Comment gérer les vermifuges quand on a qu'un pré ?
A l'heure où de plus en plus de propriétaires sont sensibilisés aux problèmes de résistances, où les vermifuges sont considérés comme néfastes pour l'environnement et sont parfois remplacés par des produits dits plus doux ou naturels, comment gérer les vermifuges avec un seul pré ? Une réflexion menée par l'équipe de Techniques d'élevage
La question peut paraître anodine et pourtant, même si le cas est fréquent, il représente un véritable défi en terme de gestion. Le contexte est simple, des chevaux et un pré unique dans lequel ils passent tout leur temps.
On ne peut que recommander la présence d'un box, d'un pré isolé ou d'une zone paillée, pour permettre la mise en place d'une zone "infirmerie", quarantaine ou dans le cas présent "post vermifuge".
Mais quand ce n'est pas possible ou souhaité, on peut tout de même utiliser les vermifuges en respectant certaines précautions.
Ramasser les crottins
La première est de ramasser les crottins après le vermifuge pour limiter la diffusion de molécules. Cette mesure n'est efficace que si vous avez un espace pour stocker ces crottins et les assainir en dehors de tout contact direct ou indirect (via les jus) avec la pâture. Le ramassage doit être complet et régulier, surtout juste après traitement car plus il est régulier, plus l'environnement sera préservé.
Si vous avez donné de l'ivermectine, ramassez à minima une semaine, dans l'idéal un mois.
Si vous avez donné de la moxidectine, ramassez à minima 28 jours, dans l'idéal doublez ce temps.
La présence de praziquantel n'augmente pas le temps de ramassage nécessaire.
Si vous avez donné du fenbendazole, ramassez pendant 24 heures.
Si vous avez donné du pyrantel, ramassez pendant deux jours.
Certains propriétaires réduisent la zone pâturée pour faciliter le ramassage. Cette technique préserve également partiellement la pâture. Ces données sont reprises, à titre indicatif, n'hésitez pas à solliciter votre vétérinaire sur cette question.
Varier les molécules
L'absence de rotation rend le changement de molécule plus important, car il est un des paramètres pour limiter les résistances. Il est important de prendre en compte les cycles parasitaires, surtout si vous avez des traitements rapprochés, pour ne pas traiter deux fois la même population. Si le ramassage des crottins est incomplet ou non réalisé, on peut considérer que la sélection s'est partiellement réalisée dans les populations environnementales. Le vermifuge suivant en sera impacté.
Méfiez-vous des périodes de repos parasitaires prévisibles (l'hiver) ou liés aux conditions climatiques (sécheresse) qui vont provoquer un retard dans les cycles et donc un traitement potentiellement répétitif.
Les analyses de crottins
La stabilité environnementale fait reposer la gestion parasitaire en grande partie sur les capacités des équidés présents. Les analyses de crottins constituent un outil de suivi efficace de ces capacités. Elles ne vous diront pas quel traitement choisir, mais elles peuvent vous alerter sur une situation en perte d'équilibre ou sur un affaiblissement d'un individu.
Le suivi vétérinaire
Avoir un pré unique est une situation qui expose aux variations parasitaires quand un équidé s'affaiblit. Le suivi de votre vétérinaire est donc indispensable. N'hésitez pas à le solliciter pour toute perte d'état ou fatigue constatée, car les parasites sont des opportunistes et ils peuvent brouiller un diagnostic par leur présence.
L'usage des produits naturels
Certaines plantes peuvent vous aider à réguler la population parasitaire si vous avez des équidés compatibles avec les traitements envisagés. Il est important si vous souhaitez entamer cette démarche de veiller à ce que les populations restent sensibles aux produits utilisés. Procédez comme avec les vermifuges prescrits par votre vétérinaire et ramassez les crottins autant que possible.
La gestion de l'environnement
Les zones de refus, les zones humides et d'herbes hautes devraient être limitées. Le stockage du crottin devrait se faire en fumière avec récolte des jus. Limitez le développement des végétaux en dessous des clôtures, à proximité des abris, des abreuvoirs et sous les râteliers.
L'hygiène
C'est un point souvent oublié, mais l'hygiène des râteliers, abreuvoirs, seaux... permet de limiter la présence parasitaire. Le nettoyage des zones de grattages et le fait de ne pas donner d'aliment à même le sol sont aussi de bonnes habitudes à prendre.
La lutte directe
Le retrait des gastérophiles et la surveillance des crottins vous permettront de limiter les populations locales simplement.
Conclusion
Les vermifuges sont des traitements, la prévention permet d'en limiter l'usage et donc d'en préserver l'efficacité. D'autres mesures présentées ci-dessus vous permettront d'en limiter l'impact, elles ne constituent pas une analyse personnalisée de votre situation. N'hésitez donc pas, lorsque vous irez chercher l'ordonnance, à échanger avec votre vétérinaire ou mieux à lui demander de visiter vos installations pour un conseil personnalisé et un traitement efficace.
Anne ANTA
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MAJ août2022