Complément pharmacologique aux vermifuges

Publié le par Anne et Cat

 

Après plusieurs articles sur les vermifuges, voici ce que certains peuvent espérer être comme le dernier de cette série. Les molécules possèdent différentes propriétés pharmacologiques expliquant l'utilisation diverse de ces molécules.

 

 

Mécanisme d'action

Contre-indications

Fenbendazole /

Mébendazole

1- bloquage sélectif et irréversible de la recapture du glucose des parasites au niveau intestinale.

2- inhibition du développement des œufs.

3- inhibition de la polymérisation de la tubuline en microtubule.

- en cas de suspicion d'une résistance aux molécules de la famille des benzimidazoles.

- en cas d'allergie.

Ivermectine

1- stimulation de la libération du GABA (molécule dans les neurones du système nerveux central).

2- inhibition de la transmission entre les interneurones et les neurones-moteurs.

- les juments allaitantes dont le lait est destiné à la consommation humaine.

 

Moxidectine

1- stimulation de la libération du GABA.

2- inhibition de la transmission entre les interneurones et les neurones-moteurs.

- les poulains de moins de 4 mois.

- en cas d'allergie.

Praziquantel

1- perturbation des canaux calciques dans les muscles du parasite.

2- perturbation du métabolisme glucidique.

- les juments allaitantes dont le lait est destiné à la consommation humaine.

- en cas d'allergie.

Pyrantel

inhibition de l'acétyl choline estérase.

- en cas d'allergie.

 

Tableau des mécanismes d'action des anti-helminthiques

 

Une petite explication s'impose sur certains mécanismes d'action :

  • les benzimidazoles (Fenbendazole, Mébendazole) : inhibition de la polymérisation de la tubuline en microtubule empêche le déplacement des molécules (protéines, neuromédiateurs...) vers le noyau et organites des cellules.

  • l'ivermectine et moxidectine : le GABA est un neuro-médiateur inhibiteur du système nerveux central.

  • le praziquantel : l'ouverture des canaux calciques permet la rentrée de calcium dans les muscles du parasite. Le calcium est essentiel pour la contraction musculaire mais en trop grande quantité, il entraîne une paralysie par contracture musculaire du parasite.

  • le pyrantel : il inhibe l'acétyl choline estérase. Cette enzyme transforme l'acétyl choline pour rendre ce neuro-médiateur inopérant. En inactivant cette enzyme, la quantité d'acétyl choline dans la fente synaptique (entre deux neurones) est donc bien supérieure à la normale. Ce neuro-médiateur est, entre autres, utilisé dans la transmission du signal du cerveau vers le muscle. Une grande quantité de cette molécule donne une paralysie par contraction musculaire chez le parasite.


 

Ces molécules agissent aussi, en local, sur l'organisme du cheval touchant du même coup, le tube digestif et les bactéries enfermées.


 

Nous pouvons nous rassurer en ce qui concerne les bactéries du tube digestif. Que ce soit l'acétyl choline ou le GABA, ces deux molécules ne sont utilisées que dans les systèmes pluricellulaires qui nécessitent un système nerveux même rudimentaire. Le pyrantel, l'ivermectine et moxidectine n'ont donc pas d'effet sur les bactéries.

 

L'ouverture des canaux calciques est spécifique des canaux des parasites mais pas des bactéries (Praziquantel).

De fait, le seul produit pouvant être mortel pour les bactéries par inhibition de la polymérisation de la tubuline ne pose pas de problèmes au niveau bactérien.


 

Passons au tube digestif.


 

Parmi les effets secondaires du praziquantel, on a apparition d'une salivation importante, d'une inflammation de l'estomac, des lèvres, de la langue et de la bouche. L'explication de ces phénomènes locaux découle de l'activité pharmacologique de la molécule.

  • L'hypersalivation : l'acétyl choline est utilisée pour la contraction musculaire et dans le système nerveux parasympathique. Ce système innerve le tube digestif (entre autres...) et stimule la production de toutes les sécrétions (salivaires, au niveau de l'estomac, lacrymales, intestinales...).

  • L'inflammation de la langue, des lèvres et de la bouche s'explique par la surstimulation des glandes salivaires induisant un prurit. Le cheval va donc se gratter fortement et provoquer une inflammation par les petites plaies produites.

  • L'inflammation de l'estomac : la surproduction de protons et de liquide gastrique provoque une augmentation de l'acidité de l'estomac. Cela endommage la paroi de l'estomac entraînant l'inflammation.

 

A bientôt.

 

Francois

 

Chevaux gris au box. Copyright Techniques d'élevage.

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