Peut-on laisser l'accès aux glands quand ils ne sont plus toxiques pour le cheval ?
Techniques d'élevage a déjà consacré plusieurs articles aux glands : Tanins : de la gène nutritionnelle à l'intoxication et Les glands de chêne et les équidés. Mais lorsque les glands ont été lessivés, nombre de personnes considèrent qu'ils ne sont plus dangereux et laissent les chevaux les consommer. Quelles sont les conséquences de cette pratique ?
La toxicité des glands est fonction de leur teneur en tanin. Celle-ci est extrêmement variable d'une année sur l'autre et d'un arbre à l'autre. Effectivement, le fait d'avoir subi le gel et la pluie diminue la teneur en tanin ce qui la fait passer le plus souvent sous la barre de toxicité. Mais évidemment, ce qui compte c'est la quantité ingérée et donc le résultat de teneur en tanin x quantité de glands. Donc plus la quantité est élevée, plus le risque existe y compris en période "non toxique".
Cependant l'ingestion de glands reste une mauvaise idée en tous temps pour plusieurs raisons.
Le gland est un apport important en amidon (50 %) et en lipides (30 %). On va donc apporter de l'énergie et très peu de protéines. Cela va donc influer sur la ration de façon d'autant plus importante que la quantité ingérée monte et qu'on a un effet d'aubaine. Si le cheval peut en manger un jour puis après plus pendant 2 jours, c'est comme si on lui apportait une grosse quantité de céréales un jour puis après plus rien. Le risque dans ce cas est donc le risque classique lié à une ingestion importante et brusque d'amidon auquel le cheval n'est pas habitué.
A noter que même s'ils ne sont plus en dose toxique, les tanins demandent pour être métabolisés de la proline qui est un acide aminé. Donc ils sont un effet anti-nutritionnel par captation des protéines. Ils sont donc d'autant plus déconseillés qu'on a un régime pauvre en protéines, ou dans l'autre sens, un cheval qui a des besoins protéiques importants (croissance, reproduction).
Enfin, le souci est que le cheval va apprendre à manger les glands et va se mettre à les rechercher. Tant que les glands sont doux, on a une simple gène nutritionnelle. Mais une fois cette habitude prise, il le fera même quand ils seront amers et toxiques. Donc si un cheval n'a pas appris à les manger, le fait que l'herbe soit haute au moment de la glandée est une protection relative mais réelle. Alors qu'une fois que le cheval les recherche, il le fera même dans l'herbe haute. Donc si votre jument a appris que le gland c'est bon, elle aura plus de risques de s'intoxiquer si par hasard, un chène de la haie, suite à un coup de vent par exemple, perd ses glands de façon prématurée alors qu'ils ne sont pas encrore prêts et d'autant plus toxiques.
Le gland ancestralement était utilisé comme une source d'aliment pour engraisser les chevaux et pendant des années, cela peut tout à fait bien se passer. Et puis, on peut certaines années, pour des raisons météorologiques ou sanitaires au niveau des arbres, avoir toute une glandée très toxique et des troupeaux entiers qui décèdent. En Bretagne, où je réside, et où les haies sont en chênes, on a une hécatombe à peu près tous les 10 ans alors que les 9 années précédentes, tout s'est bien passé.
Catherine Kaeffer
Les éditions Alpha et Oméga créées par notre équipe de Techniques d'Elevage
éditent des ouvrages écrits par des experts reconnus du monde équin
destinés aux professionnels comme aux particuliers.
Découvrez Mon cheval est trop gros. Les conseils de ma nutritionniste
La prise de sang, un outil dans l'alimentation de votre cheval
réalisés par TE.
Pour commander une de nos publications, utilisez l’onglet "Commander un de nos produits" en haut de cette page ou connectez-vous sur notre boutique en ligne.
Vous souhaitez un conseil personnalisé : Demandez notre Bilan Urgence Alimentation
Techniques d'élevage,
la garantie de l'expertise, le choix de l'indépendance,
jusque dans votre poche !
MAJ février 2025