Entretenir un cheval au pré : vaches grasses, vaches maigres

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Omega

Beaucoup de chevaux sont nourris avec une alimentation conservée.

Conservée donc finalement assez constante. Le foin que vous donnez aujourd’hui est peu différent de celui que vous donniez il y a 15 jours. L’orge provient de la même récolte, du même lot.

Et je ne vous parle pas des aliments industriels où on vous certifie qu’ils apportent des nutriments de façon constante et contrôlée tout au long de l’année.

Nourriture constante, composition constante, quantités constantes. Si les conditions ne varient pas ou si vous savez vous y adapter, vous pouvez avoir un cheval qui est « bien » toute l’année… ni trop gros, ni trop maigre. Au micropoil.

Bon, si je vous parle de cela ce n’est pas parce que nous sommes à cette période de l’année où mes journées sont consacrées à « huile solaire, maillot de bain, silhouette de rêve et sieste alanguie sous les cocotiers ».

Non, si j’aborde ce sujet c’est qu’on est en pleine saison de pâturage… et oui, c’est moins romantique.

Une saison de pâturage, c’est une herbe qui évolue constamment. En quelques jours, elle peut avoir changé.

La très jeune herbe du printemps est pleine de sucres, d’eau, d’azote peu élaboré et de potassium… tout ce qu’il faut pour avoir une magnifique « diarrhée de mise à l’herbe ».

On s’inquiète.

Ensuite, vous avez l’herbe grasse, l’herbe à vache et voilà les chevaux et encore plus les poneys ou les ânes qui se retrouvent ronds comme des ballons et gras comme des cochons qui pataugeraient toute la journée dans une gamelle pleine.

On envisage d’inscrire tout le monde à Weight Watcher.

Et puis l’été arrive. Un peu de canicule, une sécheresse, l’herbe devient dorée comme une savane et tout ce beau monde si replet il y a quelques semaines encore, décolle à vue d’œil.

On complémente à donf parce qu’ils font pitié… c’est vrai quoi… !

Revient la pluie d’automne. Ils reprennent un peu.

Cela fait plaisir mais franchement, à ce point, il faudrait les restreindre…

Et puis l’hiver, il fait froid. Il n’y a plus rien à manger.

Alors on sort les couvertures, le foin à volonté, les compléments. Il faut absolument qu’ils gardent un bel état sinon gare à la SPA.

Bref, on se stresse pour gommer les effets normaux des saisons. Dans le cas d’un animal adulte et stable (pas une jument reproductrice ou un vieux cheval), ce n’est pas forcément une bonne idée.

Le pâturage, c’est comme le sel dans un plat… c’est plus facile d’ajouter que de la retirer.

Si vous avez un animal qui est difficile d’entretien ou qui a de forts besoins, en fait, finalement c’est plus facile. Vous complémentez toute l’année, plus ou moins mais vous complémentez. Donc vous maîtrisez.

Mais si vous avez un animal qui a tendance à grossir type cheval de trait qui ne travaille pas, poney ou un âne qui arrive à se nourrir avec 3 cailloux, vous entrerez très vite dans le cercle vicieux de la restriction des surfaces, des temps de pâturage et de l’utilisation d’un panier.

Ce n’est pas toujours évitable mais souvent. Comment ? En acceptant les périodes de vaches maigres.

En hiver, en été, l’animal doit nettement décoller. Évidemment sans tomber dans la cachexie mais il est normal et sain qu’un trait ou qu’un âne sorte de l’hiver svelte voire légèrement maigre.

Comme cela, l’apport important de l’herbe de printemps ne posera plus de problème.

De même, la sécheresse d’été permet de compenser les apports trop pléthoriques du printemps et de l’automne.

Alors que si vous apportez en hiver suffisamment pour qu’il soit en bonne condition en début de printemps, il sera forcément rond en fin de printemps. Vous l’aidez à passer sans dommage le creux de l’été. Et le voilà gros à l’automne.

Le gros de l’automne nourri normalement l’hiver suivant arrivera gros au printemps où la bonne herbe lui fera franchir un degré de plus… Année après année, vous vous retrouverez avec un animal obèse… qu’il faudra mettre au régime ou voir en supporter les conséquences.

Donc pour gérer un cheval en alimentation conservée, il faut le comparer à ce qu’il était il y a un mois. Pour gérer un cheval au pâturage, il faut le comparer à ce qu’il était il y a un an.

Votre gestion est bonne, si année après année, vous le retrouvez dans le même état à la même époque.

Et pour le conserver longtemps en bonne santé, il faut accepter les bonnes saisons et les moins bonnes, les vaches grasses et les vaches maigres… le cycle de la vie.

Catherine Kaeffer

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Chevaux au pâturage. Techniques d'élevage (R) Tous droits réservéstech

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