Ostéochondrose et conséquences : la goutte d'eau qui fait déborder le vase
Objet de multiples définitions et de nombreuses hypothèses depuis des années, l'ostéochondrose demeure, pour bon nombre de propriétaires et d'éleveurs, une fatalité. Pourtant, il n'en est rien.
L'ostéochondrose est qualifiée selon les cas d'articulaire, de systémique (atteinte de tout le corps), d'asymptomatique, d'aisément décelable sans examen complémentaire... si bien que l'on s'y perd.
Ce qu'il faut comprendre dans cet amalgame de définitions, de qualifications et de dénomination, c'est qu'il faut toujours demander à celui qui utilise le mot « ostéochondrose » ce qu'il entend par là.
Parle-t-il de la phase asymptomatique du phénomène ? De la phase symptomatique ? De dyschondroplasie (atteinte de tous les cartilages) ? D'un phénomène articulaire ?
Dans tous les cas, quelque soit le vocabulaire emprunté, le phénomène ne varie pas.
Tout commence chez le foetus. Celui-ci se développe et fabrique à un moment donné ses os.
Lors de cette fabrication, il va emprunter à sa mère un certain nombre de composants. Parmi ces composants, certains sont indispensables à la fabrication d'un os solide. En leur absence, le foetus va essayer de faire un semblant d'os, un os fragile.
Il est aussi possible que notre foetus ait une génétique défavorable qui l'amène à être mal-conformé (articulations défectueuses) ou à avoir un os plus fragile que la moyenne.
A ce moment, on peut déjà avoir ce que certains appellent de l'ostéochondrose : un os fragilisé présentant un défaut d'ossification. Pour les autres, il s'agit de facteurs héréditaires ou nutritionnels in utero favorisants.
Notre petit nait. Il peut alors présenter ou non ses premières séquelles ostéologiques. Mais même s'il n'en a pas, il peut en acquérir.
Ainsi, notre petit mal-conformé, aux aplombs défectueux, va avoir un appui qui n'était pas comme prévu. Cet appui va entrainer des compressions et des tensions maladroites avec pour conséquence une fragilisation de l'os.
On a ici un nouveau facteur favorisant de l'ostéochondrose : une mauvaise conformation.
Si notre petit est tout à fait normal, il n'est pas pour autant à l'abri.
Il existe d'autres facteurs favorisants l'ostéochondrose :
le surpoids, qu'il soit lié à une masse graisseuse importante ou à des vers,
la vitesse de croissance ou la taille adulte qui amène plus rapidement du poids sur les articulations,
un excès d'exercice qui s'accompagne de chocs sur les os ou de tensions via les ligaments et tendons,
un manque d'exercice qui empêche un soutien des os approprié par les muscles,
une carence minérale qui fragilise la structure osseuse,
un excès minéral qui bloque l'action des autres minéraux.
Chaque facteur favorisant ne donne pas à lui seul une ostéochondrose (selon la définition articulaire) mais ils s'ajoutent.
Chaque goutte d'eau vient remplir le vase, jusqu'à ce qu'il déborde.
Dans notre cas, le cartilage reste immature et n'arrive plus à se transformer en os, il va donc s'accumuler. Mais ce cartilage est fragile et ne résiste ni aux coups, ni aux tensions. La synovie (liquide nourrisseur à l'intérieur de l'articulation) n'arrive plus à nourrir tout le cartilage. Une partie du cartilage meurt alors « de faim » et se nécrose.
On a donc un cartilage qui vit, un os qui survit et entre les deux, un cartilage qui meurt. Ce cartilage laisse un vide qui est rapidement comblé par des fibres.
On a alors l'ostéochondrose asymptomatique, un kyste endochondral ou un kyste osseux sous chondral. L'animal n'a pas mal, il ne boite pas et sans une recherche radiologique, on ne voit rien.
La situation peut perdurer ainsi pendant quelques temps mais elle peut aussi dégénérer en ostéochondrose symptomatique ou ostéochondrite disséquante (OCD).
Le cartilage et l'os, suite à un des nombreux facteurs favorisants cités ci-dessus, se fissurent et des morceaux s'en détachent. On a alors des morceaux de cartilage et/ou d'os plus ou moins libres dans l'articulation.
Cette situation va entrainer des atteintes et des irritations de l'articulation et plus particulièrement de la membrane synoviale. On a donc des symptômes qui apparaissent : douleur, inflammation, molettes articulaires, boiteries...
Les détachements d'os et/ou de cartilage en liberté dans l'articulation vont se désagréger, se souder à n'importe quel autre endroit ou persister à l'état libre.
Dans tous les cas, ils vont maintenir une inflammation articulaire et toutes les conséquences qui en découle.
C'est ce qu'on appelle des « souris articulaires ».
A ce stade, seule une intervention chirurgicale pour ôter les « souris » accompagnée d'une gestion rigoureuse pour éliminer les facteurs favorisant peut aider l'animal.
Si l'inflammation perdure, l'animal pourra très vite passer de l'OCD à l'arthrose juvénile.
A bientôt,
Anne