Comment choisir une pension au pré ?

Publié le par Anne Cat et François

 

Vous souhaitez mettre votre cheval en pension dans une écurie et vous optez pour une pension au pré. Quels pourront être vos critères de choix ?

 

La proximité de la pension et l’accès facile à votre cheval sont des critères qu’on néglige souvent. En effet, si on doit faire 30 minutes de voiture, cela peut poser problème pour venir voir le cheval aussi souvent qu’on le souhaiterait. Et puis, en hiver, cela veut dire que si vous sortez du travail à 17 heures, cela peut être carrément rédhibitoire puisque vous ne pourrez plus voir votre cheval dans le pré.

 

Le pré sera à la fois le logement et le lieu de nutrition de votre cheval. Il convient donc d’en faire le « tour du propriétaire ».

 

Sur le plan logement, il doit légalement comporter un abri, naturel ou artificiel qui permet au cheval de se mettre à l’ombre ou à l’abri du vent quelle que soit l’heure de la journée. Il doit comporter un point d’eau qui doit être et pouvoir rester potable.

 

La première chose à faire est de savoir si votre cheval sera toujours sur le même pré (pâturage permanent) ou tournera sur plusieurs prés (pâturage tournant). Sauf si le pré est très grand, avec un nombre de chevaux faible pour la surface, sur un plan alimentaire le pâturage tournant est toujours préférable. Notamment, il limite le parasitisme. Mais il demande à être bien géré.

 

Si vous avez un petit pré avec 2-3 chevaux dedans, vous aurez au mieux une alimentation à l’herbe possible à la belle saison à condition que les refus soient fauchés. Et encore car le fait que les chevaux soient aussi l’hiver sur la surface dégrade considérablement les sols. En outre, les vermifugations sont beaucoup plus nécessaires.

 

Il est important aussi de se renseigner sur les autres chevaux qui partageront avec lui le même espace. Les petits troupeaux nécessitent que les chevaux s’entendent. Finalement, une très grande surface pour beaucoup de chevaux permet à chaque cheval de se trouver des copains avec lesquels il a une affinité et de se tenir à l’écart des autres.

 

Un point important : la clôture. Les barbelés sont interdits. Le mieux est le ruban électrifié encore faut-il qu’il ne soit pas « froissé » ou avec des nœuds. L’ursus (grillage à mouton à mailles carrées) est très fortement déconseillé car les chevaux tapent dedans et peuvent desabotter. Il n’est tolérable que pour les poneys dont les pieds sont suffisamment petits par rapport aux mailles pour qu’ils ne puissent pas se prendre dedans.

 

Accordez une attention toute particulière à la clôture le long des routes. Une clôture doublée d’une haie ou d’une autre clôture est toujours plus sécurisante. Si vous avez une clôture électrique, vérifiez que l’entretien est bien fait et qu’aucun végétal ne la touche. Testez-la avec un brin d’herbe pour vérifier que le courant passe bien.

 

Si vous avez un cheval qui a pris la mauvaise habitude de se goinfrer de glands, trouvez un pré non bordé par les chênes… ce qui n’est pas toujours facile.

 

Si vous avez un poney, mesurez la hauteur du fil le plus bas. Elle doit être inférieure ou égale à la hauteur garrot - coude de votre poney. Sinon, il pourrait se glisser en dessous. Évidemment si vous avez l’intention d’avoir un poulain, il faut une clôture à minimum 2 hauteurs et quelque chose de plus haut pour un étalon.

 

Un pré ne peut se juger qu’en en faisant le tour puis en le traversant de part en part dans les deux sens. Attention suivant la saison, il aura un aspect tout différent. Repérez les zones de refus et leur hauteur. Plus elles sont hautes et lignifiées moins l’entretien est fréquent et cela diminue les ressources alimentaires. Repérez les zones de terre. Sont-elles plates, poussiéreuses ou avec des empreintes de sabot de 10 cm ? Une petite zone de terre aux abords de l’abreuvoir ou à la porte est normale. Au-delà, cela veut dire que le piétinement est trop important ou le sol pas porteur.

