Quelles mesures pour un cheval ou un poney emphysémateux ? Ensuite l’alimentation !

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Oméga

Une fois les mesures d'hygiène de vie prises, il convient d'adapter les aliments du cheval atteint d'emphysème chronique et leur équilibre pour limiter le risque de récidives. Techniques d'élevage fait le point

Les mesures liées à l’hygiène de vie ont été développées lors d’un précédent article.

Les fourrages

Les fourrages ont les mêmes contraintes que la paille : secs, sans moisissures et sans poussières.

Les appellations d’origine peuvent être intéressantes car elles correspondent à des zones où les conditions météorologiques sont souvent favorables pour réaliser un bon foin (nonobstant la composition floristique, importante mais pas primordiale dans le cas qui nous occupe).

La qualité de la conservation peut être améliorée par un salage voire même l’adjonction d’agents anti-fongiques comme l’acide propionique.

Si le foin est légèrement poussiéreux, ou par mesure de précaution complémentaire, il est conseillé de le mouiller avec de l’eau voire une solution mélassée.

Certains appareils qui traitent le foin à la vapeur (en général 45 minutes 100°C) (purificateurs de foin ; vaporisateurs de foin). Cette technique aurait l’avantage de détruire les spores et d’humidifier le foin.

Le préfané (ou enrubanné) de bonne qualité est aussi conseillé.

Pour la distribution, elle doit se faire de façon à ce que le foin soit sous le nez du cheval et non au-dessus pour éviter toute inhalation de poussières ou de spores. La distribution au sol ou en filet à foin est conseillée. Les râteliers sont néfastes pour ce type de chevaux.

Il est aussi bien sûr possible d’apporter les fibres nécessaires dans des aliments composés complets. La longueur de la fibre et son origine comptent moins que le respect de la teneur en cellulose brute de la ration. Dans ce cas, il faut néanmoins apporter un peu de fourrage pour occuper le cheval de façon suffisamment durable.

Les aliments concentrés

Qu’il s’agisse d’alimentation « maison » ou d’aliment industriel, il faut éviter tout ce qui est susceptible de faire de la poussière ou de la farine. Ainsi, l’orge aplatie, selon la méthode employée, peut poser problème car le cheval souffle sur sa ration.

On peut néanmoins l’utiliser en la mouillant ou en l’incluant dans une préparation. On pense classiquement aux mashes ou aux barbotages où il y a théoriquement une cuisson. Mais on peut aussi faire un simple trempage du grain entier pendant une nuit ou une présentation sous forme de « soupe » pour le grain aplati.

Ce sont des formes d’alimentation très appréciées mais elles exigent une hygiène rigoureuse de la mangeoire pour éviter tout problème.

Établir une ration alimentaire un peu particulière

La production d’ammoniac dans le gros intestin est néfaste à ce type de chevaux pour deux raisons :

- L’ammoniac absorbé, circule dans le sang, expose le cheval, selon Wolter, à une intoxication endogène.

- L’ammoniac éliminé en l’état ou sous forme d’urée dans l’urine et les fèces, se dégage en partie ensuite sous forme gazeuse d’où une intoxication exogène.

Ces deux sources seraient cause d’une irritation broncho-pulmonaire dont on n’a vraiment pas besoin. Il faut donc limiter la production d’ammoniac dans le gros intestin.

Cela signifie respecter des transitions lentes et maintenir un taux suffisant de lest, pour que les bactéries du cæcum et du colon puissent utiliser les nutriments qui y parviennent en produisant le moins de déchets possible.

Pour les protéines, il faut éviter celles qui sont mal digérées dans l’intestin grêle (enzymorésistantes) et qui donc sont fermentées au niveau du gros intestin. A ce titre, il faut éviter les apports trop abondants de luzerne (farine ou foin) ou de tourteau de soja.

Pour les glucides à l’inverse, il faut préférer ceux qui vont résister aux attaques enzymatiques de l’intestin grêle pour parvenir au colon (pulpes de betteraves, sons…).

Mais surtout, sur un plan quantitatif, il faut éviter les excès azotés, si fréquents. Pour le travail l’INRA préconise un rapport de 65 g de MADC par UFC. Or beaucoup d’aliments industriels sont proches de 100 g par UFC.

En fait, la principale source d’énergie est constituée par des céréales… qui amènent aussi une quantité non négligeable de protéines. Ainsi l’orge apporte 72 g de MADC par UFC et l’avoine 79 g. Nous sommes nettement au-dessus.

Il faut donc augmenter l’apport en énergie sans augmenter l’apport en azote. Deux solutions sont possibles : remplacer une partie des céréales par du maïs (51 g MDC/UFC) ou fournir une partie de l’énergie sous forme d’huile (2,96 UFC par kg mais pas d’apport en MADC).

Le problème de l’apport en huile sur les aliments industriels est celui de la tenue du granulé pour des teneurs en matières grasses élevées d’une part (regarder vers les floconnés où le problème ne se pose pas) et en outre, le phénomène de rancissement.

Pour l’alimentation maison par contre, il est très facile de verser un peu d’huile sur la ration. Elle peut aussi être ajoutée à une préparation.

Pour les composants de la ration, il semblerait que les graines de lin aient un effet sur les pathologies d’origine allergique en général.

En outre, l’adjonction de facteurs d’hygiène digestive comme les levures vivantes sélectionnées, les probiotiques ou prébiotiques testés pour améliorer la digestion, pourrait être profitable.

Catherine Kaeffer

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MAJ Novembre 2021

Foin moisi. Techniques d'élevage (R) Tous droits réservés

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