Ulcères gastriques équins, parlons-en !
Tout le monde connait cette pathologie, et pourtant, elle fait de plus en plus de ravages dans nos cavaleries. Progrès de la médecine vétérinaire qui nous permet de mieux diagnostiquer ou évolution des conditions de vie ? Les deux peut-être ?
Les ulcères gastriques sont aussi variés en forme qu'en localisation. Bien sûr, un ulcère gastrique est avant tout situé dans l'estomac, mais où exactement ?
L'estomac du cheval est composé de deux zones bien délimitées : une zone glandulaire (avec une espèce de « moquette » composée de diverticules de muqueuses) et une zone lisse (dite souvent squameuse car elle ressemble à de la peau).
L'ulcère de notre cheval peut donc être dans la zone lisse, dans la zone glandulaire, entre les deux... il est même parfois dans l'oesophage ou au début de l'intestin et on l'appelle « gastrique » à force de simplification.
Cet ulcère est donc une érosion, qui peut aller jusqu'à la perforation, d'une zone de l'estomac.
Mais en fonction du lieu, la cause peut être tout à fait différente... en effet, la zone glandulaire ne réagit pas du tout comme la zone lisse.
On a donc des ulcères possibles avec une localisation variable qui donne une causalité variable.
Les symptômes sont aussi variables avec, la plupart du temps, des coliques répétées (signes visibles de douleur abdominale), un poil terne, une faiblesse et une sensibilité particulière aux affections. La mort est une issue possible en cas de rupture de l'estomac.
Et dans toute cette variation, un chiffre : 90 % des chevaux de course sont atteints d'ulcères.
Les préjugés vous dictent alors la réponse selon vos convictions : alimentation inadaptée, stress, vie au box...
Voyons d'autres chiffres, les ulcères touchent en moyenne :
60 % des chevaux d'endurance
25 à 50 % des poulains sans distinction de race
plus de 50 % des poulains pur-sang
15 à 20 % des chevaux au repos
Votre conviction tient toujours ?
Les ulcères ne sont pas liés à un facteur, mais à une multitude de facteurs. Des facteurs de risque, des prédispositions étayées ou plus hypothétiques, accompagnées de facteurs inconnus, sont la cause des ulcères.
Citons quelques facteurs connus à tort ou à raison.
La vie au box
Ce facteur est souvent cité et pourtant, il n'est un facteur que de façon indirecte. Ce sont les facteurs associés au box qui entraine l'ulcère et non le box lui-même. Il a même été constaté que les chevaux au pré ont plus d'ulcères que leurs homologues au box quand on prend garde aux autres facteurs.
Les granulés
Accusés des pires maux, les granulés ne sont pas non plus en cause de façon directe. Le problème ne vient pas des granulés mais de la façon dont on s'en sert. Cet aspect sera expliqué par la suite.
Le stress
Le stress lié au transport, aux manipulations, aux changement de milieux est connu pour favoriser les ulcères. Des conditions que l'on retrouve très souvent chez les chevaux de concours ou de courses qui changent beaucoup de lieu.
Les parasites
Les gastérophiles sont des parasites qui séjournent dans l'estomac et se fixent aux diverticules de la muqueuse glandulaire. Ils vont alors se nourrir du contenu digéré par le cheval. En partant, le parasite va laisser la place à une muqueuse à vif. Les parasites sont donc des facteurs favorisants voire créateurs d'ulcères.
Les médicaments
Le sujet est très vaste et les données éparses. Il faudra donc vérifier ce point au cas par cas.
La privation de nourriture
Les variations du bol alimentaire, et plus spécifiquement les moments de jeun, sont la cause la plus courante des ulcères. On peut donner de l'excellent foin, si le cheval vient régulièrement à en manquer, il sera susceptible de développer un ulcère.
C'est aussi pour cette raison que les granulés ne sont pas conseillés et que la vie au box est décriée. Il est fréquent que l'on observe des moments pléthoriques et des moments de jeun en box ou quand on donne des granulés. On a alors un effet « yo-yo » qui va bousculer l'estomac et favoriser les ulcères.
L'effort physique
Ce facteur est souvent méconnu et pourtant l'effort est une cause possible d'ulcère et l'aggrave quand il est présent. Si le cheval fait un effort, il dirige toute son énergie et son flux sanguin vers ses muscles... il va donc délaisser la muqueuse stomacale qui va se retrouver à « jeun ». Les cellules vont d'abord limiter leurs besoins mais si l'attente est trop longue, elles vont mourir. L'estomac perd ses couches internes, la muqueuse est à vif, l'ulcère peut débuter ou s'aggraver.
La génétique
Ce facteur est hypothétique mais la proportion de chevaux atteints dans certaines races laisse penser qu'il existe un facteur génétique dans certains ulcères, ce qui expliquerait leur proportion.
Résumons, le cheval le mieux protégé vis-à-vis des ulcères serait donc un cheval nourrit de façon adapté et raisonnée. Il aurait toujours quelque chose à sa disposition. Il serait régulièrement vermifugé, serait sédentaire, ne serait soigné que par des médicaments respectueux de son estomac. Il aurait aussi bien sûr la génétique de son côté et pratiquerait une pratique modérée des activités physiques.
Ce cheval « idéal » pourrait néanmoins développer un ulcère... même s'il aurait toutes ses chances de passer à côté.
Et le traitement ?
Pour traiter l'ulcère, il faut d'abord ôter toutes les causes puis entamer un traitement médicamenteux. En effet, la guérison spontanée est très rare en cas d'ulcères.
Le traitement sera symptomatique et devra être maintenu assez longtemps pour que la muqueuse soit complètement guérie et éviter les récidives.
Anne ANTA
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