Urticaire, dermatite allergique, emphysème... et si tout était lié ?
Les urticaires, les dermatites allergiques (ou atopiques), et les emphysèmes sont de plus en plus souvent diagnostiqués chez nos animaux de compagnie. Les chiens, les chats, les chevaux et même certains rongeurs, souffrent de désordres dès le plus jeune âge.
Toutes ces affections ont souvent une même cause, une cause immunologique. En effet, les urticaires, les dermatites et les emphysèmes sont très souvent d'origine allergique. Le traitement symptomatique à base de cortisone s'accompagne de mesures diététiques et environnementales.
Pourtant, si on constate une amélioration de l'état des patients, on observe rarement une guérison. Or, dans un procédé allergique, il serait logique qu'une fois le ou les allergènes ôtés, on retrouve un animal « sain ». Pourtant, il n'en est rien.
Les aliments sont souvent accusés, les ingrédients « non bio » ou « non naturels » sont aussi décriés. Mais jusqu'à présent, les preuves sont rares et les résultats inégaux.
Les recommandations sont nombreuses, au désespoir des propriétaires qui ne voient aucune amélioration sensible ou des récidives fréquentes apparaître. Certains propriétaires pensent même tomber de Charybde en Scylla, en voyant leur compagnon développer d'autres troubles malgré les conseils.
Et si tout était lié ?
L'hypothèse est génétique et environnementale.
Côté génétique, elle impliquerait à la fois une prédisposition aux problèmes cutanés par une composition légèrement différente du derme et un système immunitaire légèrement plus sensible. Les deux combinés donneraient des urticaires fréquents chez les plus jeunes.
L'environnement est ensuite là pour favoriser ou au contraire défavoriser cette tendance chez le jeune animal. Les carences alimentaires, les plantes allergisantes et les produits de traitement externes semblent des facteurs favorisants fréquemment incriminés. Ils offrent une brèche dans le derme et mettent en contact le système immunitaire « sensible » avec de potentiels allergènes... ce qui rend le système plus sensible encore.
Les carences en zinc sont connues chez les chiens et les chats pour provoquer des lésions cutanées chez les jeunes individus... des jeunes qui ont souvent des problèmes de dermatite atopique quand ils grandissent.
Pour les chevaux, les carences en zinc commencent dès le plus jeune âge. Celles du poulain « sous la mère » découlent directement des carences de la jument allaitante dont les besoins élevés sont facilement non couverts si on n'a pas une supplémentation correcte. Ensuite, le poulain y est aussi facilement sujet si aucune ration n'est calculée (ou correctement adaptée). Les carences en zinc sont aujourd'hui connues pour des problèmes de croissance et de défense immunitaires, des enflures des jarrets et des boulets et des lésions cutanées.
La carence expérimentale entraîne des lésions cutanées débutant au dessus des sabots, remontant sur les membres puis s'étendant progressivement au ventre, au thorax et à la tête. La peau s’épaissit et noircit, se kératinise, on observe des pertes de poils, un exsudat vite sec, croûteux ou squameux. Il n'est pas rare d'observer des micro-abcès ou des ulcères. On a aussi des problèmes de pieds.
On a donc un jeune animal qui développe entre autres des petits urticaires d'origine allergique suite à des contacts inappropriés ou à une carence minérale. Ces urticaires vont solliciter son système immunitaire. Celui-ci va donc devenir avec le temps de plus en plus sensible.
L'animal grandit et les urticaires laissent place à d'autres manifestations plus violentes : les dermatites atopiques ou allergiques.
Ces dermatites sont souvent classées comme d'origine alimentaire car elles vont souvent de paire avec des réactions digestives.
Dans notre hypothèse, le tube digestif n'influence pas la peau, c'est la réaction allergique qui va de la peau aux muqueuses digestives.
L'animal devient alors sensible à tout.
Les symptômes se diversifient et s'aggravent : désordres digestifs, problèmes de peau, respiratoires, génitaux, oculaires... toutes les muqueuses et zones de contact sont progressivement touchées.
Les mycoses et bactéries s'en mêlent et les complications surviennent... de plus en plus nombreuses, de plus en plus virulentes.
Quand on met en place le traitement symptomatique et l'évitement des allergènes le résultat est donc non seulement transitoire mais partiel. D'où le manque d'amélioration sensible de l'état, le découragement du propriétaire et le recours obligatoire à la cortisone sur le long terme pour maintenir une situation « vivable » pour l'animal.
Cette hypothèse donne une autre stratégie de traitement basée sur l'absence de contact suffisamment long avec les potentiels allergènes pour éviter les réactions. Ainsi, l'alimentation maison (où le menu change chaque jour) donne de bons résultats chez les chats et les chiens quand on veille à l'équilibre nutritionnel.
Chez les chevaux, le délai d'adaptation du tube digestif rend cette technique moins efficace voire néfaste sur le long terme. Le traitement symptomatique semble donc aujourd'hui la seule solution acceptable pour un animal déjà atteint.
Mais l'hypothèse donne surtout une ligne de conduite différente aux éleveurs ou aux propriétaires de jeunes animaux. C'est dans ces premiers instants de vie qu'il faut veiller aux contacts du jeune animal, à sa nutrition et à l'absence de traitements externes fragilisant l'épiderme (shampoings, produits lustrants, anti-puces, anti-tiques...). Une fois cette étape passée, le système immunitaire semble plus stable. Le jeune animal sensible de naissance ne développera alors pas de séquelles dans l'avenir.
Catherine KAEFFER