Le cheval a ses raisons que le cavalier ignore…
A 5 ans, Kiki était une jeune jument pleine d’entrain, un peu espiègle mais désireuse de bien faire.
Nous nous connaissions par cœur. Je l’avais débourrée sans problèmes particuliers et depuis, nous sillonnions les chemins creux et pillions ensemble les buissons de mûres à la belle saison.
Ce jour-là, nous trottions dans un nouveau chemin quand tout à coup elle s’arrêta net.
J’ai pensé qu’elle avait eu peur de l’inconnu ou du fossé que nous allions passer ou des crocodiles dans la haie (comme dirait Eros) ou de quoi que ce soit d’autre…
J’ai caressé, expliqué que tout allait bien, que les crocodiles restaient au zoo… rien n’y a fait. Elle refusait obstinément de faire un pas de plus.
J’ai rusé en l’invitant à partir à droite ou à gauche … sans succès.
J’ai mis des jambes.
Elle restait là, tétanisée, soufflant un peu, bloquée…
Puis elle s’est calmée mais a maintenu un refus obstiné de faire un pas de plus.
J’ai fini par me fâcher. Je l’ai grondée puis je lui ai mis un coup de cravache sur l’épaule.
Même refus.
J’ai voulu mettre pied à terre.
Elle ne m’a pas laissé faire.
Nous sommes restées sur place un bon quart d’heure.
Je ne savais plus à quel saint me vouer… quand tout à coup, j’ai vu sortir une vipère d’un buisson juste sur le bord du chemin.
La vipère passée, Kiki s’est tranquillement remise en marche.
J’avais eu tort. Je lui ai présenté mes plus plates excuses… et j’ai fait tout le chemin du retour avec une jument qui trottinait en tortillant du cul, la queue en panache : « T’as vu, j’avais raison ! Hein t’as vu… t’as vu !!! ».
J’avais vu en effet.
Cat