Une croissance, pas toujours synchrone

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Omega

Lors d’une croissance, surtout si elle est tardive, l’ensemble des tissus ne grandissent pas d’une manière toujours parfaitement synchrone ce qui peut entraîner chez le poulain des gênes dans les mouvements, voire des douleurs. Techniques d'élevage fait le point

Lorsqu’on pense croissance, on pense le plus souvent à la croissance osseuse. Mais lorsqu’un os grandit, l’ensemble des tissus adjacents doit aussi s’allonger. Les points d’attache des muscles étant toujours à la même place, forcément, le muscle va devoir s’allonger si l’os grandit. En s’allongeant, il va paraître plus fin, plus plat. Le nerf qui parcourt toute la jambe pour aller jusqu’au bout du pied, va devoir prendre de la longueur. Les vaisseaux sanguins devront eux aussi « pousser » puisque leur point de départ et leur point d’arrivée si je peux m’exprimer ainsi, est toujours le même. Si les deux points s’écartent, le vaisseau sanguin devra s’étirer. De même, pour les fascias. tout va devoir suivre le mouvement imposé par l’os qui lui forcément étant rigide imposera sa longueur.

Il est donc très courant lorsqu’un poulain grandit, surtout s’il s’agit d’une poussée de croissance un peu brutale, que l’os soit un peu en avance par rapport aux autres tissus. Pour le muscle, cela pose peu de soucis car par définition, un muscle est élastique et fait pour s’étirer. Mais il y a des limites. Si un mouvement exigeait auparavant l’étirement maximum d’un muscle et si le muscle est momentanément tendu par une croissance osseuse, la marge de manœuvre musculaire sera moins importante. Le mouvement paraîtra raccourci, étriqué, moins « libre » qu’avant. Pour les autres structures, ce petit décalage de quelques jours ou de quelques semaines, risque d’entraîner des gênes au déplacement voire carrément un jeune cheval qui n’est pas droit, pas carré.

Le fait d’avoir les os qui grandissent va aussi engendrer des couples différents dans les forces qui s’exercent sur les articulations, un plus grand bras de levier. Si la croissance en elle-même peut engendrer des douleurs articulaires momentanées, le fait que les différents segments travaillent de façon différente peut aussi engendrer un mouvement plus heurté, moins contrôlé et des douleurs.

Dernière modification engendrée par une croissance, la représentation du corps dans l’espace. Le cerveau a intégré la forme du corps dans l’espace. Il sait quelle place il doit avoir pour passer ou pour tourner. Il sait quels ordres donner à telle ou telle partie du corps pour à la fin obtenir le mouvement souhaité. C’est un schéma complexe mais suffisamment intégré par les multiples essais-erreurs pour qu’il s’effectue sans réflexion. Si le corps et son équilibre sont brusquement modifiés, le jeune cheval risque de se taper facilement dans les portes ou les angles, de ne plus savoir gérer son équilibre notamment avant/arrière et donc de tomber plus souvent.

Dans tous ces cas, il faut simplement laisser aux tissus et au cerveau le temps de s’adapter à la nouvelle donne, en évitant les blessures.

Catherine Kaeffer

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MAJ février 2022

Poulain. Techniques d'élevage (R) Tous droits réservés

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