L'apprentissage de la route par les animaux sauvages
Cette année-là, la route avait fait des ravages dans la population de renards. Des associations se sont donc mobilisées pour limiter l'hécatombe et bientôt, tout le secteur fut passé au peigne fin pour sauver les malheureux renards.
Un terrier de renard fut découvert, juste à côté de la route. Pour éviter que le massacre ne perdure, les associations animales décidèrent donc, pour le bien des renards, de déménager le couple au plus vite.
Les renards furent donc capturés et relâchés plus loin. Mais pas assez. Si bien, qu'on nota quelques temps plus tard, la présence d'une petite famille le long de la route. Les parents équipés d'émetteurs furent formellement identifiés comme étant ceux que l'on croyait avoir mis à l'abri.
Ne pouvant déplacer les renards et les renardeaux sans risques pour les jeunes, une surveillance fut mise en place. Quelques temps plus tard, l'observation de cette petite famille a montré que les renardeaux de ce couple ne mourraient jamais sur la route.
En effet, dès leur plus jeune âge, ils apprenaient auprès de leurs parents à faire attention aux voitures, à savoir quand passer et où passer. De véritables cours se tenaient devant la route, les parents expliquant aux jeunes à se conduire correctement pour leur propre sécurité.
L'étude fut étendue et cette observation se révéla exacte pour toutes les familles de renards qui avaient un terrier dont le territoire comportait une ou plusieurs routes à fort trafic.
Les renards retrouvés morts sur les routes, tous âgés d'environ un an, étaient des renards qui venaient de quitter leurs parents. Partant à la recherche d'un territoire, ceux-ci mourraient car ils ne connaissaient pas la route et ses dangers.
Cette étude montre que les renards transmettent leurs connaissances à leurs progénitures.
Le premier contact étant souvent fatal, les renards ont peu d'occasions de transmettre ce savoir. Il faut donc favoriser au maximum les familles de renards le long des routes, pour que ce savoir, encore minoritaire, devienne majoritaire.
Et même si l'intention reste louable, déloger ou écarter un animal de la route est contraire à toutes les préventions pour diminuer le nombre de morts sur les routes. Car comme les renards, les autres animaux (daim, cerf, blaireau, hérisson...) apprennent comment se conduire et le transmettent à leurs jeunes.
Les autoroutes restent un cas particulier et doivent être protégées, car la vitesse des voitures rend la route infranchissable et les dégâts sur les animaux et les conducteurs très importants.
La vie est une suite de dangers plus ou moins mortels, mais les animaux, grâce à l'apprentissage, peuvent les éviter. Si on les empêche d'apprendre, tous les animaux tomberont dans le piège.
A bientôt
Anne
