Pourquoi le fourrage est-il un facteur de prévention des ulcères gastriques chez le cheval ?

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Omega

L’ulcère gastrique est courant chez tous les types de chevaux, à tous les âges et quelle que soit leur activité. 90 % des poulains de course à l’entraînement, 70 % des chevaux de sport mais aussi 35 % des chevaux de loisir en souffrent.

Son traitement est du domaine vétérinaire. Mais l’élimination de certains facteurs de risques est du ressort du propriétaire, de l’éleveur ou du cavalier.

Évidemment, on pense tout de suite au stress. Le sevrage, le débourrage, l’entraînement, le transport, les manipulations ou le confinement y participent.

Mais un autre facteur joue : la quantité de salive produite par le cheval.

Faisons un peu d’anatomie : l’estomac du cheval est divisé en deux parties : une partie blanche et une partie rouge, avec une limite bien visible entre les deux (margo plicatus).

L’aliment pénètre dans l’estomac par la partie blanche, qui ne possède pas de glandes ni de couche protectrice de mucus. Le pH y est légèrement acide (5,5).

Il se déplace ensuite vers la partie rouge, plus au fond, où l’acide chlorhydrique est produit. Le pH y est bas (2) mais une couche de mucus protège les parois de l’attaque acide.

Évidemment, le cheval peut avoir des ulcères dans les deux parties mais la partie blanche, non protégée est nettement plus vulnérable.

La salive du cheval a un pH voisin de la neutralité. Elle contient des chlorures, des phosphates et des bicarbonates de potassium, de sodium et de calcium. Elle a un rôle tampon. C’est le mélange aliment + salive qui arrive dans la partie blanche de l’estomac et qui en régule le pH.

Tout dépend donc de la quantité de salive produite par le cheval. Or sa sécrétion est déclenchée presque exclusivement par des excitations mécaniques. Devant un repas, le cheval n’a pas l’eau à la bouche, il n’en bave pas d’avance. Ce n’est qu’en mâchant l’aliment qu’il produit la salive nécessaire. En moyenne 40 litres par jour tout de même !

Deux facteurs donc entrent en jeu : le temps de mastication nécessaire pour réduire l’aliment en particules assez fines et assez humides pour être ingérées et le temps d’alimentation sur la journée.

De ce fait, avec un aliment riche en eau comme l’herbe, la production de salive par kg ingéré sera faible (0,5 kg de salive) puisque l’aliment se présente souvent sous forme courte et déjà  bien humide. Par contre, comme les nutriments sont très dilués par toute cette eau, le cheval va devoir ingérer de très grosses quantités d’herbe pour couvrir ses besoins et donc manger une bonne partie de la journée (entre 10 et 16 heures par jour). La production totale de salive sera donc conséquente et surtout très bien répartie.

Le foin est un aliment sec mais qui exige d’être soigneusement mastiqué avant d’être ingéré. Le cheval aura besoin de 3000 à 3500 coups de mâchoire et de 40 minutes pour en manger un kg. Il produira donc 4 kg de salive par kg de foin.

A l’inverse, un repas concentré, qu’il soit nature, granulé ou floconné, est vite mangé. Il est déjà en petits morceaux. Le cheval « boit son avoine » selon la vieille expression. La quantité de salive descend donc entre 1 et 2 kg par kg d’aliment soit deux fois moins que pour 1 kg de foin.

De ce fait, le pH de la partie non glandulaire de l’estomac est mieux contrôlé avec un régime à base de fourrage qu’à base d’herbe ce qui est un facteur de sécurité vis-à-vis des problèmes gastriques.

En outre, le fait qu’un cheval mette plus de temps à manger, l’occupe. C’est un facteur reconnu de confort psychologique. Il stresse moins et donc a moins tendance à avoir des ulcères.

Catherine Kaeffer

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Poney qui mange de la paille. Techniques d'élevage (R) Tous droits réservés

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