Évaluer la digestion d’un cheval en regardant ses crottins

Publié le par Catherine Kaeffer. Alpha et Omega

Regarder les crottins de son cheval ou de son poney est une source d’information à ne pas négliger, elle est disponible, régulière… je n’irais pas jusqu’à dire que ce sont des nouvelles fraîches de ce qui se passe à l’intérieur mais c’est quand même un peu cela.

 Laissons de côté le problème des parasites et l’estimation de la nécessité ou de l’efficacité d’une vermifugation qui demande le plus souvent pour être un tant soit peu efficace, le recours à un laboratoire. Oublions aussi les cas ouvertement pathologiques pour nous concentrer sur le cheval sain.

 Dans une première approche, le crottin est le résidu indigestible de la ration. Sachant ce que votre cheval ingère, vous pouvez vous faire une idée de ce qu’il a digéré ou pas, en regardant ce qui ressort. Mais il contient aussi des parasites, de la flore digestive, des résidus endogènes notamment des enzymes, des fragments de cellules intestinales desquamées etc.

 Un bon crottin est bien moulé, de couleur dorée à froment et a une odeur faible.

 Il doit contenir des brins mais ceux-ci ne doivent pas être longs. Sinon, cela prouve qu’ils ont mal été mâchés. Il faut donc vérifier la dentition. Si les brins sont peu abondants, le crottin est moins « moulé » sans pour cela que l’on soit en présence d’un crottin liquide ressemblant à une bouse de vache. On peut alors se poser la question d’une teneur en fibres insuffisante de la ration. En effet, une bonne partie de l’indigestible est composé de fibres. Or ces fibres sont très importantes car elles ont un effet de « balayage » du tube digestif et assurent un volume suffisant permettent aux digesta de progresser normalement.

 Le crottin ne doit pas contenir de grains entiers. S’il en contient, cela veut dire que le cheval a avalé tout rond, pas qu’il digère mal. En effet, un grain avalé entier sans être broyé que ce soit mécaniquement ou par les molaires du cheval, est très difficilement attaquable et ressort donc intact. Là encore, regardez si la dentition est correcte.

Mais certains chevaux goulus avalent leur ration rapidement, sans la mâcher, ce qui les prédispose non seulement à une mauvaise digestion mais aussi à des bouchons oesophagiens. Pour ceux-là, les moyens classiques pour ralentir l’ingestion sont bien connus : mettre un gros caillou ou la pierre à sel dans la mangeoire, étaler la ration sur le sol, la mélanger avec un peu de foin pour obliger le cheval à faire le tri. Il est aussi indispensable d’assurer la tranquillité pendant les repas notamment, pour les chevaux en groupe. Pour ces chevaux pressés, anxieux qui « boivent leur avoine », l’aplatissage, le broyage ou d’autres traitements, sont indispensables.

Autrefois, on faisait parfois germer les crottins pour savoir s’il y avait des grains qui étaient ressortis intacts ou non. Évidemment, avec un granulé, un floconné ou après aplatissage, cela n’a plus aucun intérêt.

 Le pH d’un bon crottin est entre 6 et 7 souvent aux alentours de 6,2 à 6,5. (mesuré au ph-mètre ou avec un papier pH).

 L’humidité est entre 60 et 70 %. La méthode est de faire sécher au four jusqu’à poids constant (24 heures à 105° ou 48 heures à 80°). Si vous le mettez plus chaud, cela va plus vite mais cela détruit aussi un certain nombre de molécules et le résultat est légèrement faussé.

 Et évidemment, si vous essayez cela dans le four de votre cuisine, entre le gâteau au chocolat et le gigot d’agneau, je doute que votre famille soit d’accord… et puis, cela va vous parfumer toute la maison… bon appétit !

 Il faut savoir que l’humidité d’un crottin est totalement indépendante de la teneur en eau de la ration. Vous pouvez servir du grain sec, humidifié, sous forme de barbottage ou de soupe, si vous restez à composition constante, cela n’aura aucune influence.

 En revanche, un crottin contient plus d’eau en cas d’excès alimentaire en potassium (cas bien connu de l’herbe jeune ou effet laxatif de l’apport de mélasse), de sel ou de magnésium. Certains aliments dits émollients ou rafraîchissants comme le son ou les pulpes de betteraves augmentent la teneur en eau des crottins et régularisent le transit. Ils ont la particularité d’absorber l’eau en grande quantité et d’augmenter de volume. Ce sont eux qu’on rajoutait traditionnellement dans les mashes pour les chevaux de course.

Les apports massifs de céréales ont entre autres conséquences de provoquer une certaine irritation de la muqueuse intestinale, entraînant à haute dose des inflammations et des intolérances digestives. Le cheval a peu d’appétit, de la diarrhée, voire des coliques. Il maigrit et prend un aspect efflanqué. On disait que le cheval était « brûlé » à l’avoine ou « séché » ou « sucé » à l’avoine. 

Catherine Kaeffer

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Aspect d'un crottin. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

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