Vous n’arrivez pas à attraper votre cheval au pré : regardez-le s’enfuir…
« Je passe une demi-heure à attraper mon cheval au pré, quand j’y arrive ! Que dois-je faire ? »
C’est une question récurrente des forums et autres réseaux sociaux. Alors chacun y va de sa recette perso : s’approcher doucement, reculer dès qu’il réagit, l’amadouer avec du granulé, cacher le licol derrière le dos, le coincer dans un coin, le faire galoper jusqu’à ce qu’il accepte… et j’en passe.
Et puis, il y a ceux qui, bien qu’ayant des chevaux, restent curieusement cois… et pour cause, ils n’ont jamais fait face à ce problème : leurs chevaux viennent tout seuls à la porte du pré… même pas besoin de se salir les chaussures. Alors forcément des méthodes, ils n’en ont pas… et en arrivent même à se sentir vaguement coupables de ne pas en avoir.
S’il y a une telle variété de méthodes et même une non-méthode, si je puis m’exprimer ainsi, c’est tout simplement que le fait de ne pas pouvoir attraper son cheval n’est qu’un symptôme… qui peut taper sur les nerfs, certes… mais rien de plus.
En d’autres termes, la question n’est pas comment attraper le cheval mais pourquoi il ne vient pas bêtement tout seul ? Et oui, la solution pour attraper un cheval, c’est qu’il soit d’accord… sinon, c’est possible mais cela s’appelle le safari…
Pour le savoir, une seule solution : posez-lui benoîtement la question :
Vous entrez dans le pré sans rien cacher de vos intentions de lui passer le licol. Vous procédez comme d’habitude sans précautions particulières. Ce faisant vous lui posez la question.
Il se laisse prendre ou il s’enfuit… c’est sa réponse à votre question.
Dans ce cas, il n’y a aucun enjeu, pour lui comme pour vous. Le problème n’est pas de savoir si vous arriverez à le prendre ou non, mais comment l’affaire se discute entre vous.
Vous arrivez à le prendre. Une caresse, une friandise = « C’est ce que j’attends de toi et j’ai enregistré que cette façon de faire te convient ». Vous le relâchez. Pour continuer votre exploration, vous recommencez d’une façon légèrement différente en lui posant cette fois-ci la question : « Et comme ça, cela te convient aussi ? ». Et ainsi de suite. Rapidement, on comprend ce qui lui convient et là où le bât blesse.
Mais dans le cas, assez probable – sinon vous auriez déjà arrêté de lire cet article – où vous ne l’attrapez pas. Il s’enfuit… oui mais comment ?
Cas 1 : Le cheval part en ligne droite
Le cheval vous regarde vous approcher. Il montre des signes d’inquiétude au fur et à mesure que vous progressez. Lorsque vous arrivez à une certaine distance de lui (toujours la même ou presque), il se détourne et s’enfuit en ligne droite jusqu’au point diamétralement opposé de vous, où il s’arrête.
Dans ce cas, vous avez affaire à un cheval qui a peur de vous. Il faut donc le convaincre que vous n’êtes pas l’ogre qu’il imagine et que sa vie ne sera pas en jeu s’il vous fait confiance. Avec ce type de chevaux, toutes les techniques d’approche lente, de recul à l’apparition des signes de peur, de se faire tout petit (surtout avec un poney ou un poulain), voix douce et friandises vont marcher. C’est une question de patience, d’approche prudente, de douceur et de gentillesse. C’est plus ou moins long mais si vous êtes prêt à y passer le temps, cela ne peut que marcher.
Avec ce type de chevaux, tant que vous ne le coincez pas, vous ne risquez pas le coup de pied. Il n’y a que dans la panique qu’il peut se défendre ainsi.
Cas 2 : Le cheval part en décrivant des cercles, la queue en panache
Alors là, cela énerve généralement beaucoup ! Le cheval démarre, galope, fait de superbes accélérations, décrit trois ou quatre tours autour de vous plus ou moins proche, s’arrête en soufflant, les naseaux dilatés. Vous avez le sentiment qu’il se moque littéralement de vous !
En fait, il a répondu à votre question : « Attrape-moi si tu peux ! » C’est un appel au jeu. D’ailleurs ce type de chevaux déconcerte parce que le jour où il n’a pas envie de jouer, vous le prendrez sans problème.
Bref, ce cheval soit est particulièrement joueur de tempérament, soit il vous considère comme un pisse-vinaigre, un rabat-joie de première qui lui demande un travail ennuyeux à mourir.
Avec lui, l’approche lente et douce ne marche pas. Il n’a pas peur de vous ! Au plus, il considèrera que c’est votre façon de jouer à chat.
Pour qu’il soit facile à attraper, il faut entrer dans le jeu. Cela ne veut pas dire le faire galoper jusqu’à épuisement comme on le voit parfois préconisé pour pouvoir ensuite le prendre de guerre lasse. Cela veut dire jouer de bon cœur avec lui, en riant, en l’applaudissant… bref, une bonne partie. Cela veut aussi dire que dès qu’il n’a plus envie de jouer, il faut le laisser se calmer… la récréation est finie.
Ce type de chevaux ne vous tapera pas. Il faut juste faire attention de ne pas être trop près au moment d’un coup de cul… il serait le premier désolé d’avoir torpillé son compagnon de jeu.
Cas 3 : le cheval se laisse approcher, toucher, voire panser et s’écarte vivement dès que vous voulez lui passer le licol
La réponse à votre question est « NON ! »
Non à quoi ?
Cela peut être un cheval qui ne veut pas du licol parce qu’il lui fait (ou lui a)fait mal. Parce qu’on s’en est servi pour des choses désagréables. Dans ce cas, il pourra tout à fait accepter l’étrivière autour de l’encolure ou bien de venir avec vous tenu par la crinière. Votre travail ultérieur sera de le réaccoutumer au licol… ou à autre chose.
Mais cela peut être aussi que le licol signifie aller travailler et que ce travail lui est pénible. Là, on pense tout de suite à une maltraitance antérieure. Mais il faut aussi penser à des choses aussi simples que l’arthrose, le mal de dos, la fatigue, un harnachement qui lui fait mal… ou la simple paresse mais c’est toujours le cas que j’envisage en dernier.
Enfin, le non peut être lié au fait de quitter le pré. C’est le cas du cheval qui a peur de quitter les autres mais aussi de la jument qui ne veut pas quitter son poulain ou l’entier qui se sent le devoir de veiller sur le troupeau.
Dans ce cas, le non n’est pas de peur. Donc l’approche prudente ne sert à rien. Il n’est pas de jeu. Il est sérieux et justifié. Avec un cheval de caractère, qui est convaincu d’être dans son droit voire de faire son devoir, insister sans négocier et sans comprendre peut l’amener à se défendre ou même à attaquer froidement et à sortir du pré l’individu sans cervelle qui n’a pas conscience des réalités… Vous !
Pour obtenir ce que vous voulez, il faudra que d’une façon ou d’une autre il y trouve son compte. Alors, il faut entendre sa position, trouver un compromis, négocier… ou vous préparer à utiliser des méthodes coercitives.
A bientôt.
Cat