Morsure de vipère : comprendre et réagir

Publié le par Anne et Cat

 

Lors de balades dans la forêt ou dans les montagnes, vous pouvez rencontrer des serpents, plus particulièrement des vipères.

 

« Serpent », un mot qui en fait frémir plus d'un, et lorsque l'on voit son animal, un proche, ou soi-même, mordu par ces animaux, c'est la panique !

 

Pourtant, en Europe, les cas de morsures mortelles sont rares alors pourquoi paniquer ? La méconnaissance de ces animaux et de leurs venins est une partie de la réponse, nous allons donc y remédier.

 

Il faut en premier lieu signaler que les serpents ne sont pas des distributeurs automatiques de venin. En effet, une morsure peut être défensive ou « sèche » sans venin, ou bien en délivrer une quantité plus ou moins forte. Cependant, toute morsure de serpent doit être considérée comme une urgence potentiellement sérieuse.

 

Selon la quantité de venin injectée, on a :

 

Morsure défensive sans venin : traces de morsure sans gonflement ni douleur particulière jusqu'à 60 minutes après la morsure. Au bout de 60 minutes, on a apparition de l' inflammation normale due à toute piqûre ou morsure.

Dose de venin légère : gonflement et douleur au niveau de la morsure, nausées, vomissements. Ces symptômes apparaissent dans les 30 minutes. Ensuite on constate une accélération du cœur.

Dose de venin modérée : œdème s'étendant sur le membre mordu, vomissements, diarrhées et chute de tension se traduisant par une pâleur. Remarquez que c'est un signe qui ne signifie pas grand chose quand l'animal ou la personne est paniqué et passe donc « par toutes les couleurs » !

Dose de venin sévère : œdème massif sur le membre mordu et le tronc, coloration bleuâtre de la peau, vertiges, inconscience, voire coma.

 

Les venins sont des mélanges complexes de composés interférant avec des fonctions importantes de l'organisme. Le venin des serpents est composé de 90 % de protéines divisées en deux catégories :

  • les protéines sans activité enzymatique : ces toxines agissent au niveau des muscles et des nerfs qui les commandent. Par leur action sur la membrane des cellules, elles bloquent l'activité musculaire empêchant ainsi le signal nerveux d'atteindre le muscle. Elles servent à immobiliser la proie. Par contre, elles sont sans effet sur le cerveau, protégé par la barrière existant entre le sang et lui (barrière hémato-encéphalique). Ce sont donc des neurotoxines périphériques.

  • Les enzymes : ces molécules ont pour rôle de tuer et de digérer la proie. Ce sont ces enzymes qui produisent la majorité des effets constatés entraînant une inhibition temporaire d'une fonction normale de l'organisme (toxines fonctionnelles).

 

Les nausées et les vomissements s'expliquent par la réaction de l'organisme par rapport à une toxine étrangère, le cerveau va interpréter l'intoxication comme provenant de la nourriture et essayera de l'éliminer au maximum par évacuation !

 

Une conséquence directe des enzymes est la destruction des liaisons entre les cellules, amenant une fuite d'eau et de minéraux dans le milieu interstitiel à partir du sang. Il y aura donc moins de liquide dans les vaisseaux sanguins, d'où une baisse du volume de sang et donc une baisse de la tension artérielle donnant lieu à des vertiges. Cette baisse est compensée par une augmentation du rythme cardiaque afin de retrouver une pression artérielle normale. Dans les cas graves où l'on n'a pas de compensation malgré un rythme cardiaque soutenu parfois jusqu'à 140 battements par minute (normal entre 70 et 80 battements par minute ! ) on a apparition d'une perte de conscience et si le cœur a une crampe, la mort.

 

Pas de panique, vous ou votre cheval êtes bien plus gros qu'une souris ou alors vous avez une sacrée ligne ! Le venin sera moins concentré et donc moins dangereux.

 

Certains gestes peuvent se faire afin de limiter les risques et d'autres sont contre-indiqués, mais dès les premiers signes prouvant la présence de venin, il faut faire appel au vétérinaire :

 

  • Rassurer l'animal mordu (ou la personne) sinon on ne peut pas observer les signes de l'intoxication et pour le rassurer soyez vous-même calme.

  • Le membre mordu doit être immobilisé afin de limiter la diffusion du venin.

  • Si possible, le serpent doit être identifié, sans se faire mordre soi-même c'est mieux ! Et sans se tromper (si vous voyez un serpent de plus d'un mètre, c'est une couleuvre, vous pouvez donc soigner normalement la plaie)

  • Pas de garrot, ni glace, ni chaleur. Cela augmenterait les dégâts produits par la morsure et le venin.

  • La succion ou l'excision de la zone mordue sont totalement inutiles.

  • Pour les incisions, l'intérêt est discutable... et discuté.

 

Les chevaux sont souvent mordus au niveau du nez donnant lieu à un œdème important de la face avec souvent du sang séché au niveau des naseaux. Cet œdème est le principal danger pour le cheval qui risque d'avoir ces voies respiratoires bouchées et de mourir par asphyxie. D'où l'utilisation d'anti-inflammatoires pour limiter les risques.

 

Certains livres préconisent une incision afin d'évacuer l'eau et désenfler l'œdème. Si tout cela n'est pas suffisant, il faudra procéder à une trachéotomie, mesure d'extrême urgence utilisable lorsque la vie du cheval est en jeu.

 

Le chien et le chat vont rechercher le contact avec leur maître et être très abattus. Le chat semble nettement plus résistant que le chien, le cheval, et l'Homme.

 

François

Publié dans Urgence-Orphelin

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