Le bisounours est un animal dangereux !
Billet d'humeur de Techniques d'élevage.
Lorsque j’étais petite, j’avais un cheval à bascule. Je lui peignais la crinière, je montais dessus, je lui fabriquais des licols, je le couchais dans mon lit pour qu’il n’ait pas froid.
Il ne m’a jamais tapé, jamais mordu. Il était toujours d’humeur égale. Pas de problème de dressage ni de sécurité. Pas de problème de croissance, de maladie, de vieillesse ou de mort.
Un jour, dans la vraie vie, j’ai découvert qu’un cheval n’est pas toujours bien, beau, gentil, heureux. Oh bien sûr, je le savais mais cela restait théorique et dans mes histoires, lorsque mon cheval était malade, il guérissait toujours.
Un jour, on grandit et il est temps d’apprendre que le Père Noël, cela n’existe pas… (oups, je ne sais pas si j’aurais dû le dire.. !).
Malgré tout, nous gardons toujours au fond de nous l’image d’un pays merveilleux où les animaux sont pareils à des Bisounours.
Cette nostalgie nous amène à préférer les méthodes « douces », l’alimentation « naturelle », l’animal « confiant » ou « généreux », à lui acheter un collier à la mode, une couverture de la couleur qui lui va… pire ce type de mors parce qu’il fait joli dans sa bouche (si, si, je l’ai entendu !).
Elle nous amène aussi à acheter un animal de telle race parce qu’il nous donne le sentiment d’être fort, qu’il évoque les grands espaces ou le boudoir douillet, parce qu’il a l’air malheureux.
Et on fait appel aux bonnes âmes pour sauver le chaton en détresse, le chien dans un état cadavérique, l’animal maltraité, le cheval qui va partir à la boucherie.
A ce propos, j’avoue que je me demande parfois si certains gros malins n’utilisent pas ce dernier argument pour faire une espèce de vente forcée : si vous ne l’achetez pas, on l’euthanasie (ou on l’envoie à la boucherie).
A bien y regarder, les prix de vente correspondent souvent à un prix normal de marché et non à une gratuité ou à un prix de viande comme cela devrait être.
En outre, l’urgence permet de couper court à tout examen véto, d’oublier de donner des papiers en bonne et due forme, de ne pas vérifier que le numéro de la puce et la description correspondent bien… comme c’est pratique.
Évidemment, si vous achetez un cheval pour le prix de la boucherie, vous avez la solution de le revendre pour le même prix s’il s’avère en trop mauvais état (et encore pas toujours). Mais franchement, combien des acheteurs de ce type d’animaux sont prêts à le faire le cas échéant ? Fort peu à mon avis.
En cas de problème, le Bisounours nous empêche parfois d’être simplement lucide, d’analyser la situation et de prendre les mesures qui s’imposent.
Le sentiment est nécessaire, même indispensable. Il est le sel de la vie et le socle de la relation que nous tissons avec notre animal.
Mais le Bisounours perfide nous pousse vers le sentimentalisme qui est une maladie grave.
Catherine Kaeffer
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MAJ août 2024