Modifier un comportement prédéfini : pourquoi est-ce si difficile ?

Publié le par Anne et Cat

 

La mémoire peut poser des problèmes lorsque l'animal a été traumatisé (abandon, blessure...). Comment cela se passe au niveau physiologique dans ce cas précis ?

 

On peut voir le cerveau comme les petits ordinateurs de jeu d'échecs qui « apprennent ». L'ordinateur va établir des stratégies et en fonction de l'issue de la partie, il va privilégier certains déplacements jusqu'à obtenir une méthode imparable.

 

De même, le cerveau va privilégier certaines liaisons entre neurones de façon à obtenir en réponse à tel stimulus, tel comportement. C'est ce que l'on appelle la potentialisation à long terme. A ce moment-là on peut dire que le comportement est anatomiquement inscrit dans le cerveau.

 

Et maintenant, partie spéciale savant fou !

 

La potentialisation à long terme s'effectue principalement grâce à un acide aminé (le glutamate) et à deux récepteurs-canaux :

  • NMDA : récepteur-canal liant le glutamate et permettant l'entrée de calcium. Cependant, le canal est bloqué par un ion magnésium, ce qui nécessite une dépolarisation du neurone pour le débloquer.

  • AMPA : récepteur-canal liant le glutamate et l'aspartate, le canal laisse passer le sodium.

 

Le glutamate, une fois libéré, va se lier aux deux récepteurs mais le NMDA est bloqué. Le récepteur AMPA fait entrer le sodium et donc dépolarise la paroi cellulaire. Cette dépolarisation détache l'ion magnésium de notre NMDA préféré et alors entre le calcium. Le calcium en se liant à la calmoduline induit une cascade de messagers secondaires et ainsi la production de NO synthase.

 

La NO synthase est une enzyme qui produit du monoxyde d'azote. Cette molécule peut traverser les membranes et elle ne va pas se gêner ! Le monoxyde d'azote va passer au niveau pré-synaptique (le neurone ayant libéré le glutamate), va activer la guanylate cyclase (production de GMP cyclique) et enfin stimuler la libération de glutamate. Et le cycle continue !

 

Le délire est terminé !

 

Pour ceux qui ont craqué avant, je dirais que la potentialisation à long terme, c'est comme un cercle vicieux (ou vertueux selon les cas), chaque expérience va être comprise à travers ce prisme et va à son tour contribuer à la renforcer.

 

Cette capacité de renforcer la liaison entre deux neurones va permettre, au fur et à mesure que cette liaison sera sollicitée, d'avoir un comportement adapté à un stimulus sans réflexion réelle de la part de l'animal. C'est efficace, rapide, économique... mais peu évolutif puisque très difficile à remettre en question car les voies de circulation de l'information dans le cerveau « sont arrangées comme ça ».

 

Un animal traumatisé a donc besoin de beaucoup temps pour se remettre en question, pour limiter la surstimulation de cette voie comportementale et se refaire un autre comportement. Par la suite, dès qu'on approchera un tant soit peu de la situation traumatisante, même sur un détail qui peut paraître futile, le comportement se reproduira... et contribuera à réactiver le vieux réflexe. Chat échaudé craint l'eau froide !

 

Tout le principe du dressage et pire, du redressage, est d'obtenir les « bonnes » connexions pour nous, les humains. Une sorte de micro-chirurgie que seul l'animal peut effectuer, cela nécessite du temps, de la patience, de la pratique. Le redressage est pire car les connexions sont déjà faites, elles sont d'ailleurs faites dans son intérêt à lui, pas dans le nôtre, vulgaires humains !

 

C'est lui et lui seul qui doit changer, les autres ne sont qu'un appui, une aide. Si on le place de force devant sa peur, l'animal ne réfléchira pas : il identifiera et prendra le comportement qui lui a le plus réussi et finalement, si vous insistez, il va vous associer à sa peur.

 

Conclusion :

Quand on a la confiance, que ce soit un humain ou un animal, on la garde. Car ça ne se retrouve pas!

 

Francois

 

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