Un foin à volonté ou un foin en libre-service ?
Il existe une ambiguïté sur l’expression courante « foin à volonté ».
En effet, beaucoup de personnes la comprennent comme le cheval mange du foin quand il le décide. Autrement dit, il a une réserve dans laquelle il mange pendant un certain temps et non pas une distribution du foin sous forme de « repas » où on donne une petite quantité à chaque fois rythmant ainsi l’ingestion du cheval.
Il a donc son foin « à volonté » puisque c’est lui qui décide quand il veut le manger.
Mais « à volonté » sur un plan nutritionnel désigne une autre situation. C’est le classique « ad libitum » des publications agronomiques et scientifiques.
Un aliment est ad libitum ou à volonté lorsque l’animal peut en manger autant qu’il souhaite (et non pas quand il souhaite).
Mais il faut compter avec le fait que l’animal trie toujours un peu et donc qu’il y a des refus « normaux ». Il faut donc vérifier que l’animal a délaissé l’aliment parce qu’il n’avait plus faim et non pas parce que cette partie-là ne lui paraissait pas acceptable.
Prenons un cheval au box au foin. Il faut pour qu’il puisse être considéré comme « à volonté » qu’il reste au moins 10 % de la distribution précédente lorsque vous arrivez les bras chargés de la suivante. Et évidemment avec un foin de qualité correcte car s’il y a des bouts moisis, cela ne compte pas.
Donc par définition, un cheval qui finit son foin, fusse 10 minutes avant votre arrivée n’est pas à volonté. Il a un foin en quantité limitée.
Le cas du cheval au pâturage auquel on laisse un round à disposition est encore plus pernicieux.
Au fur et à mesure que le cheval mange, choisissant les meilleurs morceaux, s’accumulent des zones du fourrage moins appétentes. Au bout de 2-3 jours voire moins, il n’y a plus qu’elles sur le devant. Si le cheval peut « détruire » le round, il va l’ouvrir et accéder aux zones plus belles. Si le round est dans un râtelier où ce n’est pas possible, alors, il faudra que le propriétaire retire les parties souillées ou moins belles.
S’il ne le fait pas, le cheval ne peut plus être considéré comme à volonté alors même qu’il est en libre service.
Avec certains râteliers, au fur et à mesure que le round devient plus petit, l’accès au foin devient plus difficile pour le cheval. Là encore on a une limitation de l’ingestion.
Souvent, pour éviter le gaspillage, on attend que tout soit vraiment bien consommé avant de mettre le nouveau round. Dans ce cas, sur les 1 à 3 derniers jours (en fonction du nombre de chevaux), les chevaux ne sont plus à volonté mais avec une quantité qui va se restreignant. Comme la qualité fait de même, cela signifie que les chevaux alternent périodes de pléthore et périodes de restriction ce qui est très mauvais pour son transit. Si on pousse le principe jusqu’au bout, on peut même arriver à une situation délétère où le cheval est forcé de consommer des plantes qu’il délaisserait ou des zones abîmées… bonjour les problèmes digestifs.
Et je ne vous parle pas des cas où le remplissage des râteliers se fait un jour fixe. Si en cas de froid par exemple, les chevaux consomment davantage, ils vont avoir parfois une journée sans rien voire plus. Évidemment au fil du temps, les chevaux se goinfrent d’autant plus quand arrive le nouveau foin qu’ils ont faim et qu’ils savent qu’ils peuvent en manquer… un certain nombre de problèmes pathologiques dont on cherche vainement l’origine prennent leur source ici.
A noter qu’en cas de distribution au round au pâturage, il faut ajouter au taux normal de pertes de 10 % une quantité variable de foin souillé, piétiné, qui est devenu inconsommable. On peut arriver ainsi à 30 % de non consommé.
Catherine Kaeffer
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