Alimentation et gestion du cheval par temps chaud
Par les chaleurs que nous connaissons, il est important d’adapter nos pratiques pour permettre à nos chevaux de supporter les températures élevées.
La zone de neutralité thermique, c’est-à-dire la plage de température où un cheval maintient sa température corporelle sans effort particulier est comprise entre 5 et 25°C.
Cela veut dire que dans le cas qui nous occupe, toute température supérieure à 25° au niveau du cheval nécessite une adaptation de sa part.
Pour lutter contre la chaleur, il faut limiter l’apport de chaleur extérieure, limiter la production de chaleur en interne et faciliter le dégagement de la chaleur
Limiter l’apport de chaleur extérieure
Le cheval doit donc disposer d’un abri naturel ou aménagé pour pouvoir se mettre à l’ombre à toute température supérieure à 25° même au pâturage et ceci d’autant plus que le cheval est jeune, âgé ou en mauvaise santé. Certains éleveurs rentrent d’ailleurs leurs jeunes chevaux au box en milieu de journée. Pour le poulain nouveau-né, il y a un risque réel pour sa santé si la température monte au-delà de 36°. Notons que la conception du bâtiment est essentielle et notamment la capacité de ventilation.
Limiter la production de chaleur en interne
Les chevaux au travail produisent de la chaleur au niveau de leurs muscles. Donc plus la masse musculaire est importante, plus le travail demandé est exigeant, plus la production de chaleur sera importante. A noter que les races type quater ou de trait ont un risque plus important de faire un coup de chaleur que les races plus « sèches » comme l’arabe.
La digestion des fibres par les bactéries du cæcum-colon entraîne un dégagement de chaleur (extra chaleur) plus important que la digestion de l’amidon ou des lipides par voie enzymatique dans l’intestin grêle. C’est pour cette raison que le foin « chauffe » les chevaux à l’extérieur en hiver. La différence entre la production d’extra chaleur entre une ration riche en fourrage et une riche en concentré est de l’ordre de 10-20 %.
L’idée a donc été émise d’alimenter les chevaux dont les besoins sont suffisamment élevés avec un ajout de matière grasse dans leur ration en période de canicule, pour faire face aux besoins supplémentaires liés à la transpiration et d’autre part pour limiter la production de chaleur due aux processus digestifs. De la même façon, il serait souhaitable de diminuer légèrement la teneur en protéines. Cependant les quelques essais qui ont été faits ont donné des résultats variables.
Faciliter le dégagement de chaleur
Le principal mécanisme de thermorégulation est la transpiration. Tout ce qui facilite son évaporation est favorable à une bonne résistance à la chaleur (circulation d’air par exemple). Tout ce qui l’entrave va dans le sens contraire (présence d’une selle, d’une couverture, air surchauffé, humidité ambiante élevée, poil long…).
Elle engendre des pertes importantes d’eau et de sel, mais bien qu’on y pense moins, a un coût énergétique important.
L’abreuvement est primordial en période de chaleur. Contrairement aux humains qui aiment les boissons très fraîches, les chevaux n’ont aucune préférence pour de l’eau glacée par rapport à de l’eau à température ambiante (donc chaude). Pour éviter tout risque de colique gastrique, il est donc préférable de leur servir de l’eau tempérée.
A noter que la sueur du cheval a une forte concentration minérale. Elle est donc hyperionique. Elle entraîne un état de déshydratation hypoionique qui suscite peu la soif. D’où l’intérêt des solutions de réhydratation données à un cheval après un effort surtout par temps chaud… à condition qu’il y ait été habitué au préalable, certains chevaux ne buvant pas de l’eau dont le goût est inhabituel.
A noter que certains chevaux peuvent souffrir d’anhydrose, syndrome où ils cessent complètement de transpirer. Dans ce cas, ils n’ont plus la possibilité de se réguler et peuvent faire de graves malaises par hyperthermie. Il faut donc toujours se méfier des chevaux qui ne transpirent pas alors qu’ils devraient le faire.
En cas de coup de chaleur, il faut impérativement rafraîchir le cheval par tous les moyens. Il est ainsi possible de le mouiller, de le doucher (progressivement), voire de le laisser se baigner dans une rivière, même si cela ne concerne que les pieds. Préparez-vous cependant dans ce cas, à retrouver votre cheval dans l’eau assez rapidement.
Si vous ne disposez pas de douche, il faut mouiller le cheval avec un linge humide et un seau en privilégiant les zones importantes (la tête pour éviter la montée en température du cerveau) et les zones dénuées de poils pour évacuer le maximum de chaleur (l’intérieur des cuisses, les organes génitaux, les mamelles, le dessous de la queue)
En dehors du travail, il faut particulièrement surveiller l’hydratation des juments allaitantes qui ont un besoin augmenté de 15 à 30 litres par jour. En cas de manque d’eau, on assisterait à une baisse de la production laitière et à une déshydratation rapide du poulain.
Il faut aussi surveiller les chevaux âgés qui peuvent ne plus avoir une sensation de soif normale et donc ne pas boire assez.
Pour tenir compte des pertes en sodium et en chlore, il importe qu’une pierre à sel non minéralisée soit toujours à disposition.
L’utilisation de plus en plus fréquente de couvertures anti-insectes rend le cheval moins apte à se thermoréguler d’autant plus qu’elles sont généralement très fermées. Pour les animaux atteints de cushing, la tonte apporte un réel confort. Les animaux gras, plus isolés thermiquement sont plus sensibles aux coups de chaleur.
La possibilité ou pas de demander un effort physique à un cheval convenablement entraîné, par temps chaud, sera abordée dans un prochain article.
Catherine Kaeffer