Anesthésiques locaux : relation concentration et conséquences
Nous avons déjà vu comment agissaient les anesthésiques locaux (voir article Principes généraux d’action des anesthésiques locaux ).
Comme je vous l’avais expliqué, on observe une perte successive des sensations douloureuses, thermiques, tactiles et des possibilités de mouvement. Cette perte n’est pas systématique. En effet, il existe une relation entre la concentration d’anesthésiant administré et les pertes constatées.
Les nerfs sont constitués de longues cellules dîtes nerveuses. Chaque cellule nerveuse est constituée de plusieurs parties. Pour comprendre la structure d’une cellule nerveuse, imaginez une boule de fils dont certains s’échappent et s’effilochent au bout. Un des fils (le plus long) est l’axone, il permet la communication entre la cellule nerveuse et d’autres cellules non nerveuses (musculaires, épidermiques...). Les autres fils qui s'échappent, les dendrites, permettent la communication entre notre cellule nerveuse et les autres cellules nerveuses. Et enfin, le paquet de fils au milieu c’est le corps cellulaire qui prend toutes les décisions, et permet à la cellule de vivre.
L’information envoyée par les cellules non nerveuses reçue est traduite au niveau de l’axone puis remonte jusqu’au corps cellulaire qui décide ou non d’envoyer cette information via les dendrites aux autres cellules nerveuses. Si l’information est envoyée par toutes les cellules nerveuses, elle aboutit au cerveau. Lequel peut envoyer une réponse ou directement donner un " ordre " en utilisant le chemin inverse.
Pour en revenir à notre anesthésiant local. Celui-ci agit sur la formation du message et à sa transmission dans l’axone.
Il existe deux types d’axones :
- myélinisé
- non myélinisé
L’axone myélinisé est entouré d’une gaine de myéline qui est isolante. La gaine de myéline est un assemblage de membranes mises les unes sur les autres. Or on a vu que l’anesthésiant pour faire effet, doit pouvoir entrer à l’intérieur de la cellule. Cette cellule isolée sera donc plus difficile à atteindre.
L’anesthésiant, comme toutes les molécules, migre notamment selon la facilité de migration.
Quand on met de l’eau dans un récipient en bois, l’eau commence par remplir le récipient sans pour autant traverser le bois. D’ailleurs si on met un fond d’eau, celle-ci séchera et ne traversera pas le bois. Si on met plus d’eau, la pression qu’exerce l’eau sur le bois est plus importante et l’eau traverse le bois au bout d’un certain temps. On observe ici un phénomène similaire.
L’anesthésiant en faible concentration n’agira que sur les cellules faciles d’accès et n’agira pas sur un axone myélinisé, cellule difficile à atteindre par excellence.
De plus, plus un axone est épais, plus l’action sur cette cellule est difficile.
Or les axones menant aux cellules musculaires sont myélinisés et de gros calibre. On comprend alors l’ordre décrit au-dessus : sensations puis possibilités de mouvements.
De même, les cellules nerveuses qui transportent la douleur semblent de diamètre plus fin que les autres.
Conclusion
Plus l’anesthésiant local est concentré, plus on augmente le nombre de cellules nerveuses susceptibles d’être atteintes et plus on diversifie leur nature.
Une faible dose enlèvera seulement la douleur.
Une dose un peu plus forte enlèvera la douleur et la sensation thermique…
Ce qui explique que l’on puisse sentir le chirurgien opérer sans ressentir de douleur !
A bientôt
Anne