Animal sauvage : examen à distance
Attraper un animal sauvage, c’est le soumettre à un énorme stress qui peut lui être fatal s’il est en état critique. C’est pourquoi, il est important de faire abstraction du côté " oh, il est mignon " ou " il a l’air si malheureux " pour faire place à la dureté technique.
Un examen à distance est une façon de se faire une idée d’ensemble sans risque pour vous et pour lui. Il ne nécessite aucun matériel et quoi qu’en dise les spécialistes, il faut faire un diagnostic avant de décider si on porte ou non secours à un animal sauvage. Car " porter secours " ne rime pas forcément avec " aider " l’animal.
Restez hors de portée d’une éventuelle attaque tant que vous n’avez pas fait votre diagnostic. Ceci fait, vous pourrez entrer doucement dans le périmètre en prenant garde à ce que vous puissiez toujours fuir. Vous devez être très méfiant car même un bébé écureuil peut faire des dégâts et un bébé mignon a toujours des parents pas forcément aussi mignons !!
L’animal sauvage doit être vigilant
Il doit être attentif à son environnement, donc à vous. L’animal doit vous suivre des yeux et être très réactif. Essayez de faire des mouvements lents comme lever un bras, vous accroupir, vous relever… L’animal n’est pas obligé de fuir, ni de vous fixer en permanence, mais si vous faites quelques pas vers lui, il doit réagir même faiblement (tension du corps par exemple).
Cas particulier : Les chouettes effraies semblent souvent prostrées et dénuées de réactivité mais ce n’est pas chez cette espèce un critère de mauvaise santé. De même, un mustélidé (belette, hermine, fouine…) peut attaquer avec un membre fracturé. Il faut donc rester prudent quel que soit le résultat de ces premiers tests.
Photo d’une mésange mal en point
La posture de l’animal
Une position voûtée, une suppression d’appui, une aile portée basse, une patte qui traîne, une position figée… Peuvent être des signes de mauvais état général.
Cas particulier : Chez les oiseaux une aile portée basse est souvent signe de fracture. Plus l’aile est basse, plus la fracture est proche du corps.
Pigeon avec une fracture de l’humérus : en haut de l’aile
Le pelage ou le plumage
Des poils ou des plumes collés ou en désordre cache parfois des affections graves : plaies, fractures… Un pelage ou un plumage terne ou non entretenu par l’animal peut révéler un mauvais état de santé. Des plumes manquantes, cassées ou en " fourreau " (signe de mue) peuvent fragiliser l’animal.
Martinet en pleine mue : observation des plumes " en fourreau "
Cas particulier : Certains oiseaux présentent une zone glabre ventrale en période de reproduction, ceci n’a rien de pathologique.
La respiration
Observez les mouvements respiratoires, l’animal est-il à bout de souffle. Chez les oiseaux, la respiration doit se faire le bec fermé. Un bec ouvert est synonyme de stress ou d’insuffisance respiratoire. Ecoutez également la respiration de l’animal pour détecter tout bruit anormal.
Cas particulier : Attention, chez les petits rongeurs, la respiration est très rapide et l’animal semble souvent hors d’haleine.
Observation de l’environnement
Observez l’environnement pour détecter la présence de sang, de déjections, de pelotes de réjection…
Les déjections peuvent vous donner une indication de l’état de l’animal.
La présence de pelotes de réjection montre que l’animal s’est alimenté dans les 48 heures précédant le rejet de la pelote.
Cas particulier : Attention aux petits oiseaux et aux rongeurs chez qui, à cause de leur petit poids, quelques gouttes de sang peuvent être synonyme d’une hémorragie sérieuse…
Les photos sont issues de la thèse de l’école nationale vétérinaire d’Alfort écrite par Caroline COMBET (2009) : Pratique de la prise en charge de la faune sauvage de France métropolitaine par le vétérinaire praticien.
Geai atteint d’un torticoli
A bientôt
Anne