Gestion du comportement agressif : exemple pratique de la morsure par un cheval
La gestion du comportement agressif se fait non seulement « sur le coup » mais également sur le long terme. Nous allons voir dans cet exemple, la gestion d'un comportement agressif (la morsure) chez un cheval.
Les chevaux sont des animaux sensibles qui échangent en permanence avec leur environnement. La morsure fait partie des comportements « normaux » de cette espèce mais elle n'est pas fréquente et exprime un excès d'émotion négative.
Cela ne signifie pas que toute morsure est une agression. Néanmoins, pour qu'un cheval en arrive à cette extrémité, il faut « le pousser à bout » mentalement ou physiquement. On veillera d'ailleurs sur ce point à distinguer la morsure du toilettage ou du jeu.
La morsure chez le cheval est un comportement de défense, d'éducation, d'agression...
Les dégâts provoqués par une morsure ne sont pas négligeables et l'ignorance seule ne peut constituer une réaction satisfaisante sur le long terme.
Prenons donc un exemple pratique.
Vous travaillez un cheval sur un exercice qui nécessite de la concentration. Vous motivez votre cheval et essayez de l'amener à réaliser cet exercice malgré les difficultés qu'il rencontre.
Le cheval commence alors à s'agacer de votre insistance. Il n'arrive pas à faire l'exercice, se décourage et vous exprime son mal-être en se crispant. Le muscle de la mâchoire se contracte, la queue fouaille, les dents grincent... mais vous continuez d'insister car vous estimez l'exercice important ou parce que vous n'avez pas fait attention au changement d'attitude du cheval.
La tension monte, si bien que le cheval « explose » et devient agressif. Il cherche alors à vous mordre.
Votre réaction se composera de deux variantes proches. Vous vous mettrez en sécurité et/ou vous aurez une réponse agressive pour « remettre le cheval à sa place ». Cette réaction n'est pas contrôlable et on ne cherchera d'ailleurs pas à la contrôler dans une perspective de dressage. Elle correspond à votre façon de réagir, à votre caractère, à la situation...
A ce stade, si on voulait schématiser les choses, vous avez demandé quelque chose, votre cheval vous a dit « merde ! » et vous lui avez répondu « ferme-la ! » ou « je n'ai rien entendu ». Un échange musclé qui est délétère si on en reste là.
A cet instant, on pourra vous conseiller de faire regretter son action au cheval : demandes jusqu'à ce qu'il se « soumette », réplique avec force (coups, voix forte...)... mais ce faisant, on ne fera que « monter les enchères » car si votre cheval avait le sentiment que vous ne l'écoutiez pas, vous allez le lui confirmer en un tour de main. En d'autres termes, vous lui dites non seulement « ferme-la » mais « je n'en ai rien à faire de ce que tu me dis ».
On a tous les ingrédients de l'escalade de la violence... une escalade que vous ne pourrez que perdre. Soit, parce que vous n'avez pas les moyens ou la technique de dire « merde » plus fort que votre cheval, soit, parce que votre cheval en conclura que vous êtes injuste et incapable.
En fait, tout le problème vient que l'on confond, dans cette « technique » préconisée, la réaction instantanée (celle qui est individuelle et qui pourrait se résumer en « ferme-la ! » ou « je n'ai rien entendu ») avec une technique de dressage ou d'éducation. Cette réaction que l'on vous conseillera est un conseil de survie... certains vont fuir, d'autres affronter. Ce n'est pas une méthode éducative, d'ailleurs vous n'apprendrez rien au cheval : il sait déjà que vous ne l'écoutez pas puisque c'est cette attitude qui l'a mené à la révolte.
Reprenons donc notre exemple.
Votre cheval a explosé et vous a mordu. Vous avez soit esquivé, soit répliqué jusqu'à obtenir un « silence ». Chacun reprend ses esprits et c'est là qu'une méthode éducative peut entrer en jeu.
Cette méthode a deux facettes.
La première vous concerne car si on en est arrivé là c'est par manque de communication. Donc, on respire, on se tient à l'écoute de son cheval et on cherche les signes annonciateurs de cette tension qui monte. Tout cela implique que vous devez être capable d'être à l'écoute... n'hésitez donc pas à prendre une pause ou à reporter l'enseignement à plus tard si vous n'êtes pas en état.
La deuxième concerne le cheval. Celui-ci doit apprendre à vous dire ce qu'il pense sans vous agresser. Pour cela vous allez rectifier le moindre signe agressif et montrer que vous avez entendu son désaccord dès lors qu'il va commencer à l'exprimer.
Cela ne veut pas dire que vous allez cesser l'exercice qui pose soucis mais que vous allez adapter votre communication pour faire redescendre la tension à chaque fois qu'elle monte.
Imaginons que le premier signe de désaccord chez notre cheval est une crispation de la mâchoire. Dès que vous l'aurez détectée, vous allez montrer que vous l'avez perçue.
Vous demandez l'exercice, la mâchoire se crispe, vous diminuez légèrement vos exigences. Le muscle se détend, vous félicitez. Vous réaugmentez la « pression », le muscle se contracte, vous encouragez et vous vous tendez, la queue fouaille, vous en avez trop demandé, vous faites une pause pour laisser le temps à la pression de retomber. Vous reprenez l'exercice, le cheval se tend, la mâchoire se crispe, vous maintenez la demande sans insister et en rassurant le cheval, le muscle se détend, vous félicitez, l'exercice est réussi, vous félicitez...
Votre cheval explose et vous mord à nouveau ? Vous lui répondez avec autant d'énergie et de fermeté qu'à la première morsure. Il est inutile de « monter le ton » car le but du cheval « se faire entendre » ne pourra être atteint par cette façon de communiquer. Votre cheval aura donc tout intérêt à crisper sa mâchoire ou à fouailler de la queue, plutôt qu'à mordre. Moins d'énergie dépensée, un résultat plus rapide et moins contraignant, votre cheval aura vite fait le calcul. Mais pour cela, il faut que vous restiez ferme sur vos positions et que vous n'en bougiez pas.
Avec le temps, le cheval ayant un nouveau moyen de communiquer, il va le privilégier, ce qui vous permettra d'affiner les circonstances du « blocage » et éventuellement de détecter un problème physique, une douleur...
Anne Anta
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