Peur : habituation et sensibilisation
Quand quelque chose arrive souvent, on a deux solutions :
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s'y habituer, on n'y fait plus attention.
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s'y sensibiliser, on réagit alors de plus en plus vite, de plus en plus fort.
Pour les animaux, c'est pareil. On s'en sert d'ailleurs souvent : dressage pour donner la patte (habituation), départ au « souffle de la botte » (sensibilisation), placer ou tourner au poids des rênes (sensibilisation), désensibilisation à la chambrière (habituation), à la cravache (habituation)...
Quel rapport avec la peur ? Et bien, dans tous les cas, c'est de cela qu'on part...
Et oui, que l'on prenne l'équitation éthologique, l'équitation classique, le dressage en prenant en compte le comportement ou le dressage des cirques... la peur est le centre de tout.
Prenons un exemple pour y voir plus clair : je pose un doigt sur la patte d'un chaton, il la retire.
Dans cet exemple, le chaton retire sa patte par peur. Pourtant, on ne peut pas dire que ce contact fugace soit douloureux ou impressionnant. D'ailleurs avec un peu de patience, le chaton se laisse toucher et fini même par trouver ce « jeu » rigolo. On a réalisé une habituation.
Par contre, on peut apprendre à un chien à s'asseoir en mettant un peu de poids sur les reins. Petit à petit, on appuiera de moins en moins jusqu'à ce que l'on pose un doigt sur la croupe et que le chien s'exécute. C'est une sensibilisation.
Bref, on passe de l'un à l'autre en fonction des besoins et du résultat souhaité.
On remarquera également que dans le cas du chien, la réaction de peur est une immobilisation. Un animal qui ne bouge pas n'est donc pas forcément un animal sans peur.
Dans tous les dressages dits éthologiques, on cherche soit-disant à annihiler la peur. En fait, on cherche seulement à équilibrer le rapport habituation/sensibilisation et à éviter ainsi les situations dangereuses (agression par peur, fuite, cabré...) ou gênantes (refus d'avancer, inutilité de la cravache, de la chambrière...).
Pour créer une habituation, il faut partir d'un stimulus (élément extérieur qui donne une réaction) faible et augmenter très progressivement son intensité et sa durée.
Pour créer une sensibilisation, c'est strictement l'inverse : on part d'un stimulus fort que l'on diminue en intensité et en durée.
Attention, un stimulus faible peut être trop fort pour un animal. En effet, la force du stimulus doit être adaptée à l'espèce et à l'individu (son passé, son caractère, son habitude ou sa sensibilité pour d'autres choses...).
Donc, pour un animal phobique (atteint de phobie - sensibilisé à outrance), le stimulus adapté pour inverser le processus est presque imperceptible.
A bientôt
Anne