Les voies métaboliques : solution de la dernière chance (1)
Commençons par une phrase simple mais claire : « l'énergie est indispensable à la vie ». Simple, non ? Sauf qu'à partir de ce constat découle l'ensemble des méthodes (biochimiques) de l'organisme pour produire cette énergie indispensable pour sa survie.
Le choix des mots est important. Nous parlons de survie pas seulement de son bien-être qui est une autre approche utilisant les mêmes données de base mais pas avec la même finalité.
La source d'énergie principale est le glucose. L'Adénosine triphosphate (ATP pour les intimes) est la molécule de stockage de l'énergie par excellence de la cellule.
Le glucose est dégradé par la cellule en 10 premières étapes pour donner deux pyruvates et 5-6 molécules d'ATP (ce qui est ridicule, il faut bien le dire). A partir de là, trois destinées s'offrent à lui :
1 - En condition aérobie : le pyruvate va s'intégrer, après son entrée dans la mitochondrie, à un cycle biochimique par transformation en acétyl-coenzyme-A (fournissant pour les deux ensemble 5 à 6 ATP), le cycle de Krebs.
Ce cycle donne du dioxyde de carbone, de l'ammoniac (métabolisé très rapidement puisque cette molécule est connue pour sa toxicité neurologique), de l'eau et entre 20 et 24 molécules d'ATP pour les deux pyruvates selon les auteurs.
En tout, une molécule de glucose produit 30-36 ATP.
2 - En condition anaérobie : nous allons obtenir notre acide lactique source de courbatures, crampes voire dans les cas plus graves, d'une acidité sanguine (acidose).
Une acidité sanguine non contrôlée limite l'activité enzymatique, diminue les capacités de transport d'ions (calcium, cuivre, zinc...) et des molécules dans l'organisme (donc les toxiques seront plus dangereux) et va faire augmenter le taux de potassium dans le sang puisque l'élimination se fait de manière compétitive entre les protons (acide) et le potassium.
Or le potassium joue un énorme rôle dans le rythme cardiaque, un surdosage en potassium peut rapidement entraîner la mort par arrêt du cœur.
3 - En condition anaérobie : le pyruvate subit une fermentation alcoolique. Inutile de rêver, ça ne marche que pour certaines levures. Nous, bêtes mammifères sobres, nous n'avons que les deux premières possibilités.
Lors d'une alimentation n'apportant pas assez de glucose (sucres de façon générale), le corps doit s'adapter. En effet, en premier lieu les réserves en glucose du foie (glycogène) sont mises à contribution pour contrecarrer une baisse trop importante en glucose sanguin. Ces réserves ne durent que 24 heures lors d'un jeune complet...
En deuxième intention maintenant, il faut savoir que le cerveau est le seul à être totalement dépendant du glucose sanguin d'où un mécanisme qui peut sembler stupide en première lecture : la néoglucogénèse. C'est la production de glucose à partir de pyruvate... Bref, on fait marche arrière toute ! Les trois destinées présentées plus haut sont les voies normales de consommation du glucose.
Cette voie est donc une mesure de protection du cerveau... Mais alors, comment font le reste des cellules pour survivre si elles ne peuvent plus utiliser le glucose sanguin ? La grève de la faim ?
C'est à cette intéressante question que nous répondrons dans un prochain article.
François Kaeffer