Quelles mesures pour un cheval ou un poney emphysémateux ? D’abord l’hygiène de vie !

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Oméga

L'emphysème chronique est une maladie qui peut dégrader la qualité de vie du cheval. Des mesures d'hygiène et de gestion des lieux de vie peuvent limiter les crises et donc l'évolution de la maladie. Hébergement, litière, travail... Techniques d'élevage fait le point

Le diagnostic est tombé, votre cheval fait un emphysème chronique.

Encore appelée Broncho-pneumonie obstructive chronique (BPOC), Maladie obstructive chronique des voies respiratoires profondes (MOCVRP) ou Pousse par nos anciens, cette maladie très fréquente, incurable, est caractérisée par une obstruction des petites bronches et des bronchioles due à une inflammation (le passage de l’air est diminué), une broncho-constriction (bronchospasme comparable à l’asthme) et des perturbations sécrétoires (hypersécrétion et difficultés d’élimination du mucus).

Évidemment votre vétérinaire vous proposera un traitement médical, surtout lors des crises aiguës de « pousse ».

Ce sont ces crises, très dommageables pour l’évolution de la maladie, qu’il faut à tout prix éviter et pour cela, les mesures hygiéniques sont aussi importantes que le traitement médical.

L’origine de cette maladie est allergique : poussières, moisissures banales. Celles-ci peuvent émaner par exemple de la sciure trop sèche du manège, de la paille de la litière, de fourrages mal récoltés ou mal conservés ou de tout aliment poussiéreux, moisi ou en particules trop fines, le cheval ayant l’habitude de souffler sur sa nourriture.

Même la poussière « non contaminée » ou les gaz irritants comme l’ammoniac, en relançant l’inflammation, sont néfastes.

Améliorer les lieux de vie de votre cheval

Autant que faire se peut, le cheval ou le poney doit être tenu à l’extérieur, en paddock ou en prairie, par tous les temps. En été, dans les zones très chaudes, il faut cependant éviter au maximum la poussière.

Si le cheval doit être maintenu en box ou en abri, une partie de la journée, les locaux doivent être aérés en permanence mais sans courant d’air. Il faut maintenir une ambiance saine, sans excès de poussière ni d’humidité qui favorise le développement des moisissures.

Pour les box individuels, il faut laisser en permanence la partie supérieure ouverte afin que le cheval puisse mettre le « nez à la fenêtre ».

Évidemment, il ne faut pas stocker foin, paille et autres sources de poussières à côté ou pire au-dessus des chevaux et il est souhaitable de passer régulièrement (hors de la présence des chevaux) un coup de balai ou de tête de loup sur les poutres et autres éléments en hauteur qui stockent la poussière, ainsi que dans les greniers.

Le pansage doit se faire à l’extérieur.

Le renouvellement des litières quelles qu’elles soient, doit se faire en dehors de la présence du cheval. En effet, même s’il n’y a pas dégagement de poussière, il y a dégagement d’ammoniac qui irrite les voies respiratoires et peut provoquer une crise. Pour les mêmes raisons, un tel cheval ne doit pas être mené selon la technique du box d’hiver.

Quelques gouttes d’huiles essentielles mucolytiques sur un mouchoir en papier ou dans un seau d’eau brûlante, dans l’écurie hors de portée du cheval pourront l’aider à évacuer ses mucosités. Il existe aussi des produits alimentaires aux huiles essentielles.

La litière

Selon le cas, la paille peut être utilisable à condition que ce ne soit pas une paille d’orge dont les barbes sont très irritants. Elle doit être suffisamment sèche et stockée à l’abri pour éviter le développement de moisissures.

Quelques remarques s’imposent :

Côté poussières : pour des raisons de rendement et de résistance à la verse, les variétés céréalières actuelles ont une paille courte et dure et les grains sont récoltés plus secs. En outre, les machines brisent plus fortement le chaume. De ce fait, les pailles actuelles sont plus poussiéreuses qu’autrefois.

Pour les moisissures aussi, la situation est plus délicate. On laisse plus souvent les pailles sur le champ ce qui peut entraîner une reprise d’humidité et donc le développement de moisissures. En outre, lorsque les balles étaient de faible densité, la paille continuait à sécher lors du stockage (à l’abri). Alors que la haute densité ne le permet pas.

Les litières artificielles peuvent être une solution si on n’a pas une excellente paille : tourbe (attention aux pieds), copeaux de bois (humidifiés et non traités aux pesticides), rafles broyées, lin, papier… voire tapis de caoutchouc.

Il faut préférer des litières qui retiennent bien l’humidité, tout en restant relativement sèches en surface (comme les couches pour bébé sauf qu’il n’y a pas les petits élastiques, là !) et qui sont aussi assez moelleuses et isolantes du sol pour le confort du cheval lorsqu’il est couché.

Le ramassage quotidien des crottins est un facteur de confort pour le cheval.

Lorsque le cheval est au pré, il faut bien sûr que l’abri soit propre et sec au même titre qu’un box.

Au travail

Le travail d’un cheval emphysémateux doit impérativement tenir compte de sa forme ou de sa méforme du jour.

Le travail doit se faire de préférence à l’extérieur. Si le cheval doit travailler en manège ou en carrière, il est indispensable que le sol soit arrosé. En effet, lors de l’effort, le rythme respiratoire étant plus élevé, le cheval peut inhaler des quantités importantes de poussière. Alors les ambiances dignes du fog de Londres sont totalement proscrites.

L’échauffement doit être progressif, sur des rênes longues pour que le cheval puisse le cas échéant tousser pour évacuer les mucosités.

Pour les chevaux qui travaillent la tête basse, ce qui est souhaitable, il est encore plus important que le sol ne soit pas poussiéreux.

Au début de la maladie, un temps de galop court mais soutenu peut aider certains chevaux à « cracher leurs poumons », l’effort musculaire favorisant le dégagement des voies respiratoires. A un stade plus avancé, l’effort devient trop difficile pour un cheval qui s’oxygène mal.

Si le cheval a du mal à respirer, préférez un travail lent, qui oxygène au mieux les muscles et en évitant toute sangle ou surfaix, gène supplémentaire à la respiration. Il est évident que dans ces moments-là, il est impensable de demander le placer. 

A bientôt sur les mesures en matière de nutrition pour ces chevaux.

Catherine Kaeffer

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MAJ Novembre 2021 

Naseaux largement ouverts du cheval ayant du mal à respirer. Techniques d'élevage (R) tous droits réservés

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