Les questions à se poser avant de passer aux vermifuges naturels

Publié le par Anne ANTA. Editions Alpha et Omega

Vous avez envie de passer aux vermifuges naturels en majorité voire ne plus donner de chimique pour gérer le parasitisme de vos chevaux et vous hésitez encore ? Techniques d'élevage fait le point sur les principales questions que vous pouvez vous poser et y répond en toute impartialité.

De quoi on parle ?

Avant tout, il faut prendre le temps de définir les choses. Un vermifuge est un traitement destiné à limiter le parasitisme. Il va, selon ses ingrédients et son mode d'obtention, être classé comme "chimique" ou "naturel".

A ce jour, en France, les vermifuges dits "chimiques" sont délivrés via une ordonnance vétérinaire et ont fait l'objet de tests permettant de délimiter leur efficacité, leurs limites d'utilisation et leurs effets secondaires.

Les vermifuges dits "naturels" ne sont pas considérés comme des médicaments et n'ont, pour certains, pas eu de test permettant de démontrer leur efficacité ou leurs effets secondaires. Pour estimer leur action, certains professionnels se basent sur les effets connus des plantes les composant, sur les remèdes traditionnels et parfois sur les effets connus du mélange chez d'autres espèces. Certains professionnels font également des tests à leur échelle.

Passer aux vermifuges naturels suppose donc de bonnes connaissances dans les plantes, leurs actions, leurs effets secondaires... pour déjà faire un tri entre les allégations commerciales et le probable.

Passer au naturel, est-ce risqué ?

Non, à condition de ne pas le faire n'importe comment.

Passer au naturel ne veut pas dire "se passer du vétérinaire". En effet, si vous choisissez de changer votre mode de gestion, cela implique un suivi rigoureux et régulier pour éviter tout problème et pour intervenir avant que cela ne se complique. Un bilan par votre vétérinaire de l'état de santé et des implications des effets secondaires possibles des produits est également à faire.

Passer au naturel ne se décide pas en cinq minutes, c'est une décision qui doit avoir été prise en vérifiant que vous avez l'ensemble des conditions requises pour gérer en douceur le passage puis le maintien. Vous devez aussi avoir un niveau parasitaire et un troupeau compatible au moment du passage au naturel.

Passer au naturel ne veut pas dire "ne plus rien faire". C'est un amalgame souvent fait et qui peut avoir de lourdes conséquences. En effet, si vous passez au naturel, cela signifie que vous avez acquis les connaissances nécessaires et que vous avez du temps à y consacrer.

Peut-on ne pas avoir de parasite avec le naturel ?

Non, mais rassurez-vous, vous ne pouvez pas prétendre ne plus avoir de parasite avec le chimique non plus. Le "zéro parasite" n'existe pas. D'ailleurs que ce soit en naturel ou en chimique, le vermifuge est une solution de traitement et non une solution de gestion ou de prévention en tant que telle.

Peut-on avoir un parasitisme acceptable avec ce système ?

Le critère "acceptable" est variable en fonction des troupeaux, des conditions de vie, des habitudes et est souvent défini de façon arbitraire par l'humain.

Le critère le plus répandu est que le cheval reste en bonne santé avec un niveau de parasitisme qu'il peut gérer lui-même.

Notons toutefois que même en utilisant des vermifuges chimiques certains systèmes ne seront jamais acceptables sur le plan parasitaire.

Le retrait des crottins est-il nécessaire quand on passe au naturel ?

Le retrait des crottins est une mesure de gestion simple (même si elle n'est pas toujours pratique ou évidente à mettre en place) pour limiter les cycles parasitaires. Elle n'est pas nécessaire au passage au naturel dans certains environnement déjà fort hostiles au parasitisme. C'est néanmoins une mesure qui sera positive que l'on soit au naturel ou non.

Bien que la résistance vis-à-vis des vermifuges dits naturels n'est pas prouvée, les capacités des populations amènent à penser que cela pourrait être possible. De plus, si l'arsenal thérapeutique chimique est limité, le "naturel" est à peine plus vaste d'autant que les mélanges reprennent souvent les mêmes plantes. Il est donc recommandé de pratiquer le retrait des crottins après traitement qu'il soit naturel ou chimique afin d'éviter la formation de résistances.

L'alternance des produits est-elle une pratique valable pour le naturel ?

Oui, à condition que les produits changent réellement. En effet, les ingrédients actifs sur le parasitisme et connus sont peu nombreux, il y a donc souvent les mêmes mélanges. Prenez garde à bien identifier vos besoins en terme de population parasitaire cible pour varier les produits et en garder toute l'efficacité.

Et si je donne un chimique par an, pour assurer, c'est bon ?

Non, ce n'est pas bon et s'il est nécessaire, c'est même très dangereux. Le chimique annuel est une pratique qui peut être à l'origine de graves complications. Ne le faites jamais sans un examen vétérinaire au préalable et sans un suivi sérieux prévu à l'avance. Un vermifuge ne rattrape pas un mauvais système.

Le naturel est-il une solution si j'ai un poulain ?

Le poulain, tout comme le cheval ayant une faiblesse immunitaire, est un individu qui ne maitrise pas sa population parasitaire. La quantité et la composition de la population de parasites internes sont donc régulées uniquement par les entrées et les sorties liées aux cycles et aux conditions de vie.

Un vermifuge même s'il provoque des sorties, ne va pas gérer les entrées, et ce, qu'il soit chimique ou naturel. De plus, contrairement au poulain, le cheval ayant une faiblesse immunitaire ne se voit pas de façon évidente et n'est pas prévisible. La gestion ne doit donc pas seulement s'axer sur le vermifuge et quel que soit votre choix, vous devrez prendre en compte votre environnement pour faire le bon choix.

Pour résumer, quelles sont les conditions nécessaires pour passer au naturel ?

Un environnement et une gestion au quotidien issus d'une réflexion permanente et adaptative des conditions qui vont défavoriser le parasitisme. Ne négligez pas le suivi tant en terme d'analyses de crottins, tests salivaires, scotch-tests... et bien évidemment vétérinaire, pour vous assurer que le système reste équilibré.

Anne ANTA

Découvrez Gérer les parasites avant le vermifuge de votre cheval réalisé par TE.
Pour commander une de nos publications, utilisez l’onglet "Commander un de nos produits" en haut de cette page ou connectez-vous sur notre boutique en ligne.

La garantie de l'expertise, le choix de l'indépendance
MAJ octobre 2021

Tous droits réservés à Techniques d'élevage.

Tous droits réservés à Techniques d'élevage.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :