Placentation, immunité du jeune animal et colostrum
Le placenta est l’organe par l’intermédiaire duquel le fœtus emprunte à l’organisme maternel les matériaux dont il a besoin. Pour que la surface d’échange soit importante, l’embryon possède des villosités fortement vascularisées qui s’imbriquent dans des cryptes utérines également fortement vascularisées.
La paroi utérine de la mère est constituée de couches.
- En surface, on trouve un épithélium.
- En dessous de l’épithélium, on trouve un tissu conjonctif.
- À l’intérieur de ce tissu conjonctif, il y a des vaisseaux sanguins.
- Et dans les vaisseaux sanguins, il y a quoi ? Du sang (ça c’est technique !!).
Chacun de ces tissus peut être considéré comme une barrière, comme un filtre entre le sang de la mère et celui du fœtus, qui n’entrent de toutes façons jamais directement en contact.
Or selon l’animal, le placenta est plus ou moins " agressif ".
- Chez la jument ou la truie, le placenta vient juste se coller sur l’épithélium maternel.
- Chez les ruminants, l’épithélium maternel est détruit par le placenta qui vient au contact du tissu conjonctif.
- Chez la chatte, le placenta pénètre jusqu’à la paroi des vaisseaux sanguins.
- Chez les rongeurs et chez la femme, le placenta " bouffe " la paroi des vaisseaux et arrive directement en contact avec le sang maternel.
Vous allez me dire que c’est bien joli mais très théorique. Eh non !
Parce que vous comprendrez bien que plus il y a de filtres, moins les molécules passent facilement ce qui pose des problèmes pour les immunoglobulines qui assurent la défense immunitaire de l’organisme.
Le passage placentaire est donc élevé chez les primates et les rongeurs (>50 % du taux adulte d’IgG), moyen chez le chat et le chien (entre 20 et 50 %), faible chez les chevaux et les ruminants (<10 %).
Or, le jeune mettra plusieurs semaines à faire ses propres défenses immunitaires.
La mère doit donc lui transmettre les siennes pour le protéger en attendant. C’est le colostrum qui assure ce rôle.
Attention, ce qui compte c’est la quantité de colostrum absorbée dans les 48 premières heures et même pendant les 24 premières heures. En effet, la perméabilité de l’intestin du jeune aux immunoglobulines décroît rapidement et disparaît au bout de 48 heures.
Et la nature qui a bien fait les choses a largement pourvu en immunoglobulines le colostrum des ruminants et des chevaux. Le lait des chattes est largement pourvu en IgG alors que celui des chiennes l’est en IgA.
C’est pour ces raisons que si les bébés humains peuvent être élevés totalement au biberon sans inconvénient majeur parce qu’ils ont eu les immunoglobulines via le placenta, c’est un peu plus difficile pour les chiens et les chats et presque impossible pour les ruminants et pour les chevaux.
Mais c’est aussi pour cela que les bébés humains sont très sensibles aux toxiques et aux maladies de la mère, parce que la barrière mère-fœtus est très perméable donc toutes les " cochonneries " peuvent passer.
Et enfin, pour soutenir la cause des femmes (un peu de militantisme, na !), ce n’est pas un hasard si les mamans mettent plus de temps à se remettre de leur accouchement qu’une vache, c’est parce que la séparation entre la mère et le bébé laisse une plaie béante qu’il faut bien refermer (et qui a fait mourir et fait mourir encore tous les jours, des femmes par hémorragie). Alors que pour la vache, c’est une simple séparation de deux tissus accolés.
Autres articles :
Nutrition de la souris allaitante
L'alimentation des souriceaux attention danger !!!
Déterminer le moment du sevrage
Granulés, croquettes et autres bouteilles à l’encre !