Piétinement des pâturages et fertilité du sol

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Omega

Souvent l'hiver les chevaux sont cantonnés dans une surface dite "sacrifiée" pour épargner les prés d'été. Dans d'autres cas, ils restent hiver comme été sur les mêmes surfaces. Comment ces surfaces utilisées en hiver vont-elles reprendre à la belle saison ? Quelles auront été les modifications du sol et de la flore liées à cette utilisation hivernale. Techniques d'élevage fait le point

En ce début de printemps, les prés sur lesquels les animaux ont été laissés tout l’hiver, ont souvent des zones où la boue s’est formée notamment près des abris, des abreuvoirs, dans les zones de repos, les chemins de déplacement, sur les parties humides quand ce n’est pas, dans les cas les plus graves, sur toute la surface.

Souvent ce sont des zones où on été incorporés des crottins, voire des restes de foin. Malgré ses apports, l’herbe a du mal à repousser dessus car le piétinement a dégradé profondément la structure du sol.

Un sol est formé d’éléments plus ou moins grossiers et d’éléments fins.

Pour faciliter la pousse des végétaux, on recherche une structure grumeleuse, où on constate la présence d’agrégats laissant entre eux des vides qui sont occupés soit par de l’eau pour les plus petits, soit par de l’air pour les plus gros. Les agrégats sont constitués d’un ensemble de grains de sables et de limons liés par le complexe argilo-humique floculé. Elles sont obtenues par l’activité biologique, l’effet du climat et le travail du sol.

Ce type de sol permet une circulation facile de l’eau et de l’air. Donc la pluie pénétrera dedans mais ensuite, le sol aura capacité à ressuyer c’est-à-dire à laisser s’écouler l’eau en excès.

Cependant, un sol granuleux contient aussi des vides de très petite taille où l’eau pourra être mise en réserve pour les plantes.

C’est ce phénomène à la fois de ressuyage et de conservation d’une réserve d’eau qui le différencie d’un sol compact (pas de possibilité à l’eau d’entrer à l’intérieur) ou filtrant (toute l’eau s’écoule et il ne reste rien en réserve pour les plantes).

Comme pour le gruyère, ce sont les vides qui font toute la différence.

Les vides contenant de l’air permettent une bonne aération des racines et des micro-organismes aérobies. En outre, ils facilitent la progression des racines surtout au moment de la jeune plantule, lorsqu’elles sont encore fragiles.

Le piétinement va petit à petit détruire toute la structure du sol à la fois à grande échelle en créant des trous et des bosses mais aussi à une plus petite échelle en malaxant la terre ce qui a pour conséquence de détruire les vides existants. Avec la pluie, l’argile se disperse dans l’eau, entre dans ces vides qu’elle va aussi contribuer à colmater. Ainsi les éléments fins vont s’engrener les uns avec les autres pour rendre le sol battant et imperméable.

Au moment du séchage, un tel sol, compact, ne peut plus être que très difficilement colonisé par les jeunes plantules.

Au cours de l’été, les creux et les bosses vont petit à petit se casser sous l’effet des sabots, souvent en poussière fine, qui en se dispersant dans l’eau au cours des pluies va s’infiltrer et finir de colmater, s’il en est besoin, les quelques vides restants. Cela va encore accentuer le caractère compact du sol.

A noter que les roues des tracteurs qui amènent le foin, peuvent avoir des conséquences similaires : les agrégats écrasés par le poids prennent en masse.

La seule solution est d’éviter le passage des tracteurs et le pâturage en période humide. Plus facile à dire qu’à faire. On peut aussi dans certaines zones, mettre des cailloux, du tout venant ou bien des dalles qui en supportant le poids vont éviter le tassement du sol par le tracteur ou sa dégradation par le piétinement. Mais dans ce cas, on fait évoluer une zone vers un système qui tient plus du paddock que de la prairie : lieu de vie et de défoulement mais non production de fourrage.

Dans les jeunes prairies, la présence de rumex ou de chardons peut être le symptôme d’une structure tassée du sol. En effet, leurs racines pivotantes arrivent à pousser dans des zones où les graminées n’arrivent pas à le faire ce qui leur confère un avantage sélectif.

Dans la gestion d’un pâturage rotatif, il est important au printemps, au démarrage de la végétation, de mettre préférentiellement les chevaux dans les zones les plus sèches et les plus portantes pour éviter qu’ils ne piétinent les jeunes pousses et ne nuisent à leur croissance.

Au moment où on établit un plan de parcellement pour un pâturage tournant, il est donc préférable de faire des parcelles sèches et des parcelles humides plutôt que de ne faire que des parcelles mixtes (comprenant des zones sèches et des zones humides).

Si les chevaux sont au pré en hiver, il faut leur réserver alors un espace qui sera sacrifié afin de garder le potentiel nutritif de la majeure partie de la surface en herbe.

Catherine Kaeffer

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MAJ novembre 2022

Surface piétinée devant un râtelier à foin. Techniques d'élevage (R). Tous droits réservés

Surface piétinée devant un râtelier à foin. Techniques d'élevage (R). Tous droits réservés

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