L'acidose et le bicarbonate : une restriction
En traitement des acidoses métaboliques (destruction musculaire, intoxications...), on peut utiliser du bicarbonate que l'on rajoute dans l'eau de boisson. Il existe cependant un cas qui va nous empêcher d'utiliser cette méthode, somme toute bien pratique : un rythme respiratoire insuffisant.
Il nous faut nous plonger dans la biochimie clinique du maintien du pH sanguin pour comprendre cette restriction.
La réserve de bicarbonate (HCO3-) sert à cette intention. En réagissant avec un proton responsable de l'acidité (H+), on obtient donc H2CO3 qui va lui même être coupé par l'anhydrase carbonique en dioxyde de carbone (CO2) et en eau (H2O).
Jusque là, rien de particulier. Cependant, nous allons nous placer dans le cas délicat de l'urgence : peu de temps pour la réflexion et pas de matériel médical.
Une acidose forte sur quelques jours entraîne une fatigue profonde du diaphragme. Cette fatigue conduit à un ralentissement du rythme respiratoire. Dans une clinique, rien de plus facile, on place le patient sous assistance ventilatoire et on envoie le bicarbonate sans se poser de questions, à défaut de métaphysiques, du moins biochimiques.
Mais sans assistance ventilatoire et en donnant du bicarbonate supplémentaire, le taux de dioxyde de carbone augmentera très vite. Les protons en excès dans le sang vont « se ruer » vers cette arrivée providentielle et l'anhydrase carbonique fera son travail de bon cœur puisque c'est son rôle.
Au final, à la place de la mort à cause des conséquences de l'acidose (arrêt cardiaque à cause de l'hyperkaliémie), on obtient une intoxication par le dioxyde de carbone voire par le monoxyde de carbone. Le choix de la façon de mourir est cornélien, nous n'aimerions pas faire une erreur n'est-ce pas ?
Donc, en cas d'une forte acidose, en tout premier lieu, il faut prendre le rythme cardiaque et surtout, le rythme respiratoire. Sans cette donnée, nous ne pouvons être sûr du bien fondé de notre geste.
Bonne journée.
François Kaeffer