L’alimentation du poney de sport de l’élevage à la compétition : Le poney de compétition
Alimenter un poney de sport peut s’avérer finalement plus délicat que pour un cheval. En effet, le poney est moins lourd et le poids est un des éléments qui conditionne les besoins énergétiques : moins un animal est lourd, moins il a besoin d’énergie pour faire tourner son organisme. A l’effort, il lui faut aussi moins d’énergie pour parcourir la même distance. En outre, le poney est « rustique » autrement dit, il est plus efficace qu’un cheval dans l’utilisation de l’énergie des aliments d’environ 16 %. « Il grossit en suçant des cailloux. »
La première conséquence est qu’il est dangereux d’utiliser les préconisations ou les tables « cheval » pour un poney même en faisant une correction pour le poids.
Or, les aliments industriels sont généralement prévus pour le cheval type de 500 kg. Lorsqu’on les utilise pour un poney, on doit logiquement en donner nettement moins du fait de sa plus faible dépense énergétique qui est en grande partie couverte par un apport de foin ou d’herbe. L’aliment intervient comme un plus, souvent nécessaire à un bon niveau de compétition, mais toujours donné en quantité limitée et parfois symbolique.
C’est effectivement la meilleure façon d’éviter un engraissement du poney préjudiciable à sa santé : on diminue l’apport d’énergie en diminuant la quantité d’aliment. Mais évidemment, si on divise la quantité d’aliment par 3 par exemple, on diminue du même coup l’apport en protéines via cet aliment par 3. De même, on diminue par 3 l’apport en minéraux et en vitamines. Pour les protéines, ce n’est généralement pas gênant car le fourrage s’il est de bonne qualité est bien pourvu et que le poney adulte, même sportif, est relativement peu exigeant sur ce point. Par contre, pour les minéraux, cela peut poser de graves problèmes.
Les besoins sont généralement couverts pour les macro-minéraux comme le calcium, le phosphore ou le magnésium. Par contre, les carences en oligo-éléments sont régulières du fait des compositions des aliments (voir graphique) y compris sur des poneys recevant un aliment industriel supplémenté, pour les raisons déjà évoquées (aliment non conçu pour des poneys, quantités faibles). Ainsi les risques de carence en cuivre sont très élevés entraînant des anémies (donc une mauvaise oxygénation du muscle) et une mauvaise qualité de corne (le cuivre intervient dans la formation de la kératine). On rencontre aussi très souvent des carences en zinc avec une augmentation de la sensibilité aux infections, des problèmes de qualité de corne, des problèmes de mue, de cicatrisation et des troubles osseux. Dans certaines régions, du fait du type de sol, on rencontre beaucoup de carences en sélénium, qui a un rôle particulièrement important dans la contraction musculaire. Pour les régions éloignées de la mer, pensez aux carences en iode (mais attention aux apports d’algues qui pourraient très facilement vous apporter un excès d’iode toxique). A noter que la carence en fer, si fréquente chez l’homme est quasi inconnue chez le cheval. Une supplémentation irraisonnée peut par contre assez facilement entraîner une surcharge en fer et paradoxalement une anémie (par blocage du cuivre) qui pourrait amener à donner encore plus de fer et à entrer dans un cercle vicieux.
La difficulté avec les carences en minéraux est qu’elles ne sont pas directement observables. Un manque d’apport énergétique se voit facilement parce que le poney maigrit. Par contre, une carence en sélénium par exemple peut perdurer pendant des années à bas bruit, entraînant simplement un poney un peu mou (mais on l’a toujours connu comme cela), qui s’essouffle facilement (il n’a pas assez d’entraînement) et qui a tendance à faire des myosites. Pour le sélénium, la prise de sang avec ionogramme permettra de mettre en évidence l’origine du problème, ce qui n’est pas forcément le cas pour d’autres minéraux mieux régulés au niveau sanguin par l’organisme.
L’alimentation d’un poney de sport dont on attend des performances sur le terrain doit donc comporter une part suffisante de fourrages, être ajustée au niveau énergétique et forcément comporter un AMV (Aliment Minéral Vitaminé encore souvent appelé par l’ancienne dénomination de CMV : Complément Minéral Vitaminé). Ces minéraux doivent être amenés dans la ration (fut-elle symbolique).
Les autres formes de présentation (seaux de pâture, pierre à lécher) ne sont pas adaptées au poney de sport. Les minéraux n’ayant pas bon goût, ils sont dissimulés dans les seaux de pâture par des aliments plus appétents comme les céréales, les tourteaux ou des aliments sucrés pour que les poneys soient attirés. Cela représente un apport énergétique non négligeable. La régulation des quantités consommées ne se fait pas sur les besoins en minéraux mais bien sur la gourmandise de votre poney. La pierre à sel (blanche ou rose) apporte… du sel et rien d’autre. Les pierres à sel minéralisées sont souvent très mal consommées.
Les principales erreurs alimentaires dans le cas d’un poney de sport
- Un apport en fourrage insuffisant bien que ce problème tend à disparaître car les propriétaires sont de plus en plus sensibilisés sur ce sujet.
- Une alimentation trop riche en énergie. Elle se rencontre surtout sur les poneys à l’entretien. Elle est nettement moins fréquente sur les poneys de sport de bon niveau. Par contre, en cas d’arrêt du travail par blessure ou en fin de saison, il convient d’y faire attention.
- Une surestimation du niveau de travail. L’alimentation d’un poney de sport se raisonne au niveau de la semaine voire du mois. Dans le cas d’un poney travaillant 3-4 fois par semaine, on a tendance à se focaliser sur ces jours-là en oubliant les jours de repos et à alimenter comme s’il avait le même niveau de travail tous les jours. A noter qu’un petit travail à pied d’une demie heure ou une mise en paddock représente une dépense énergétique négligeable au niveau de la journée. Le jour de concours est souvent considéré comme un travail important même si à tout prendre, il a consisté en une détente et une épreuve de quelques minutes ce qui comparé à un travail de mise en muscle à la maison est léger. Évidemment, si le poney enchaîne les parcours et les cross, le travail est nettement plus important.
- Une sous-estimation des besoins en minéraux, très fréquente.
- Une absence de la pierre à sel blanche, toujours indispensable mais encore plus pour le poney de sport qui doit compenser ses pertes via la transpiration.
- Une multiplication des cures, des produits miracles, des compléments de tout type au détriment d’une alimentation simple mais bien conçue.
Catherine Kaeffer
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