Granulés, croquettes et autres bouteilles à l’encre !

Conversation maintes fois entendue dans les écuries :

" Qu’est-ce que vous lui donnez à votre cheval ? "

" Je lui donne des granulés. "

" Mais encore ? "

" Ben… des granulés. "

" Mais il y a quoi dedans ? "

" Je ne sais pas… Enfin ce sont de bons granulés. Donc il y a tout dedans ! "

Ceci dit, je me moque, mais je ne devrais pas, parce que pour les autres animaux, c’est un peu pareil :

" Qu’est-ce que vous lui donnez à votre hamster (chien, chat, canari, poisson rouge) ? "

" Je lui donne des granulés (croquettes, graines, nourriture à poissons, burger (oh non, excusez-moi, ça c’est pour les humains et pour les humains, il n’est pas important que cela les nourrisse… et c’est même mieux si cela ne contient aucune calorie ! )). "

Et bien quelle que soit l’espèce, cela veut dire en termes clairs, qu’on ne sait pas du tout ce qu’on donne à l’animal.

Le granulé ou la croquette ne sont qu’une forme de présentation de la nourriture. Un granulé cheval peut être à base de foin ou de céréales et nutritionnellement ce n’est pas du tout la même chose.

Au mieux, on peut obtenir une analyse chimique : Matière sèche, UF, Matière azotée, vitamines…

Mais vous allez me dire que vous savez ce qu’il y a dedans. D’ailleurs, il y a une liste d’ingrédients : (céréales, issues de meuneries, foin, viandes…).

A ce propos, vous savez comment on formule un aliment dans les usines de production ?

Facile.

D’une part vous avez les contraintes : mon aliment doit apporter tant d’énergie, tant d’azote. Il ne doit pas contenir plus de tant de tel produit pour éviter les ennuis digestifs. Tel produit est totalement interdit etc.

D’autre part, vous avez les prix (souvent au marché mondial) qu’il est possible d’obtenir sur tel et tel produit.

Vous prenez un bon logiciel dans lequel vous entrez toutes ces données (pour les fans de maths, on fait une régression multiple à n facteurs… enfin, c’est le logiciel qui la fait).

Et vous sortez de la boîte la formule la moins chère possible qui répond à toutes les contraintes.

Vous magouillez encore un peu pour éviter les aberrations industrielles du style : il faut mettre 10 g d’orge par tonne de produit… et vous obtenez la formule finale pour votre lot de fabrication.

Évidemment deux jours après, les prix ont changé… donc vous faites tourner à nouveau la bécane et vous sortez une autre formule.

Conclusion :

Si vous achetez la même marque de granulés qu’il y a un mois, sa composition ne sera pas forcément la même (je dirais même plus, comme les Dupont, ce sera forcément pas la même !).

Alors quand on voit que les trois quarts des propriétaires ne regardent même pas la liste, limitée, des contraintes chimiques… c’est dire que l’alimentation de l’animal, c’est la bouteille à l’encre.

Pour les humains aussi d’ailleurs, mais pour eux, ce n’est pas grave !

Cat

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