Réflexion sur la précocité des jeunes chevaux américains ou purs
Il y a eu une étude scientifique en prenant des chevaux de différentes races et en regardant à chaque âge à combien ils étaient en pourcent de leur poids adulte. Il a été démontré que cela ne variait pas de façon significative avec la race. Et pourtant dans certaines disciplines, des épreuves sont organisées pour des chevaux très jeunes. Sans rentrer dans la polémique, Techniques d'élevage apporte quelques éléments de réflexion.
La notion de cheval précoce ou tardif est à mon avis lié à plusieurs facteurs.
Un cheval grand pour sa race est souvent considéré comme tardif car par habitude, même si poulain on voit qu'il va devenir grand, on le nourrit comme les autres. Il est donc légèrement "retardé" et son organisme va prolonger sa croissance dans le temps.
Lorsqu'on a un pur ou au QH, on le nourrit jeune sur une base de croissance optimale autrement dit avec une croissance relativement élevée (mais pas maximale) mais surtout continue. Alors que lorsqu'on a un cheval qu'on souhaite faire travailler ou mettre à la repro plus tardivement, on a tendance à le gérer avec une croissance importante les mois d'été à l'herbe et une croissance plus modérée en hiver au foin. Cette différence d'alimentation fait que l'âge physiologique du cheval est l'optimum par rapport à son potentiel de croissance ce qui permet aux chevaux de course de courir plus jeunes. Il est évident que de nourrir un poulain de course comme son homologue de loisir est le plus sûr moyen de le rendre inapte à réaliser les efforts importants que l'on va lui demander.
Dans certaines races comme les courses, comme les chevaux qui sont plus grands ou qui ont naturellement une croissance un peu moins rapide à alimentation égale sont souvent sortis de la repro, on a une pression sélective pour des chevaux qui ont une bonne qualité osseuse et musculaire jeunes.
A noter que dans certaines disciplines, on accepte un taux d'échec des jeunes chevaux qui sont alors orientés vers des disciplines moins exigeantes en précocité. ALors que dans d'autres, si un jeune cheval n'est pas prêt, on l'attendra plus facilement. Ceux qui restent ne sont donc pas représentatifs de la race.
A noter aussi que pour le Western comme pour la course, on cherche des fibres musculaires rapides qui sont l'apanage des individus jeunes. On "vieillit" plus vite chez les sprinter que chez les coureurs de fond.
Enfin, il y a une confusion entre les notions de fin de croissance, croissance et développement. Pour les agronomes, la fin de la croissance, c'est le moment où le cheval ayant quasi son poids adulte attendu, a une vitesse résiduelle de croissance en poids inférieure à 100 g/j. Dans ce cas, une alimentation d'adulte peut être mise en place. La croissance est considérée comme terminée.
La croissance certes, mais pas le développement. Si la croissance correspond à une augmentation de poids, le développement est l'apparition ou la transformation de structures à poids constant. Sortir le garrot, éclater devant ou derrière, c'est du développement. La capacité à se développer perdure assez longtemps après que la croissance pondérale soit achevée.
Il n'est pas question ici de prôner ou de vilipender les différentes pratiques des différentes disciplines mais d'amener simplement quelques éléments de réflexion. Parce que c'est dès la phase de l'élevage, qu'il faudra prévoir le futur du poulain pour adapter son alimentation soit en prévision un débourrage tardif soit en prévision d'un entraînement sportif ou pire encore d'une mise à la reproduction précoce.
Catherine Kaeffer
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MAJ Août 2023