Mon cheval tousse en hiver

Publié le par Anne et Cat

Béa nous a récemment laissé un commentaire : Ismène tousse !
Nous répondons à tous les coms, c'est un principe. Plus ou moins vite, c'est vrai (enfin, je parle pour moi parce que Anne est plus rapide...).
Alors Anne et moi, avons discuté sur ce qu'on pouvait proposer à Béa pour qu'Ismène passe l'hiver dans les meilleures conditions.
Le problème, c'est que la réponse au commentaire était tellement longue, que nous avons décidé d'en faire un article.
Et puis, plein de chevaux rencontrent ce type de problèmes à la mauvaise saison.

1ère remarque et peut-être la plus importante : Anne, c'est mademoiselle, pas madame. La jeune fille en fleur, c'est elle. La maman poule, raisonnable et sage avec rhumatismes et tout et tout, c'est moi, Cat.

Maintenant que cette importante précision a été publiée urbi et orbi (vous avez vu, j'ai des lettres), revenons à nos moutons.

Et il faut que je vous présente Ismène. C'est une magnifique jument mérens. Donc une race rustique, habituée au froid et à l'extérieur, avec une tendance à l'embonpoint, donc nourrie essentiellement au foin.

Pour les conseils généraux, je vais reprendre un article publié il n'y a pas très longtemps.

Une fois éliminée la vraie maladie, celle qui vous amène chez le véto, la toux se prévient par un tas de petites méthodes.


1. Observation du cheval

Il est important de chercher à comprendre comment apparait la toux ou comment elle s'aggrave : poussière, humidité...
Malheureusement, le plus souvent c'est les deux, mon général ! Mais parfois, cela donne de précieuses indications.

2. Alimentation

Bien secouer le foin (et évidemment pas sous le nez du cheval).

Donner des granulés ou des céréales non poussiéreux.
Eventuellement les mouiller légèrement avant de les donner. Evidemment, par temps de gel, ce n'est pas possible.


Donner du miel, de la propolis au cheval sur une pomme en morceaux (rajouter une cuillère d’eau chaude pour que le miel nappe bien la pomme). Ça passe bien, vous verrez…

Donner des infusions : thé de foin par exemple (décoction de foin), thym… avec du miel (si le cheval les boit, cela lui fera du bien).

3. Logement

Souvent en hiver, on fait un "box d'hiver" c'est-à-dire qu'on accumule du fumier dans le box pour produire de la chaleur.
Si le cheval a des problèmes de toux, cela peut poser problème. Dans ce cas, conserver un "box d'été" est préferable c'est-à-dire retirer les crotins au fur et à mesure. Le cheval a plus froid mais l'air est plus sain.

Classiquement aussi, en hiver, on ferme les volets la nuit. Cela concentre l'ammoniac qui irrite les voies respiratoires du cheval.

Donc, si le cheval est rustique, non tondu mais sensible à la toux, on peut essayer : box d'été + haut de porte ouverte toute la nuit + 1 couverture la nuit pour compenser une température beaucoup plus froide.

Si on est dans une région venteuse on peut remplacer le haut de la porte par un filet coupe vent : l'air circule mais il n'y a pas de courant d'air. Le filet coupe vent peut se mettre directement sur la porte fixé en haut ou on peut installer un coupe vent 1,5 m devant la porte pour une stabulation ouverte en permanence.

3. Travail

Délicat à mener sur un cheval non tondu : il ne faut pas qu'il mouille pour ne pas prendre froid mais il faut qu'il s'oxygène à fond pour se débarraser des mucosités qui provoquent la toux (comme la kiné respiratoire chez les bébés !).

Eviter de travailler dans un manège dont l’atmosphère ressemble au fog de Londres. Et même carrément, ne pas travailler en manège. La carrière, en hiver, c’est rarement poussiéreux !  Travailler en extérieur chaque fois que c'est possible.

S'il pleut (pluie froide) : plusieurs solutions : rester à l'intérieur (bof), mettre un couvre rein imperméable mais pas trop chaud, ou faire un stock de vieilles serviettes de toilette et sécher à l'arrivée (plus efficace que le bouchon de paille). Evidemment mettre ensuite le cheval à l'abri du vent tant qu'il n'est pas sec.

Hors temps de pluie, il faut faire un travail régulier. Beaucoup de pas pour bien chauffer et limiter les risques de claquage. Du trot pour chauffer sans mouiller (attention, ce n'est pas au moment du travail qu'un cheval mouille mais quelques minutes après le retour au pas. S'il mouille déjà au trot, on a déjà été trop loin).

Et là, je vais vous choquer (si, si,  je le sens...!)
Galop "cour de récré" c 'est-à-dire sur un cheval chaud, avec un terrain convenable, non pas un petit galop mais un galop à fond, explosif. Il faut que le cheval "crache ses poumons", il respirera mieux et il toussera moins ensuite.

2 précautions à prendre :

Temps très court pour que le cheval ne mouille pas (à l'arrivée, il doit être essouflé mais non mouillé). Pour vous donner une idée, équivalent 2 tours de manège, cela me semble une bonne cote, à ajuster ensuite suivant le cheval.

Ne pas tenir les rènes pour que le cheval ne soit pas gêné pour tousser. Se mettre en équilibre s'il le faut qu'il qu'il puisse tousser à fond.

Retour au pas, rènes longues avec un pas actif.

4. Les fumigations. Yves Benoit-Gironière dans " Cheval mon cher souci " (mon livre préféré !) propose une recette. Je ne l’ai jamais essayée. Par contre, rien n’empêche d’utiliser les huiles essentielles classiques pour l’homme comme les mélanges respiratoires. Pour éviter tout problème, ne pas laisser trop longtemps le cheval à côté. Un quart d’heure me semble une bonne cote.

Benoist-Gironiere Y., 1963 - Cheval mon cher souci. Librairie des Champs Elysées. Fumigation

On peut aussi désinfecter l’air pour éviter que d’autres chevaux ne l’attrapent en mettant quelques gouttes d’huile essentielle de citron dans l’écurie.


5. Une méthode qui marche très bien avec un cheval sage, c’est l’équivalent de l’écharpe de soie des humains.


Benoist-Gironiere Y., 1963 - Cheval mon cher souci. Librairie des Champs Elysées. Jowl Hood cataplasme
J’en ai vu une fois ou deux au salon du cheval mais ce n’est pas un produit courant. Par contre, un cheval enrhumé, ce n’est pas un top modèle, alors avec un vieux vêtement, on peut en bricoler un.

En allant fouiner sur Internet, j’ai trouvé des couvertures qui ont une protection imperméable sur le cou. J’ai même vu une couverture que d’épaules.

Un seul bémol, il ne faut pas qu’il soit mouillé et qu’alors il fasse l’effet inverse.

On espère que notre petite réflexion aidera Ismène... et pas qu'elle.

Cat

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