Un cheval à tout faire…
La première fois que je l’ai vu, c’était sur un parcours de cross…
Imaginez, jaillissant de la forêt, un selle français, bai brun, portant avec vigueur ses presque 700 kg de muscles.Raide dingue, il attaquait chaque obstacle. Pour un peu, on aurait cru que le feu lui sortait des naseaux.A la fin du cross, blanc d’écume, il secouait encore sa tête et chahutait quand son cavalier lui demandait de se calmer. Il avait d’ailleurs souvent du mal à le tenir, son cavalier.
Le cross était sa passion mais il faisait attention à son cheval et prenait le moins de risques possible. Il ménageait toujours son compagnon… mais celui-ci n’était pas toujours d’accord.
Dès le départ du cross, le cheval prenait les commandes. Il attendait juste du cavalier qu’il lui indique le chemin. Rien de plus. Mais si on lui demandait de ralentir, il se mettait à tirer comme un malade… et évidemment, il était le plus fort.
Or, j’ai appris que dans la famille, il n’y avait pas qu’un cavalier, mais trois : le père, la mère et le fils de 8 ans.
Le lendemain, changement de décor j’ai rencontré le même cheval, monté par la femme. Il faut vous dire qu’elle n’aimait que le dressage.
Et notre bai brun, en bride, s’était métamorphosé en cheval placé, sage, à l’écoute et surtout extrêmement léger. L’antithèse de ce qu’il était avec le mari. Toujours parfaitement aux ordres, il exécutait travail deux pistes et changement de pied au galop à la perfection. Il gardait bien sûr des allures énergiques et puissantes mais parfaitement maîtrisées. Il excellait surtout dans les allongements d’allures qu’il donnait au simple « souffle de la botte ».
Comme chacun sait, le mercredi, c’est le jour des enfants. Alors, le mercredi, c’était le tour du fils de monter le cheval.Évidemment, en haut de cette masse, il était un peu perdu, le pitchoune. Les jambes ne dépassaient pas les quartiers de la selle et il ne tenait que grâce à son équilibre.
Mais aucun problème. Le cheval était l’image du vieux routier de manège… voire même un peu mou. Même s’il avait un grand coup de talon, il ne donnait qu’une toute petite accélération… et encore. La plupart du temps, il se traînait. Si le gamin se penchait trop en avant, il le remontait doucement avec l’encolure. Et il n’avait pas son pareil pour passer des cavalettis au petit trot, sans jamais prendre le galop.
Un jour où il faisait très chaud, le père décida à la fin de la reprise, de l’emmener sécher au pas dans le petit bois tout proche. Il dû y renoncer et demander à son fils de le faire parce que le cheval s’était instantanément mis au piaffer.
Bref chaque cavalier avait le cheval qu’il souhaitait, un copain de bringue, un gentleman d’agréable compagnie ou un maître d’école.
Et le cheval ? Le cheval lui avait bien compris ce qu’on attendait de lui et en paraissait fort satisfait. Aucune monotonie, activités variées, temps de récupération…
Si la capacité d’adaptation est une preuve d’intelligence, qui a dit que les chevaux n’étaient pas intelligents ?
Petite réflexion personnelle : On dit toujours que si deux cavaliers ont un cheval en demi-pension, il faut qu’ils aient le même niveau et qu’ils travaillent dans le même sens. Cette anecdote prouve le contraire ! Le fait que le cheval tire en cross aurait dû lui « flinguer la bouche ». Il n’en était en fait rien comme il le démontrait sur un carré de dressage. D’ailleurs, quand le mari faisait la reprise de dressage du complet, le cheval s’appuyait nettement plus qu’avec la femme… peut-être tout simplement parce qu’il tenait compte de la différence de monte et de force entre les deux.
Catherine Kaeffer
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