 

J’ai vu des prés accueillant une bonne dizaine de poneys où on s’enfonçait avec de la boue au dessus de la cheville en hiver. Les poneys se réfugiaient sur une petite hauteur où était donné le foin. 10 poneys sur une surface de 20 m², éloignée de tout abri et de tout arbre avec le round au milieu et les crottins tout autour… vive gale de boue et problèmes de fourchettes ! Depuis je souris lorsqu’on me dit que le pré, c’est le nec plus ultra… une bonne stabu bien paillée leur aurait sûrement mieux convenu… et cela aurait préservé ce pré qui aurait pu leur donner de l’herbe le printemps venu.

 

La présence de certaines plantes vous indiqueront que votre pré sera inondé tout l’hiver et que les risques de parasitisme sont accrus.

 

Sur un plan alimentaire, la première chose à noter en fonction de la saison, est la hauteur de l’herbe et la composition florale. Pour cela pas besoin d’être botaniste. Il suffit de vous promener. Plus vous voyez de plantes différentes plus vous êtes proche d’une prairie naturelle. Certaines prairies semées avec des mélanges ont 7-8 espèces mais rarement plus.

 

La hauteur est un facteur important car il vous renseigne sur la façon dont le pré est exploité. Si vous avez une herbe de moins de 2 cm, vous êtes sur un pré surpâturé. Si vous avez des zones hautes et des zones où il n’y a rien, c’est que vous avez beaucoup de refus… qui ne seront pas consommés par votre cheval.

 

De façon générale, si vous avez une herbe à moins de 4-5 cm avec beaucoup de refus, beaucoup de zones piétinées, vous devrez considérer que la valeur alimentaire de votre pré est faible. Si vous avez une surface homogène avec une herbe entre 10 et 25 cm, vous pourrez espérer nourrir votre cheval largement avec l’herbe. Si vous avez une herbe épiée, jaune, très haute, regardez bien au pied pour voir ce qu’il y a comme petits brins. En effet, une fois que vous aurez tout fauché, ce sont eux qui pourront coloniser plus ou moins rapidement.

 

Lors de votre promenade recherchez les trous de lapins. Ils sont à l’origine d’accidents mortels. Recherchez aussi les détritus, les gravats, les anciens trous… vous n’avez pas idée de ce qu’on peut trouver….

 

Si vous avez un cheval à faibles besoins type poney ou trait adulte, le pâturage permanent sur une seule parcelle ne lui conviendra que si cette parcelle n’est pas de bonne qualité et si le chargement (nombre d’animaux/ha) est suffisamment élevé. Sinon, à certaines périodes, il prendra du poids façon sumo et vous lui ferez courir de gros risques.

 

Pour ces chevaux il est donc souvent souhaitable de se renseigner s’il est possible de les mettre dans un pré avec un fil avant et un fil arrière pour limiter l’ingestion.

 

Enfin, il est indispensable qu’il y ait une possibilité pour le cheval de recevoir un repas par jour et si possible de façon individuelle. Même si vous estimez ne pas en avoir besoin, c’est la condition sine qua non pour pouvoir faire face à n’importe quel petit problème de santé.

 

Si vous avez un poulain ou une poulinière, il faut qu’il soit possible qu’il ait deux repas par jour et que ces repas soient individuels.

 

Enfin, le foin doit pouvoir être distribué à l’abri de la pluie dans une zone qui peut être nettoyée pour ne pas devenir rapidement un vrai cloaque en hiver. S’il n’est pas laissé en permanence, il doit être amené tous les jours obligatoirement voire 2 fois par jour.

 

Catherine Kaeffer

Pré avec zones de refus et une zone surpâturée au centre. Techniques d'élevage 2014. Image soumise à droits d'auteur

Pré avec zones de refus et une zone surpâturée au centre. Techniques d'élevage 2014. Image soumise à droits d'auteur

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :