Deuxième partie : Les séquelles de la cicatrisation, cicatrices et dépigmentations
Nous avons vu dans un précédent article, comment on pouvait obtenir des adhérences et des cicatrices hypertrophiées ou chéloïdes. Nous allons maintenant nous attacher aux cicatrices « normales » et aux conséquences des traumatismes sur les dépigmentations cutanées et des poils.
Revenons à notre cicatrisation, en absence d'infection et de complication (ou après que celles-ci soient résolues) les cellules du tissu lésé se multiplient et forment de nouvelles cellules. Ces cellules identiques au tissu précédent migrent et passent entre les fibres de stress en s'y raccrochant.
Le tissu se reforme alors mais les cellules de destruction n'ayant jamais quitté le site, elles se retrouvent prisonnières de cette masse de nouvelles cellules. Or ces cellules de destruction en grand nombre forment des amas blancs... le tissu cicatriciel apparaitra alors plus blanc que d'origine. Ce qui donne l'impression que la peau de l'animal s'est décolorée plus ou moins sur cette zone.
On a alors une cicatrice dépigmentée dont la largeur dépend de la place qu'occupe le nouveau tissu.
D'où l'importance de réduire par une suture la largeur des plaies.
La cicatrice est alors normalement en dépression par rapport au tissu qui n'a pas été touché et a perdu jusqu'à 85 % de sa résistance à la tension ou aux chocs.
Les fibroblastes continuent néanmoins à travailler pendant quelques temps pour renforcer la zone et déposent des fibres le long des lignes de tension. C'est ainsi qu'en absence de tension, les fibres se déposent de façon anarchique et créent un tissu cicatriciel dépourvu de toute élasticité.
D'où l'utilité d'un travail raisonnable et régulier de la zone traitée. Les massages sont également utiles si on prend garde à ne pas effectuer trop de mouvements susceptibles d'échauffer la zone.
A cet instant, on pourrait croire que tout est fini... et pourtant, ce nouveau tissu et les fibres associées vont continuer à évoluer, à se créer et à s'organiser. Et c'est ainsi que le nouveau tissu gagnera jusqu'à 65 à 70 % de résistance, mais il restera toujours 15 à 20 % plus faible que le tissu qui n'a jamais été lésé.
Vous pouvez donc influencer la zone cicatrisée pendant tout ce temps, en bien ou en mal.
Et les poils ? Ils ne repoussent que dans deux cas :
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les bulbes pileux n'ont pas été touchés ou il en reste qui sont intacts dans la zone,
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la zone est étroite.
Les poils sont dotés lors de la vie embryonnaire d'une réserve de mélanocytes (cellules qui donnent la mélanine et donc la couleur au poil) sous leur bulbe. Ces mélanocytes sont aussi perturbés par le traumatisme et peuvent soit être détruits, soit être seulement changer de position.
Si le traumatisme ne fait que chambouler les mélanocytes, ils iront se replacer sous les bulbes pileux et à court ou moyen terme, le pelage redeviendra de couleur normale (en effet, la première repousse peut être blanche).
Si les mélanocytes sont détruits lors du traumatisme, les nouveaux bulbes formés en seront dépourvus et donneront des poils blancs.
Il n'existe donc pas produit ou de méthode miracle pour redonner une couleur normale aux poils. Par contre, réduire l'inflammation, éviter l'anoxie ou les carences, ne pas utiliser de produits ou de techniques agressifs pendant la phase de recolonisation, lutter contre les infections et obtenir une cicatrisation rapide permet de ne pas détruire plus de mélanocytes que le traumatisme de base n'en a détruit. On a donc plus de chances de retrouver les belles couleurs du pelage originel.
A bientôt,
Anne