Complémenter une ration de base : un mot, plusieurs réalités

Publié le par Catherine Kaeffer. Alpha & Oméga

On a une ration de base. Lorsqu’elle s’avère insuffisante, on vous suggère de la complémenter. Mais que doit-on comprendre exactement par ce terme chez un cheval. Techniques d'élevage fait le point.

Faisons un peu d’anthropomorphisme si vous le voulez bien.

Autour de la table familiale, il y a le père, la mère, le petit dernier dans sa chaise haute, le grand adolescent fan de karaté. Sur la table, le repas du soir que nous pouvons considérer comme une ration de base.

Tous ces individus n’ont pas les mêmes besoins mais il faut qu’à la fin de la journée, chacun ait reçu ce qu’il lui fallait.

Le premier réflexe est de faire des parts de taille différente : une plus grosse pour le sportif en pleine croissance et une plus petite pour le bébé, mais cela ne suffira pas.

Pour augmenter l’apport en énergie et compenser les dépenses sur le tatami, l’ado aura besoin d’une nourriture plus riche : beurre sur les légumes, fromage râpé sur les pâtes, Nutella et céréales au petit déjeuner… Bref, des apports de sucres et de graisses plus conséquents. Sinon, il risque de vous faire une descente dans le frigidaire. Il vaut mieux l’avoir en photo qu’en pension !

Le bébé chipote encore un peu sur sa viande. Mais il lui faut des protéines de bonne qualité. Il aura le droit à un biberon de lait qui les lui apportera.

Dans ces deux cas, on a une complémentation de type plutôt énergétique pour l’ado et plutôt protéique pour le bébé. En fait, on amène toujours l’un et l’autre mais dans des proportions différentes.

Mais vous noterez qu’à chaque fois, vous apportez un aliment : le lait, le fromage, les céréales…

Vous noterez aussi que pour le bébé, si on lui donne une part plus grosse, il ne pourra pas la manger et en laissera dans son assiette mais que d’autre part, s’il n’a pas le lait, malgré son estomac plein, il n’aura pas assez en termes de nutriments. Il faut toujours aux jeunes animaux dont les capacités digestives sont limitées, une ration plus riche sous un plus faible volume que pour un adulte.

Si vous voulez que le bébé ait de bonnes dents, il faudra peut-être aussi lui donner du fluor.

La mère de famille soucieuse de sa ligne est au régime : plus de chocolat, plus de noisettes… Elle a régulièrement des crampes, l’œil qui saute un peu : elle manque de magnésium. Elle va donc prendre du Magnésium marin.

L’hiver est long. L’alimentation est moins riche en vitamine C. Qu’à cela ne tienne, un peu de Supradyne le matin et voilà le problème corrigé (dixit la pub). 

Dans ces trois derniers cas, ce sont des apports en minéraux et en vitamines dont il s’agit. Cela n’apporte pas d’énergie, pas de protéines. Et ce ne sont pas des aliments à proprement parler, mais ce qu’on appelle en humaine, des compléments alimentaires.

Le magnésium ne fera pas grossir la maman, comme le fluor ne fera pas un bébé obèse. Au mieux, le fait d’apporter sous une forme concentrée des éléments qui devraient théoriquement se trouver dans la ration mais qui pour une raison ou pour une autre y sont insuffisants, permettra à l’organisme de mieux profiter des aliments.

Point final.

Par contre, le fluor donnera des dents plus solides au bébé, la vitamine C empêchera l’adulte de perdre les siennes et le magnésium améliorera notamment le fonctionnement du muscle.

Chez les animaux, on a aussi ces deux réalités totalement différentes mais englobées sous un seul vocable : complémenter.

Comme pour les humains, on peut complémenter en énergie (ajout de graisse, de céréales), en protéines (ajout de viande, de poisson ou de produits laitiers, ajout de tourteaux, de légumineuses ou de protéagineux chez les herbivores). Et de la même façon vous pouvez avoir des aliments qui font les deux comme les oléagineux à la fois très énergétiques et riches en protéines. En alimentation animale, ces produits sont souvent désignés sous le vocable générique de « concentrés ».

On peut aussi complémenter en minéraux et en vitamines. Ce sont des produits que l’on appelle les CMV (compléments minéraux vitaminés) ou (AMV) Aliments minéraux vitaminés.

Cela donne lieu à de nombreux quiproquos. En effet, certaines personnes sont contre les complémentations qu’elles accusent de rendre les animaux obèses. Si vous parlez d’un concentré, peut-être mais si vous parlez d’un CMV, c’est faux.

La mère de famille n’a pas intérêt à consommer régulièrement du Nutella ou des graisses si elle a tendance à grossir mais que cela ne l’empêche aucunement de prendre du magnésium pour ne plus avoir de crampes. De la même façon, un cheval obèse ou un poney fourbu ne devront pas recevoir de céréales ou de tourteau de soja mais pourront tout à fait avoir un CMV qui ne les fera pas grossir mais qui, s’il est bien choisi, améliorera leur santé.

Ce qui rend le raisonnement moins facile, c’est que lorsque vous apportez un concentré, vous apportez que vous le vouliez ou non, des minéraux et des vitamines qui sont naturellement contenus dedans. Lorsque le bébé boit son lait, il absorbe des protéines, mais aussi du calcium. Par contre, pas de fer, pas de fluor.

Et si le concentré est industriel, il peut avoir été rajouté dedans en plus, des minéraux et des vitamines. C’est souvent le cas en alimentation animale mais vous avez aussi cela dans certaines céréales pour le petit déjeuner. Donc là, vous apportez un aliment supplémenté.

Quelques grandes idées à retenir :

  1. On ne nourrit pas Sébastien Chabal avec les petits pots du bébé… un produit peut convenir à l’un et ne pas être adapté pour l’autre.
  2. La complémentation n’est pas réservée uniquement aux animaux maigres et non en état.
  3. Ce n’est pas parce qu’un animal ne finit pas sa ration qu’il a forcément suffisamment pour couvrir ses besoins.
  4. Le seul moyen de savoir exactement de quoi il s’agit consiste à lire les étiquettes et à connaître les différents produits

Catherine Kaeffer

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MAJ septembre 2023

Différents aliments pour herbivores.Techniques d'élevage (R). Tous droits réservés

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