Rétention des enveloppes fœtales, quand faut-il s’inquiéter ?

Publié le par Anne et Cat

Lors d’une mise bas normale, le petit est expulsé puis, un certain temps après, le placenta et les membranes fœtales (amnios, chorion, voir le schéma ci-dessous). Mais il n’est pas rare que ces enveloppes restent en place bien après le temps requis (ce temps est variable selon les espèces et je le préciserai au cas par cas). Faut-il s’en alarmer ? Que faire pour éviter que cela ne se produise ? Quelles sont les conséquences ? Des questions légitimes, la réponse ci-dessous.


schéma chiot dans l'utérus
Ceci est une représentation schématique (issue du net) du chiot et de ses enveloppes dans l'utérus.

Remarque : tous les placentas ne sont pas identiques (ils ne forment pas tous une ceinture autour du jeune).

Bovins

Les membranes fœtales s’expulsent normalement 3 à 8 heures après la mise bas.

La rétention placentaire est déclarée si les enveloppes ne sont toujours pas expulsées après 24 heures. C’est le cas de 5-15 % des vaches laitières en bonne santé, moins chez les vaches à viande.

Les facteurs prédisposant sont :

- L’avortement

- La dystocie (difficultés de mise bas dues à un bassin trop étroit, un fœtus trop gros ou mal présenté, nécessite le plus souvent une césarienne)

- L’hypocalcémie

- La naissance gémellaire (de jumeaux)

- Une température élevée de l’environnement

- L’âge de la vache

- La naissance prématurée

- L’induction de la mise bas

- La placentite

- Troubles nutritionnels (carence en sélénium, vitamine A, cuivre et iode)

La maturation et l’expulsion du placenta débutent en fin de gestation. On observe une altération du collagène placentaire, puis les contractions utérines au moment de la mise bas aplatissent le placenta et induisent des changements de pression qui diminuent l’afflux sanguin. Ces étapes permettent de préparer l’expulsion placentaire.


Le diagnostic est posé quand on observe des membranes dégénérées de couleur anormale ou fétides à la sortie de la vulve après le temps donné (24 heures). Le diagnostic est plus difficile quand les membranes restent dans l’utérus, il faut souvent attendre l’apparition d’un écoulement fétide pour pouvoir le poser.


Dans la plupart des cas, il n’y a aucun symptôme. Les seuls symptômes observés sont liés à la toxémie qui s’en suit parfois.

Ce n’est pas une maladie grave en absence de complications, elle est même le plus souvent inoffensive pour la vache et ne fait que déranger les soigneurs. Mais on observe une augmentation de la fréquence des métrites, des cétoses, des mammites ou des avortements lors des gestations ultérieures. Risque non négligeable de récidive.


L’extraction du placenta manuellement est déconseillée car potentiellement dangereuse. On peut parer (découper) éventuellement les tissus gênants à la sortie de la vulve pour éviter l’infection des voies génitales. L’administration intra-utérine d’antibiotiques peut être nuisible. En cas de symptômes généraux, un traitement aux antibiotiques et aux anti-inflammatoires anti-stéroïdiens est indiqué.


Les vaches non traitées expulsent leur placenta 2 à 11 jours après le vêlage.

Chevaux

Le placenta de la jument est normalement expulsé au bout de 3 heures après le poulinage (ce délai passé, on appelle souvent le vétérinaire pour effectuer un premier traitement). Cette expulsion peut être retardée de 8 à 12 heures sans signes généraux.

 

Les facteurs prédisposant sont :

 

- Une infection

- Un avortement

- Une gestation courte ou prolongée

- Une atonie utérine

 

Chez la jument, on peut avoir une rétention partielle du placenta, le diagnostic est alors plus difficile à poser. Il faut donc vérifier qu’il ne manque rien au placenta expulsé, si une partie manque il faudra appeler le vétérinaire. Il doit peser environ 4 kg et doit avoir la forme du placenta ci-dessous :

 

 

placenta jument 

La rétention placentaire peut s’accompagner d’une métrite ou d’une péritonite. La boiterie est une complication potentielle. L’extraction manuelle n’est recommandé que pour déplacer les parties placentaires déjà détachées et doit être très douce.

 

En cas de rétention placentaire prolongée, il faut traiter préventivement la jument aux antibiotiques et aux anti-stéroïdiens pour prévenir la formation d’une fourbure.


Moutons, chèvres et porcs

 

Chez la brebis et la chèvre, on recommande une traction légère sur le placenta et un traitement systémique.

 

Chez la truie, le placenta n’est pas visible à l’extérieur en cas de rétention. On peut aussi avoir une non-expulsion de certains fœtus. On a alors une décomposition intra-utérine du fœtus et du placenta. Symptômes généraux et écoulement vaginal purulent. La rétention peut avoir des conséquences graves voire fatales mais le plus souvent le pronostic est bon. Un traitement existe.

Chats, chiens…

 

La rétention placentaire provoque habituellement une métrite. Les signes sont une contraction continue, la présence d’une masse fusiforme associée à l’utérus, un écoulement anormal de la vulve (de part sa couleur ou son odeur), de la fièvre et/ou une léthargie. Traitement ou chirurgie doivent être envisagés.

 

Chez la chatte, des écoulements appelés lochies sont normaux après parturition et durent 2 à 6 semaines. Ils sont de couleur rouge-brun et ne présentent pas d'odeur particulièrement désagréable. Il n’y a normalement pas de délai entre l’expulsion des chatons et l’expulsion des placentas.


De même, chez la chienne on observe pendant plusieurs semaines des lochies et l’expulsion des placentas s’effectue soit entre les naissances, soit à la fin de la mise bas.


Et pour le hamster… Je sais pas ! Avis aux connaisseurs. De même, si vous avez des informations sur d’autres espèces, je suis preneuse ! (et les autres aussi, j'en suis sûre ! )


Chez les animaux qui ont plusieurs petits (chats, chiens, hamsters…), il faut bien faire attention qu’il y a un placenta par petit et qu’il suffit qu’un seul placenta ne soit pas expulsé pour entraîner des complications.


Bonne fêtes à tous et à toutes

Anne

Publié dans Elevage, Physio-pathologie

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