L'enfer est pavé de bonnes intentions
C'était un cheval de 4 ans, un excellent potentiel, un sauteur formidable... Il était certainement promis à un bon avenir. Cela faisait un an qu'il travaillait dans ce centre équestre, tout le monde l'adorait pour sa sensibilité, son émotivité. Il jouait avec les grands enfants, faisait des câlins aux petits...
Un jour, un cavalier, fan de concours d'obstacles, un homme réputé sans scrupules, demande à l'acheter.
La nouvelle se répand comme une trainée de poudre. Beaucoup hurlent qu'il faut empêcher cette tragédie ! Ce cheval, si beau, si sympa... ne peut pas finir dans de pareilles mains.
Le lendemain, on prépare le cheval. La foule se rassemble autour de la carrière, hurlant qu'on ne peut pas faire ça, que c'est la mascotte du centre équestre...
Le cavalier monte sous les hués. Un tour au pas, un tour au trot, un tour au galop. Le cheval se place mais son émotion se lit dans ses oreilles tendues et ses naseaux dilatés... Un léger écart devant un enfant, suivi d'une brusque accélération ne fait que confirmer mes craintes, le cheval ne contrôle plus ses émotions... Il a peur, une peur panique. Et cette peur, c'est la foule qui lui inspire.
Le cavalier demande à ce que l'on mette en place un oxer, hauteur maximale.
La foule n'est toujours pas calmée et cette demande provoque un nouveau brouhaha dans l'assistance.
Le cavalier prend le galop, fait un cercle et se dirige vers l'obstacle. Le cheval est nerveux, trop nerveux... Il saute et fait tomber une barre.
Une, deux, trois foulées de galop. Le cavalier demande un arrêt, il l'obtient souplement. Il descend et fait non de la tête au directeur.
La foule hurle sa joie, certains courent pour féliciter le cheval... Une grande victoire !
Une monitrice jette un regard au directeur, se penche et glisse ce mot à mon oreille : « boucherie ».
Pour elle, c'était une évidence.
Un mois après, plus personne ne parlait de la vente. Mais la décision du directeur était prise... le cheval prit le van pour la dernière fois.
A bientôt
Anne