C’est à boire, à boire… c’est à boire qu’il nous faut ! (suite)
On méconnaît souvent l’importance de la qualité de l’eau, quel que soit l’élevage. L’eau représente à peu près 2/3 du poids du corps pour l’adulte et encore plus pour le jeune en croissance. Elle est nécessaire à tous les processus physiologiques, de la digestion à l’élimination. Bref, un animal meurt plus vite d’un manque d’eau que d’un manque de nourriture. Les animaux adaptés à la sècheresse ont en fait des mécanismes de stockage, d’économie et de récupération d’eau extrêmement performants.
Il faut donc à la fois la quantité : 54 l par jour pour un cheval, 5 litres pour une truie et la qualité c'est-à-dire une eau propre, sans contaminants et sans teneur anormale en minéraux (notamment pas d’eau salée ou saumâtre et une attention pour l’eau complémentée en fluor).
Évidemment, si l’animal travaille (et donc transpire) ou s’il s’agit d’une femelle allaitante, la quantité d’eau ingérée est nettement plus importante.
Un animal en bonne santé doit toujours recevoir autant d’eau qu’il voudra en boire. Attention cependant à l’animal déshydraté notamment par forte chaleur et/ou après un effort important. Dans ce cas, il convient de fractionner l’apport d’eau (si possible pas trop froide) en lui présentant de petites quantités à intervalles de 3 à 5 minutes jusqu’à ce que sa soif soit visiblement calmée.
Il faut aussi éviter de donner un repas sec, type granulé ou croquettes, à un animal assoiffé. Le désaltérer d’abord progressivement, puis lui donner le repas.
Chez le cheval, cette précaution de " couper l’eau " est indispensable pour éviter les coliques. Tirer sur les rênes ou sur la corde du licol ne sert à rien… on est rarement le plus fort. Il faut mettre un doigt dans la bouche du cheval au niveau de la barre pour faire un appel d’air qui désamorce l’effet de pompe par lequel le cheval aspire l’eau.
Une mauvaise qualité de l’eau est une cause de pathologies à laquelle on pense peu. Elle peut provenir d’une accumulation de matières fécales ou de restes d’aliments dans l’abreuvoir (certains chevaux sont spécialistes !), d’une insuffisance de nettoyage de l’abreuvoir, d’un abreuvoir en mauvais état (genre vieux fond de bidon avec restes de peinture qui avec le temps s’écaillent), d’un animal mort au fond de l’abreuvoir (on ne le voit pas toujours)…
Pour l’eau ne provenant pas du réseau public, donc garantie potable au départ (cas plus fréquent qu’on ne se l’imagine parfois), on peut citer la présence de contaminants (épandage d’engrais, de pesticides, de boues, de lisiers…) ou de cadavre au niveau du captage, une pollution liée à des travaux, voire un captage " risqué " par exemple de l’eau prélevée directement dans un fleuve (il faut parfois voir certaines installations pour le croire…).
Vous pouvez aussi avoir un problème plus insidieux de mauvais entretien d’un animal. Une eau simplement ancienne, qui a une mauvaise odeur ou simplement une odeur différente peut amener un animal à restreindre sa consommation suffisamment pour avoir de petits problèmes dont on n’arrive pas à trouver la cause. Idem dans le cas où l’accès au point d’eau est désagréable. Attention aussi en stabulation à ce qu’il y ait suffisamment d’abreuvoirs pour que chaque animal puisse se désaltérer en paix et éviter les risques de comportement de dominance.
Pour éviter la contamination de l’abreuvoir avec de la nourriture, il peut être efficace de mettre l’abreuvoir assez loin de la mangeoire ou du râtelier à foin. Dans les cas où ce n’est pas possible, mettre une séparation entre les deux de façon à éviter le passage continuel de l’un à l’autre, la " bouche pleine ", peut limiter les dégâts.
Les abreuvoirs automatiques sont vraiment très pratiques mais ils peuvent être traîtres ! Il faut donc les vérifier très souvent.
Cat