Traiter un pré à la chaux : une stratégie pour limiter les parasites des chevaux ?

Publié le par Anne ANTA. Editions Alpha et Omega

La chaux est un traitement parfois conseillé pour limiter la présence des parasites du cheval dans l'environnement et notamment pour traiter les pâtures. Dans cet article, Techniques d'élevage fait le point sur cette pratique, ses avantages et ses inconvénients.

Face au parasitisme des équidés, certains proposent de traiter l'environnement. Dans les traitements possibles, la chaux est citée, mais est-elle réellement efficace pour les parasites des chevaux ? Dans quelles conditions doit-on le faire ou s'abstenir ?

Quiconque a cherché un avis sur la chaux, en a trouvé plusieurs. Selon les sources, la chaux est soit inefficace, soit un remède qui permet de détruire 80 % des larves de parasites.

Quand un produit est jugé selon les cas "génial" ou "inutile", c'est que la question n'est pas si simple. Et si, après avoir éliminé les personnes ayant un intérêt évident à prendre une position, la dichotomie se maintient, alors il y a lieu de se poser des questions.

En général, quand les résultats sont si opposés c'est qu'ils ne répondent pas à la même question ou que le contexte ne leur permet pas d'obtenir un résultat semblable. Il faut donc s'attarder sur le "comment" et le "pourquoi".

La chaux est avant tout un amendement que l'on utilise pour améliorer le sol dans certains cas et notamment dans les pâtures utilisées par les chevaux.

Même ceux qui n'identifient pas d'impact parasitaire ne rejettent pas cet usage, voire le plébiscitent.

La chaux peut avoir un impact sur la biodiversité du sol. Mais en regardant les protocoles et les conseils agronomiques, on s'aperçoit rapidement que selon le contexte d'utilisation et la nature du sol, la chaux peut augmenter l'activité du sol ou la réduire fortement voire la détruire.

Les meilleurs taux de réduction parasitaire avec un usage de la chaux ont été obtenus en laboratoire, sur de petites parcelles ou quand le traitement à la chaux répondait à un besoin de la pâture.

Une hypothèse, pour expliquer les différences d'effets parasitaires, serait que l'usage de la chaux pourrait ne pas avoir d'effet direct mais un effet indirect par rééquilibrage du sol. Si bien que lorsque la chaux est une pratique "courante", que le sol est équilibré, le traitement n'aurait pas le même effet, la population parasitaire étant déjà adaptée aux conditions données.

Une autre hypothèse concerne la période à laquelle la pâture est chaulée. Cette période qui varie selon les protocoles et l'objectif visé pourrait avoir également un impact sur le résultat final.

Dans les autres espèces (ovins, bovins, caprins), la technique du chaulage est souvent considérée comme efficace mais insuffisante seule. Certaines méthodes incluant un hersage de la pâture pourront ainsi voir leur résultat s'améliorer.

Pour résumer, si vous pensez réaliser un chaulage et avoir un impact parasitaire, mettez toutes les chances de votre côté en traitant une pâture selon ses besoins, à un moment où les parasites ne sont pas enkystés et en pratiquant si possible d'autres techniques pour limiter la présence parasitaire.

Après chaulage, il est conseillé d'attendre à minima que la pluie lave la parcelle avant de remettre les chevaux.  Evidemment, si les préconisations d'utilisation vous indiquent qu'il faut attendre plus longtemps encore ou que vous pouvez vous permettre de le faire, n'hésitez pas à laisser un long temps de repos à la pâture.

Prenez garde dans votre gestion parasitaire à ne pas vous focaliser sur quelques parasites, au détriment de l'équilibre global. Le chaulage ne va pas impacter tous les parasites équins, n'oubliez pas ceux qui profiteront de la place libre.

Anne ANTA

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MAJ septembre 2021

Blé en herbe. Illustration Techniques d'élevage tous droits réservés.

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