Traitements naturels et résistance parasitaire

Les produits naturels peuvent limiter la résistance via la diversité thérapeutique, ils ne constituent pas une solution pour éviter tous les phénomènes de sélection parasitaire. Quand les parasites résistent naturellement à ce que l'on peut leur proposer, un article de l'équipe de Techniques d'élevage.

"Prenez un vermifuge ou un antiparasitaire naturel, cela évitera d'avoir des parasites résistants."

Un discours qu'on lit souvent, qu'on entend également et qui s'accompagne d'arguments sur la complexité des ingrédients naturels, sur les méfaits du "chimique" et sur la nature bienveillante dans sa fonction régulatrice.

Ces arguments reposent sur une supériorité de la "nature" face au "parasite". Mais le parasite est une espèce présente naturellement et qui a trouvé un équilibre avec le cheval et son alimentation.

La présence de plantes régulatrices fait partie de ces aléas naturels que le parasite va gérer au niveau de sa population.

Alors, certes, les produits "naturels" sont souvent bien plus dosés que ce que le cheval mangerait de lui-même, les espèces choisies ne sont parfois pas accessibles par le cheval et les préparations de type "huile essentielle" sélectionnent les éléments "actifs" pour en augmenter l'effet.

Pourtant, tout comme un vermifuge "chimique" ne va pas toucher la totalité d'une population parasitaire. Les produits naturels ne vont pas atteindre une partie de la population parasitaire.

Il existe donc une partie des parasites qui ne va pas être impactée ou qui va se remettre après votre traitement naturel. Ces individus vont prospérer et donner un nombre plus important de parasites qui ne seront pas touchés lors d'un traitement ultérieur.

Ce phénomène est d'autant plus marqué que le produit est utilisé sur un temps long ou de manière répétée.

Un antiparasitaire même naturel ne devrait pas être utilisé seul, l'alternance réelle (pas d'ingrédient actif commun) et le raisonnement pour ne traiter qu'en cas de besoin, sur la période la plus courte possible, permettent de ne pas toucher toujours les mêmes individus et de garder la diversité génétique nécessaire.

Mais alors d'où vient l'idée que le naturel évite le phénomène de résistance ? Est-ce totalement faux ?

L'histoire de cette idée commence avec un constat : celui de la sélection des parasites par des vermifuges utilisés trop souvent ou mal utilisés. Les parasites sont devenus progressivement résistants aux molécules contenues dans les vermifuges. Les petits strongles sont devenus les champions de la résistance, mais ils ont été suivis par d'autres populations et les scientifiques, tout comme les vétérinaires, ont cherché une solution pour lutter contre le phénomène de résistance. Ils sont donc retournés voir ce qui fonctionne dans la nature dans le but de trouver d'autres molécules ou d'autres recettes efficaces. Cela donne le discours suivant : on va chercher dans le naturel pour lutter contre le phénomène de résistance, sous-entendu, créé par l'usage intensif et non raisonné que nous avons eu de nos précédentes molécules. Malheureusement, pour aller plus vite ou faire plus simple (et puis parfois par intérêt), certains n'ont retenu que le début de la phrase. Mais ne vous y trompez pas et écoutez bien le raisonnement jusqu'au bout.

Même quand on utilise du naturel, il faut garder à l'esprit qu'un parasite cherchera toujours à survivre et que, pour garder un impact, il faut savoir en user avec modération.

Anne ANTA

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MAJ février 2023