Problèmes posés par un garrot ou l'écrasement d'un membre
Le garrot est un lien élastique exerçant une compression sur un membre pour enrayer ou prévenir une hémorragie. La connaissance des risques liés à la pose d'un garrot est indispensable pour le secouriste comme pour l'éleveur ou le propriétaire.
Vous pouvez aussi vous retrouver en situation de garrot de façon involontaire. C'est le cas d'un animal pris dans des fils de fer et qui tire afin de se libérer. Ou d'un animal dont un membre reste coincé et écrasé sous un objet lourd.
Que la pose soit volontaire ou non, il faut comprendre les impacts afin de réagir au mieux.
L'arrêt du flux sanguin empêche l'arrivée de nutriments et d'oxygène en aval du point de compression. Afin de lutter, l'organisme va changer de méthode pour produire de l'énergie même en l'absence d'oxygène et il va produire un déchet, l'acide lactique... vous savez, celui qui vous donne des courbatures ou des crampes au lendemain d'un effort trop intense !
Cet acide lactique va augmenter l'acidité du sang et de l'intérieur de la cellule avec deux conséquences : la libération de potassium dans les 20 minutes après la pose et le risque de dégâts au niveau du muscle. Par exemple chez le chat, un garrot placé pendant une heure va provoquer des changements dans le fonctionnement des muscles persistant jusqu'à 7 jours.
Le potassium rejeté par les cellules est en outre dangereux pour les cellules cardiaques, pouvant entraîner un problème de rythme du cœur voire son arrêt, d'où l'intérêt de connaître (et de noter) l'heure de la pose d'un garrot.
Outre les problèmes d'acidité, avec la compression traumatisant les tissus et la stagnation du sang, on a le risque de production de caillots sanguins, lesquels peuvent être libérés dans la circulation lorsque le garrot est retiré. De plus, la compression des nerfs, et des vaisseaux a pour conséquences :
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Un risque de paralysie du membre si le garrot est maintenu trop longtemps (écrasement du nerf),
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Une mort massive des cellules du membre qui débouchera le plus souvent sur une gangrène nécessitant une amputation. Pour l'Homme, le risque de nécrose devient important au bout de 2 heures alors que chez le chien le garrot ne doit pas être maintenu plus de 1 h 30.
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Une douleur devenant insupportable au bout d'une trentaine de minutes (surpression du sang dans les vaisseaux pas totalement bouchés). Qui n'a jamais eu de fourmillements dans la jambe lors d'une compression légère maintenue un certain temps ?
Évidemment, ce n'est guère réjouissant ! Alors que faire pour que cela se termine le mieux possible !
Il vaut toujours mieux laisser un professionnel le défaire, d'autant plus que la compression a été maintenue longtemps, mais dans le cas où vous n'auriez pas le choix, un relâchement du garrot doit être entrepris très lentement afin de limiter les effets secondaires.
Il ne faut surtout pas oublier que pour l'animal c'est très douloureux il va donc tirer de plus en plus fort afin de se libérer et il va paniquer.
Dans le cas d'un membre écrasé sous une lourde charge, il vaut mieux mettre un garrot (un vrai) juste au dessus de la partie comprimée avant de dégager le membre. En effet, allez soulever progressivement une dalle de béton... Une fois l'animal dégagé, il sera possible de desserrer doucement le garrot (ou de transporter l'animal jusqu'à une clinique en le laissant).
Déterminez l'heure de la mise en place du garrot ou de l'écrasement. Il faut être aussi précis que possible.
Rappelez-vous qu'un bon soigneur reste un soigneur vivant ! Ne vous mettez pas en danger !
Desserrez lentement et ne mettez pas vos doigts dans la boucle, l'animal en tirant va refermer la boucle sur vos doigts vous blessant ou vous les coupant.
Enfin, si le membre a été compressé très longtemps ou qu'il est dans un état extrêmement grave, évoquez avec votre vétérinaire la possibilité d'arrêter les souffrances de votre animal. Il saura vous conseiller. C'est une décision que vous seul pouvez prendre mais qui est parfois l'ultime preuve d'amour.
François