Le but d’un apprentissage : il gâche la photo !
Quelle que soit la finalité, les méthodes employées, qui dit évolution mais aussi dressage, habituation, désensibilisation et j’en passe… dit apprentissage.
Et les apprentissages suivent une voie dans laquelle on peut reconnaître des étapes communes :
1. L’étape de la terre
A ce stade, on a répétition mécanique d’un mouvement, sans réelle compréhension. C’est la phase apprentissage des gestes, éducation des muscles, réponse conditionnée. Le résultat obtenu est correct mais rigide. C’est le stade où on répète pour que chaque muscle obéisse, pour que la réaction soit automatique.
Le chien ne bouge pas quand on lui dit « Pas bouger ! ». Le cheval lève le pied quand on dit « donne ». Le poulain recule quand on appuie sur son poitrail.
Pour l’homme, c’est aussi le stade de l’explication : « A ce moment, tu dois avancer la main de quelques centimètres. » « Tu dois fermer les doigts. » « Penche-toi en arrière. »
2. L’étape de l’eau
Le mouvement mécanique est acquis mais il est brut de décoffrage. Il faut maintenant le rendre fluide. C’est la recherche de l’eau qui coule dans l’exécution du mouvement, tantôt impétueuse, tantôt calme. C’est la recherche du rythme. Du moindre effort dans l’exécution.
A ce stade, les départs au galop se font plus souples. Le cheval monte dans son galop. Le cavalier transforme sa patate en cercle bien rond, il se lie à la selle. Le cheval se déplace sans à-coups. Le chien revient sans qu’il y ait besoin de faire un éclat de voix. L’enfant lit sans trébucher sa page.
Les demandes se font de plus en plus discrètes. C’est le stade de la décroissance, de la descente de jambe. L’exécution se fait plus logique. Mais l’ordre même discret reste et le travail reste un travail.
A ce stade d’un apprentissage, beaucoup de personnes ont le sentiment d’être arrivées au bout du problème… puisque cela marche sans grincement dans les rouages.
3. L’étape du feu
Le mouvement est sans entraves, mais est toujours dénué de sens, de personnalité. A l’étape du feu, il doit incorporer la vie. Dans le mouvement, doit s’exprimer la personnalité de l’individu, sa vision du monde, sa philosophie.
Pour un cheval, c’est le côté expressif de son travail qui apparaîtra. Le chien guide ne fera pas que répondre à un ordre, il exprimera toute sa personnalité dans sa façon de travailler.
Le mouvement ne doit plus simplement être bien techniquement, il doit avoir un sens, une raison d’être, répondre à une envie des protagonistes. Le cheval qui vous mène de l’autre côté de l’obstacle de façon correcte et fluide mais sans aimer cela, sans y mettre sa personnalité, restera au stade eau. Pour l’homme, c’est toute la différence entre quelqu’un qui fait bien une activité et quelqu’un qui est un passionné… pas grand chose à voir, vous en conviendrez.
4. L’étape du vent
Le mouvement est acquis, fluide et a un sens personnel pour l’individu. Petit à petit, il peut aborder l’étape du vent. Au fil du travail naissent des sensations nouvelles. Tout paraît plus simple, naturel, comme si toute la complexité, tout le travail d’avant s’effaçait. On ne fait plus, on est.
Le violoniste ne pense plus à bouger ses doigts. Il ne pense plus à l’attaque de l’archet pour que la musique soit fluide. Il ne pense plus à donner de l’expressivité à sa musique. Il est dans la musique et la musique naît de ses doigts… « naturellement »… Il est la musique.
A ce stade, on a souvent l’impression d’une sorte de danse. Les gestes sont à leur place parce que c’est dans l’ordre des choses. On n’a plus conscience de ses mouvements. On pense et cela se fait. La tête ne réfléchit pas, elle se laisse porter par le vent. Elle va vers un vide plein de toutes les potentialités.
Lorsque, avec un animal, vous arrivez à ce stade, vous vous mettez à son écoute totalement. Vous conversez avec lui et vous vous adaptez à ce qu’il vous dit. Vous n’avez plus une méthode, ni des méthodes. Vous n’éduquez pas selon tel ou tel principe. Vous faites ce que vous devez faire à cet instant précis.
Vous pensez et le cheval fait. Pour le spectateur non averti, comme il ne vous voit rien faire, il a le sentiment que vous ne servez plus à rien. Et comme vous ne servez plus à rien, on ne voit pas pourquoi vous êtes là.
En quelque sorte, vous gâchez la photo.
Ce n’est qu’une théorie me direz-vous… Certes mais elle est puissante et s’applique à moult situations… je vous en parlerai dans un prochain article.
Catherine Kaeffer
Découvrez le guide Améliorez, Comprenez, Testez votre relation réalisé par TE.
Pour commander l'ensemble de nos publications, utilisez notre bon de commande
La garantie de l'expertise, le choix de l'indépendance
#techniquesdelevage #nutritionnisteequin #stages #nutritionequine