Alimentation du cheval : l’effet barbe à papa
On entend souvent dire qu’il ne faut pas donner plus de tant de litres d’aliment à un cheval en un repas. L’explication qui est donnée est que le volume de l’estomac est relativement faible (15 à 18 litres). En outre, il ne se remplit jamais complètement. Une quantité trop importante de nourriture entraîne sa vidange. Il y a souvent 2 vidanges au cours d’un repas (la notion de repas comprenant les repas de céréales ou d’aliments mais aussi les repas de fourrage ou les repas mixtes).
Au volume du repas proprement dit, il faut ajouter le volume de la salive, qui est 4 fois plus abondante avec du foin long qu’avec des aliments concentrés. Elle représente 50 à 70 litres par jour.
L’estomac a un rôle d’imbibition des aliments par les sucs gastriques et la salive. En outre, on a un début de d’attaque des protéines et des sucres.
On cherche donc à maximiser le temps de séjour gastrique des composés qui seront digérés dès l’intestin grêle comme l’amidon et les protéines. Par contre, pour les fibres, qui ne seront digérées que plus loin dans le tube digestif, le temps de séjour gastrique a peu d’impact sur le plan strictement nutritionnel.
Il est donc important lorsque l’on fait des repas de foin (mais bien sûr pas dans le cas d’un foin disponible en permanence) de respecter l’ordre foin (riche en fibres) d’abord qui sera poussé plus loin par aliment concentré (riche en amidon et en protéines) distribué seulement après pour qu’il reste 6 à 8 heures dans l’estomac.
On considère généralement qu’il reste à la fin d’un repas de foin, environ 2 kg de foin dans l’estomac et à la fin d’un repas d’aliment concentré, environ 4 kg d’aliment concentré dans l’estomac.
Vous noterez qu’on parle en poids et non en litres. Pourquoi ? A cause de « l’effet barbe à papa ».
En effet, si vous donnez 600 g de maïs à votre cheval, s’il est sous forme concassé, cela ne fera qu’un litre de produit alors que s’il est sous forme floconnée cela en fera 2 dans la mangeoire.
Mais dans l’estomac, une fois réduit par la mastication, les deux auront le même volume.
C’est l’effet barbe à papa : 2 cuillères à soupe de sucre dans un gâteau, ce n’est pas beaucoup. Mais si vous transformez ces 2 cuillères en barbe à papa, votre petit dernier pourra se cacher derrière. Une fois passées par sa bouche et ses dents, au bout du compte, ce ne sont que deux cuillères qui arriveront dans son estomac.
C’est donc bien une question de volume, mais de volume « mâchouillé » si je peux m’exprimer ainsi ce qui est parfois très différent du volume mis dans la mangeoire.
Petite remarque en passant : on ajoute souvent des fibres pour amener les chevaux à mastiquer plus longtemps leur repas et augmenter la production de salive. Cela présente l’avantage pour les chevaux qui reçoivent une quantité de fourrage limitée de tamponner l’estomac et donc de limiter les risques d’ulcères.
Dans ce cas, comme le volume de salive est plus important (à priori de l’ordre de 2 à 3 fois), il va s’ajouter à l’aliment dans l’estomac. Le maximum qui pourra rester à la fin ne correspondra donc pas à 4 kg d’aliment mais plus vraisemblablement à 2 ou 3.
Catherine Kaeffer
N'hésitez pas à profiter de notre service d' établissement de bilans nutritionnels personnalisés pour votre cheval ou votre écurie en cliquant sur l’onglet « Demander un bilan nutritionnel » en haut de cette page ou en vous connectant sur notre site.
La garantie de l'expertise, le choix de l'indépendance
MAJ Août 2021