur volume occupé… autant dire que c’est à peine plus précis que la lecture dans le marc de café par une nuit sans lune.

Et puis, fleurissent sur Internet des tas de chiffres où tout simplement le mode d’expression, les unités ne sont pas indiquées… cela confine alors à la « Pravda ».

Alors que faut-il en penser ? Promis, juré, un nouvel article va paraître avec les utilisations possibles de ce type de produits.

Catherine Kaeffer

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MAJ septembre 2023

Cheval de compétition (CCE). Techniques d'élevage (R) Tous droits réservés

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