Les enseignements des troupeaux d'équidés sauvages : agression, dominance et création humaine

Publié le par Anne ANTA. Editions Alpha et Oméga

Il faut s'imposer, agresser, être supérieur pour dominer... Une notion équine ou créée par l'Homme ? Dans tout troupeau il y a un dominant, certes... mais qu'est-ce qu'un dominant ? Je ne vous demande pas la notion humaine, ni la définition du dictionnaire mais la définition équine. Quand un cheval est dominant, qui est-il, que doit-il, que lui doit-on ? Techniques d'élevage fait le point.

Le dominant, ce n'est pas le premier à se nourrir et à boire

On défini le plus souvent le dominant par celui qui a accès en premier aux ressources limitées.

Si cette notion est souvent observée chez les prédateurs. Chez les herbivores, le plus souvent cette notion est abstraite.

En effet, l'herbe vient rarement à manquer et si elle manque, elle manque partout et ne peut donc être « réservée » sous la forme d'un tas pour le dominant.

Il reste ensuite l'accès à l'eau, mais là encore, le dominant y a rarement accès avant les autres car les points d'eaux sont généralement assez larges pour accueillir les animaux ensembles ou à plusieurs.

Le dominant n'est pas toujours l'étalon

En effet, le dominant n'est pas l'animal qui se reproduira le plus dans les troupeaux d'équidés.

Un troupeau compte en moyenne 4 à 6 individus : l'étalon, la jument et ses filles et fils ayant moins de 3 ans.

Il faut parfois ajouter à cela une deuxième femelle ou un deuxième étalon au rang hiérarchique moins élevé... mais en tout, quand l'espace ne manque pas, on garde un petit troupeau qui n'amène pas ou peu de compétition reproductive. Dès lors, l'étalon n'a aucun intérêt à être dominant.

On trouve dans les troupeaux sauvages des étalons mais aussi des juments dominantes et l'âge semble jouer un rôle très important dans l'attribution de cette fonction.

En effet, les chevaux dominants sont souvent des animaux d'âge et d'expérience.

Le dominant ne s'impose pas

Un dominant s'impose selon la loi des prédateurs car il doit être capable de chasser et de prendre la place des autres pour être prioritaire en terme de reproduction et de nourriture.

Comme nous l'avons vu, le dominant équin n'a pas à se battre pour être le premier à se nourrir ou à se reproduire une fois intégré dans un troupeau.

L'équidé dominant ne s'impose donc pas.

Quel est le rôle de l'équidé dominant ?

Il protège les siens contre les prédateurs et les étrangers mais son rôle quotidien est tout autre et ne nécessite que très peu de muscle.

Loin de tout nos principes de prédateurs, l'équidé dominant est un « directeur responsable des relations équines ».

Autrement dit, il gère la cohésion du groupe et s'arrange pour diminuer au maximum l'agressivité au sein de son troupeau.

Il prend en charge les jeunes, les recadre, leur apprend à faire preuve de retenue.

Il protège les plus faibles, punit ceux qui se montrent tyranniques ou agressifs.

Et en aucun cas, il ne se montre agressif lui-même.

L'équidé dominant est un être à la recherche de calme et de paix. C'est aussi pour cela qu'il est désigné par les autres chevaux... et loin de prendre sa place par la force, c'est en s'interposant lors des conflits que le dominant deviendra le maître de son troupeau. La cohésion est un gage de survie pour les équidés sauvages et le dominant en est le garant.

Mais vous, vous n'observez que très rarement cette paix dans un troupeau domestique... et pour cause, les vrais dominants sont rares dans nos chevaux. Ils sont souvent rejetés, incompris ou non tolérés car ils s'interposent et refusent le conflit, y compris avec nous, sans pour autant changer d'opinion ou de méthode.

De plus, le sevrage jeune, l'isolement, les groupes formés de plusieurs jeunes avec peu ou pas d'adultes... tout cela empêche la transmission des connaissances, des méthodes de gestion des conflits équins ou de la communication équine. Une transmission qui se fait dans la nature jusqu'aux 2 ou 3 ans du jeune dans son troupeau de naissance puis auprès de d'autres troupeaux et équidés.

Nous avons donc des chevaux qui ont très souvent peu ou pas appris de leurs parents et qui doivent donc tout redécouvrir avec des humains parfois incapables de leur expliquer leur place et qui appliquent des notions de prédateurs totalement inappropriées.

Nous ne sommes pas des équidés et nous ne pouvons les leurrer mais au moins, quand nous nous adressons à eux, quand nous les observons, quand nous « écoutons » ce qu'ils nous disent... oublions notre côté prédateur et parlons équin !

Anne ANTA

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MAJ août 2022

Etalon agressif au box. Techniques d'élevage (R) Tous droits réservés

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