L'éthologie appliquée ou le modèle sauvage
L'anthropologie a cédé la place au modèle sauvage dans beaucoup d'esprits. Là où on se référait à l'humain, on se réfère aujourd'hui à l'animal sauvage. Un animal sauvage qui n'existe parfois plus ou qui est bien loin de l'animal qui se tient devant nous.
L'éthologie, dans son sens premier, est l'étude du comportement des animaux dans leur milieu naturel.
Les conclusions de ces observations sont aujourd'hui plébiscitées, puis appliquées aux animaux que nous côtoyons chaque jour.
L'animal sauvage agit ainsi, l'animal domestique appréciera donc d'agir de même.
Cette comparaison que nous faisions entre l'Homme et les animaux, nous la faisons aujourd'hui plus souvent entre l'animal sauvage et l'animal de nos salons.
Ces deux comparaisons ne sont pas dépourvues d'intérêt car elles apportent un éclairage différent et des améliorations parfois notables pour le bien-être animal.
Mais ces comparaisons ne sont intéressantes que si elles restent ainsi et ne se transforment pas en identités.
C'est aujourd'hui pourtant un phénomène courant de voir les animaux sauvages devenir les symboles de l'idéal de l'animal domestique. Car nos animaux ne pourraient rêver que de cela, redevenir sauvages. En d'autres temps, ils rêvaient de devenir humains.
Un animal cesse d'être sauvage au moment où il est apprivoisé par l'Homme. Car, à cet instant, il perd beaucoup de ses préoccupations, de ses intérêts et les remplace.
En effet, un animal sauvage cherche sa nourriture, la chasse parfois, cherche de l'eau, cherche son ou sa partenaire, défend son territoire, se défend ou se cache des prédateurs.
Toutes choses qui sont étrangères aux animaux domestiques et aux animaux apprivoisés. Leur espace de vie réduit, la nourriture et l'abreuvement en abondance, l'absence de prédateur, l'absence de choix du partenaire et du contact avec des congénères... génère un changement des activités, une modification des priorités.
A cela il faut ajouter la relation avec l'Homme. L'Homme qui propose, impose, discute, apporte et enlève. Un être avec lequel il va falloir communiquer et qui n'est ni un congénère, ni un prédateur.
Car les animaux ne sont pas dupes et entretiennent avec nous des relations particulières.
Ils ne communiquent pas avec nous comme ils communiqueraient avec leurs congénères et développent des sons audibles pour nos oreilles, des mimiques compréhensibles par les humains ou des attitudes explicites.
Si bien que lorsqu'on leur applique les principes sauvages, les animaux qui entretiennent des relations avec l'Homme se retrouvent parfois en difficulté.
Comment appliquer un principe de choix du partenaire, de discrimination en matière de choix de nourriture, de choix de mode de vie, de déplacement... quand tout est contrôlé, limité, calculé par l'Homme.
Les activités des animaux sauvages devenues inutiles, ont laissé place au jeu, aux interactions sociales entre congénères et inter-espèces, à l'ennui, au pica...
Nos animaux n'ont pas choisi leurs partenaires, leurs relations, leur façon de vivre, d'élever et de transmettre à leurs jeunes. Ils sont donc profondément marqués, physiquement et mentalement par l'Homme qui leur a dégagé du temps, qui a modifié leur physiologie et leur mentalité, pour les rendre utiles. Ils ne sont plus les animaux sauvages qu'ils étaient.
Quand l'Homme décide, l'animal exécute, quoiqu'il en pense. Un principe qui n'est pas compatible avec une vie sauvage où le seul être qui décide est l'animal.
Les animaux sauvages sont comparables sur certains points avec nos animaux mais ils ne sont pas identiques et l'application des principes de la vie sauvage peut, dans certains cas, poser problème.
Servons-nous de cette comparaison pour améliorer la vie de nos animaux mais n'oublions pas qu'ils ont changé... et qu'il faut aussi savoir innover.